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1982 : la pilule abortive est mise au point en France

1982 : la pilule abortive est mise au point en France

La pilule abortive vient d'être commercialisée au Japon et a subi une pénurie en France : retour sur l'histoire de la pilule abortive.

Par Arnaud Fazilleau et la rédaction de l'INA - Publié le 07.06.2023

« Avec le RU486, les femmes ont la possibilité de la maîtrise d’enfants non désirés. » 1982, la pilule abortive RU-486 est mise au point en France par le professeur Étienne-Émile Beaulieu. Il expliquait alors à la télévision son fonctionnement : « On altère le fonctionnement de l'utérus. Il n'y a plus cette réaction qui permet la suite de la grossesse, donc on avorte. »

Cette pilule permettait aux femmes d’avorter sans recourir à la chirurgie, une expérience qui pouvait être traumatisante. Comme en témoignait une femme en 1978 : « On m'a attaché les mains, les pieds et le docteur est venu avec ses appareils. Alors, j'ai dit : "On ne m'endort pas ?" La sage-femme m'a répondu : "Non, on va vous faire une piqûre et ça va aller." (...) Ça n'a duré que 10 minutes, mais alors, quelle souffrance. »

Le professeur Beaulieu se défend d'avoir mis au point un recours « trop facile » à l'avortement. « Il y a le fait biologique, c'est-à-dire un être commençant qui arrête de se développer. Mais vous savez, la nature le fait. Savez-vous que 4/5 des êtres fécondés sont interrompus spontanément et que les règles viennent, et de temps en temps, toute femme le sait. (...) Ce que fait le RU 486, c'est au fond de mimer la nature, c'est-à-dire que la nature dispose comme nous disons, d'êtres qui ne se développeraient pas bien, mal formés par exemple. Avec le Ru 486, les femmes ont la possibilité de la maîtrise d'enfants non désirés. »

La commercialisation à partir de 1988

En 1988, la commercialisation du RU486 débutait. Elle fut stoppée au bout d’un mois sous la pression de certains groupes catholiques. Cardinal Albert Decourtray, archevêque de Lyon : « Nous disons clairement que le RU 486 représente une menace grave, malgré les fragiles barrières qui ont été élevées un nouveau seuil à la banalisation de l'avortement vient d'être franchi. »

L'avocate Gisèle Halimi, elle, défendait le droit des femmes à avoir le choix : « Le problème de l'interdiction de cette pilule est un problème qui est révélateur d'un état de notre société aujourd'hui, où l'Église dans sa hiérarchie cléricale entend faire la loi. Alors que, répétons-le, avortement ou pilule, aucune femme que ses convictions religieuses philosophiques, ou politiques empêcheraient de pratiquer ou d'utiliser la pilule, n'est contrainte de le faire. »

Un mois plus tard, coup de théâtre : la pilule était de nouveau commercialisée. Le ministre de la Santé Claude Évin s'en expliquait : « J'ai considéré qu'à partir du moment où ce progrès existait pour les femmes de notre pays. (...) À partir du moment où il y a un progrès, à partir du moment où on peut, par des moyens nouveaux, permettre qu'il y ait moins de souffrance, il était de ma responsabilité de le dire. »

Deux ans après son lancement, le RU286 représentait un tiers des interruptions de grossesse en France. Le RU486 ne fut autorisé qu’en 2000 aux États-Unis et bien plus tard en Irlande. Le combat des femmes à disposer de leur corps est toujours d’actualité et l'IVG reste interdite dans plus de vingt pays.

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