Le 18 octobre 1982, un reportage des Actualités régionales d'Ile-de-France interviewe Alain Chikli, gérant d'un des innombrables vidéoclubs qui essaiment alors la capitale : « Pour moi le vidéoclub c'est la boulangerie du coin. On y va en faisant ses courses avec son petit panier, le soir en rentrant du boulot, on passe pour se procurer une cassette. Le vidéoclub, c'est vraiment une boutique de quartier. »
Le système économique de ce nouveau commerce est alors partagé entre la location et la vente de films, à cette époque sur support K7. Alain Chikli dénonce les méthodes brutales des éditeurs de films : « Le racket des éditeurs consiste à nous faire acheter des packs de films, un dizaine de films par exemple pour avoir le droit d'acheter un film, le bon film ». Accusations que Jacques Souplet, éditeur et président du comité anti-piraterie, botte en touche, admettant seulement « quelques cas exceptionnels ».
La piraterie constitue alors 20% du marché en France, peu au regard du voisin britannique qui déplore 70% de contrefaçons. Elle se décompose en trois pratiques, « les laboratoires clandestins d'une part, rares en France, les colporteurs de cassettes qui proposent aux commerçants des copies, et les vidéoclubs qui fabriquent eux-mêmes les copies de films. » Avec pour résultat, déplore Alain Chikli, une véritable « anarchie » qui permet à « n'importe qui d'ouvrir un vidéoclub sans aucune expérience ».
Pour remédier à la saturation du marché, les professionnels proposeront à partir du 1er novembre 1982 une charte déontologique dans laquelle les vidéoclubs doivent renoncer, entre autres, au piratage.
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