Où en est-on de la contraception masculine ? Peu développée aujourd'hui, elle faisait l'objet d'expérimentations dans les années 1980. Pierre Colin était l'un des volontaires, il est l'un des premiers à avoir évoqué la question. C'était le 19 décembre 1980 dans l'émission «Passez donc me voir». Philippe Colin, cofondateur de l’ARDECOM, l'Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine, était l’invité de Philippe Bouvard qui lançait ainsi le débat : «Maintenant nous allons parler d’un sujet qui constitue en quelque sorte un sujet de société. C'est un phénomène relativement récent qui est lié à la fois à l'évolution des mœurs et à la recherche scientifique. C'est la pilule masculine.»
Avec d’autres membres de l’ARDECOM, Philippe Colin expérimentait une pilule pour homme. 41 ans plus tard, il revenait en 2021 sur ce moment de télévision au micro de Ludivine Lopez, journaliste à la rédaction de l'INA. «Quand on parlait de la contraception masculine, les gens étaient étonnés. D'abord, ce qui se disait : "Je n'ai jamais entendu parler de ça. Est-ce que ce n'est pas dangereux?" Donc, effectivement, on avait plutôt l'impression qu'on avait du chemin à parcourir pour dire non, c'est efficace.»
Cette contraception inquiétait aussi, à l'image de cette question posée par Philippe Bouvard ce jour-là : «C'est la même pilule que la pilule féminin ? Elle est hormonale ? Elle n'a pas d'effets secondaires ? Mais quelques contre-indications». A charge pour Philippe Colin de le rassurer : «Les contre-indications sont les mêmes que pour la pilule pour femmes, c'est-à-dire la circulation, le diabète, l'hypertension.»
Contraception masculine : un rejet ?
Philippe Colin revient sur la démarche de cette expérimentation qui résultait d'une réflexion des années 78-80 : «On avait le sentiment qu'on n'était pas du tout en phase avec notre non-désir d'enfant. On se déchargeait plutôt complètement sur le dos de nos compagnes, et qu'il était donc temps qu'on assume, comme on assumait pour le reste.»
Mais les pouvoirs publics n'étaient pas sur la même longueur d'onde, et Philippe Colin livrait alors son analyse du blocage : «L’attitude, en général, des pouvoirs publics, est de rejeter à très long terme la contraception masculine. Est-ce que c’est l’expression d’une résistance par rapport à une stérilisation des hommes ? Par rapport au pouvoir des hommes ? Sûrement.», concluait-il alors.
Avec son association, Pierre Colin appelle à une meilleure communication autour de la contraception masculine, il regrette d'ailleurs le désintérêt masculin sur cette question : «Je crois qu'actuellement, la contraception reste toujours l'affaire des femmes. Il faut que les mecs s'y mettent. On fait tout pour.»
Aujourd’hui, la pilule masculine fait toujours l’objet d’essais cliniques, 50 ans après les premières expérimentations. Le journal Libération a appelé mardi 23 août 2022 à son développement, arguant «d'intérêt croissant et un enjeu d'égalité flagrant».
Le professeur Netter sur la contraception masculine et la vasectomie
1973 - 04:21 - vidéo
Lorsqu'il était question de la vasectomie comme méthode contraceptive, en 1973, dans "Aujourd'hui madame" avec le professeur Netter sur la conception latine de la virilité s'accommode mal de la vasectomie : "Donner à des hommes… quelque chose en leur disant ça va supprimer votre fonction spermato-génétique enfin ça va vous empêcher d’avoir des enfants, ils vont comprendre que ça va les rendre impuissants. Et je crois que c’est ça qui a empêché le développement de la pilule masculine.