Un an après l'affaire des pizzas contaminées, Nestlé a annoncé le 30 mars la fermeture définitive de l'usine Buitoni de Caudry (Nord), mise en cause dans le scandale. Le site, actif depuis 1982, est au coeur du scandale pour avoir produit les pizzas surgelées à pâte crue de la gamme Fraîch'Up, qui pourraient avoir provoqué la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres par la bactérie Escherichia coli.
Pourtant l'usine a longtemps été présentée comme le fleuron de l'agro-alimentaire et a été l'une des premières à permettre la relocalisation d'un pan de la production alimentaire en Europe. L'archive en tête d'article date de 1980. À l'époque, le ministre de l'Économie, René Monory, était venu poser la première pierre « symbolique » de la future usine qui devait employer à terme 150 personnes. Ultra-moderne et spécialisée dans le surgelé, elle devait fabriquer des pizzas et des raviolis.
Cette implantation était aussi ce que l'on appellerait plus tard une relocalisation. À une époque où la mondialisation se déployait, le ministre souhaitait souligner l'intérêt de ce type d'initiative qu'il espérait voir se développer. La région du Cambraisis avait été choisie par le groupe italien pour alimenter la région parisienne, le Benelux, l'Allemagne et l'Angleterre. Une position stratégique en Europe, à proximité des produits nécessaires à la fabrication des pizzas : les céréales, produits laitiers, légumes et viandes.
Du local et du qualitatif
Interviewé sur l'implantation de ce projet dans le Nord, le ministre soulignait aussi l'importance de valoriser les produits agricoles locaux pour que l'industrie agro-alimentaire ne dépende plus essentiellement de l'étranger en matière d'énergie : « Vous savez que nous sommes de plus en plus contraints par l'extérieur pour des importations en matière d'énergie. Notre chance c'est d'avoir une agriculture la plus importante du monde par rapport à notre surface. On a beaucoup de terres cultivables, mais peut-être que leur valorisation n'est pas suffisante. Le revenu brut à l'hectare pourrait être amélioré », précisait-il.
L'agro-alimentaire représentait à ses yeux une chance pour la France de développer ses exportations. Un discours véritablement avant-gardiste pour l'époque.
Deux ans plus tard, l'usine sortait enfin de terre. Implantée sur 6500 m² dans la zone industrielle de Caudry, elle entrait en activité en mai 1982. L'archive ci-dessous dévoile ses locaux flambant-neufs et ses chaînes de production modernes. 20 employées travaillaient alors à la confection des pizzas surgelées. « 200 kilos de pâte peuvent être pétris en 20 minutes » précisait le commentaire.
Embauche à l'usine Buitoni de Caudry
1982 - 00:47 - vidéo