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1979 : des tribunaux à la « limite de l'asphyxie »

1979 : des tribunaux à la « limite de l'asphyxie »

Mercredi 15 décembre, magistrats, avocats et greffiers se rassemblent devant les tribunaux pour dénoncer les difficultés dans l'exercice de leur fonction. En 1979, un magistrat rémois dénonçait déjà le manque de moyens de l'institution judiciaire.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 14.12.2021
 

Mercredi 15 décembre, magistrats, avocats et greffiers se rassemblent devant les tribunaux pour réclamer des moyens « dignes » pour la justice, trois semaines après une tribune criant souffrance au travail et perte de sens.

Intitulée « Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout », la tribune écrite par neuf jeunes magistrats était publiée dans les pages du quotidien Le Monde le 23 novembre, après le suicide d’une collègue magistrate, fin août. Dans ce texte transparaissent les souffrances de magistrats à bout : « Nous sommes finalement confrontés à un dilemme intenable : juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables. »

Malaise

Institution d’habitude en retrait des revendications sociales, dont le droit de grève n’est pas reconnu, la magistrature évoque rarement ses difficultés. L’une des plus anciennes archives de l’INA montrant le malaise chez les juges date de 1979.

A l’époque, au tribunal de Reims, un magistrat dénonce « l’augmentation considérable des procédures judiciaires », rendant le travail dans les tribunaux « à la limite de l’asphyxie ». En conséquence, explique le magistrat, c’est tout le travail des juges qui est bouleversé : « On arrive à peine à garantir les règles minimum de procédure, c’est-à-dire que l’on ne peut absolument pas remplir notre rôle constitutionnel de garant des libertés. On ne peut pas aller rendre visite aux hôpitaux psychiatriques, on ne peut pas aller dans les prisons, on ne peut pas contrôler les tribunaux de commerce, on ne peut pas contrôler les gardes à vue dans les commissariats de police, on ne peut pas répondre aux procédures qui arrivent. »

Dans le même sens que la dénonciation d’un manque de moyen, le reportage constatait « qu’au [XIXe siècle], et pour vingt millions d’habitants en moins, la France comptait 6000 magistrats, un millier de plus [qu’en 1979] ». Autre statistique montrant l’inflation des dossiers à traiter : « En 1960 le parquet de Reims traitait 5000 affaires. En 1978, il en traitait 18400, et 6000 affaires de chèques ».

Ce mercredi 15 décembre, les organisateurs appellent à des renvois massifs d'audiences « pour montrer [leur] détermination commune à obtenir enfin les moyens propres à ce que la justice soit rendue dignement ». Ils invitent, aux côtés des représentants des avocats et des fonctionnaires de greffe, à des rassemblements devant les palais de justice du pays. A Paris, le rassemblement aura lieu à midi devant le ministère de l'Economie et des Finances.

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