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1972 : tentative d'analyse de l'espérance de vie en France

1972 : tentative d'analyse de l'espérance de vie en France

Pour la première fois depuis 70 ans, l'espérance de vie a baissé en France… En cause, la pandémie de Covid-19. Vivre plus vieux, voilà ce que cet expert promettait au Français, ou plutôt aux Françaises, au début des années 70. 


Par la rédaction de l'INA - Publié le 30.03.2021 - Mis à jour le 30.03.2021
Longévité hommes femmes - 1972 - 03:24 - vidéo
 

Dans deux publications datées du lundi 29 mars 2021, l'Insee précise que l'espérance de vie a reculé de six mois pour les femmes (85,1 ans) par rapport à 2019, et de 7,2 mois (79,1 ans) pour les hommes. Un choc, puisque depuis l'après-guerre, elle n'avait cessé de progresser. 

Selon cette étude, "en 2020, 669 000 personnes sont décédées en France ; c’est 56 000 de plus qu’en 2019, soit une hausse de 9,1 % […] L’épidémie de Covid-19 a eu un impact fort sur la mortalité lors de la première vague, en mars et avril, puis lors de la deuxième vague, à partir d’octobre. Le nombre de décès associés à la première vague de l’épidémie est évalué entre 25 000 et 30 000, malgré le confinement et les consignes sanitaires".

Mais l'âge moyen reste toujours bien supérieur à ce qu'il était en 1972. À l'époque, selon une autre étude de l'Insee, l'espérance de vie des femmes était de 75 ans et demie alors que celle des hommes, l'une des plus basses dans le monde, était de 68 ans.

"Ce sexe est beaucoup moins faible qu'on veut bien le dire !"

Le 23 novembre 1972, dans le JT de TF1, Paul Paillat de l'Institut National d'Etudes démographiques précise que "depuis moins d'un siècle, la vie moyenne des hommes et des femmes a gagné trente ans !". À la Révolution française par exemple, l'espérance de vie était en moyenne de 27-28 ans. Le spécialise souligne que c'est en France que l'on enregistrait sur le dernier siècle la plus grande différence de longueur moyenne de vie entre les femmes et les hommes, "proche de huit ans". En parlant du capital-vie des femmes, il plaisante : "Ce sexe est beaucoup moins faible qu'on veut bien le dire !". Ce phénomène, il l'impute aux "meilleures conditions de vie des femmes que des hommes" mais aussi de l'abaissement de la mortalité liée aux accouchements. Selon lui, les femmes - encore majoritairement à la maison - étaient aussi moins sujettes "aux maladies professionnelles et aux accidents professionnels".

Selon lui les causes de la surmortalité des hommes est ailleurs, d'abord dans les accidents routiers, "particulièrement meurtriers pour les hommes jeunes". Mais selon lui, le critère majeur de surmortalité masculine reste : "La consommation excessive d'alcool par l'intermédiaire du vin. Cette consommation se rappelle au bon souvenir des hommes à la fin de leur vie", plaisante-t-il avec un  regard entendu. Pour cet analyste, il y a peu de chances que la longévité des hommes ne progresse d'avantage, il estime qu'"il faudrait un recul très important dans le domaine économique et social […] et ça je ne le crois pas, ou alors il y aurait une catastrophe".

Des propos qui semblent inquiéter le journaliste : "c'est à se demander si, dans dix ans, le pays ne va pas être peuplé de femmes seules avec quelques enfants. Disons, de veuves et d'orphelins. Alors, c'est un petit peu inquiétant non ? "

Espoir

Paul Paillat se veut alors rassurant : "non, il n'y a pas de panique. De toute façon, ça fait un moment que la population française est peuplée de veuves ! A l'heure actuelle, à partir de 70 ans, nous avons deux veuves pour un homme ! Je ne vois pas pourquoi ça s'aggraverait. C'est déjà suffisamment grave comme ça ! On peut tout de même espérer que les nouvelles générations, dans la mesure où elles ne suivent pas nos mauvaise habitudes, combleront dans le bon sens l'écart qui s'observe actuellement entre l'espérance de vie des deux sexes".

Pour 2020, selon l'Insee, la mortalité a eu un impact sur les deux sexes et la pandémie a fait perdre 0,5 an d’espérance de vie aux femmes et 0,6 an aux hommes. L'étude précise tout de même que "au 1ᵉʳ janvier 2021, plus d’une personne sur cinq (20,7 %) en France a 65 ans ou plus. Cette part augmente depuis plus de trente ans et le vieillissement de la population s’accélère depuis le milieu des années 2010, avec l’arrivée à ces âges des premières générations nombreuses nées après-guerre". 

Pour aller plus loin :

JT TF1 de 20H : la longévité en 1976. Point sur l'espérance de vie chez les Français. "Pour vivre vieux, il faut vivre à l'abri des agressions". Voici les 10 commandements de la longévité. Les femmes ont une plus grande longévité puisqu'elles atteignent en moyenne 76 ans. L'hygiène de vie est un facteur important. Il y a à l'époque 1500 centenaires, dont seulement 200 hommes. (13 novembre 1975) 

Aujourd'hui madame : interview de Robert Debré. Interviewé chez lui, le professeur Robert Debré, âgé de 94 ans, livre ses réflexions sur sa longévité, la vieillesse et la perspective de la mort. Son conseil "être vieux sans se plaindre et continuer l'effort et garder jusqu'au bout les passions de sa jeunesse". "Il faut continuer jusqu'au bout comme si on était éternel". [robert Debré est décédé en avril 1978). (21 juin 1976)

Aujourd'hui madame : le docteur Aguino sur l'espérance de vie qu'il estime arrivée à un plateau, notamment à cause de l'alcoolisme, du stress et des conditions écologiques. (21 juin 1976)

JT Limousin : la longévité dans le Limousin. Les centenaires sont un phénomène qui devient de moins en moins rare (3000 à l'époque). Il y avait alors 150 centenaires en Limousin dont 55 en Haute-Vienne. (24 octobre 1990)

Florence Dartois


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