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1971 : le discours du trône, symbole de la monarchie parlementaire britannique

1971 : le discours du trône, symbole de la monarchie parlementaire britannique

Mardi 10 mai, le prince Charles a prononcé le traditionnel discours du trône pour l'ouverture du Parlement. C'est la première fois depuis 1963 que la reine Elizabeth II, âgée de 96 ans, a manqué ce rendez-vous essentiel de la vie politique britannique. Une cérémonie qui, tout en étalant le faste de la monarchie, révèle la prééminence du Parlement britannique.

Par Cyrille Beyer - Publié le 10.05.2022
La cérémonie du discours du trône - 1971 - 03:27 - vidéo
 

En raison de « problèmes de mobilité », la reine Elizabeth II a laissé son fils Charles, prince de Galles, prononcer en son nom le discours du trône, mardi 10 mai. C'est la première fois depuis 1963 que la monarque, sur le trône depuis 1952, manquait ce rendez-vous essentiel de la démocratie britannique. Avant 1963, la jeune reine avait également manqué le discours de 1959. Deux exceptions expliquées par les grossesses de ses enfants Andrew et Edward.

Le discours du trône se tient chaque année, au printemps ou après le renouvellement de la Chambre, dans l'imposante chambre des Lords du Parlement de Westminster. Cette cérémonie, strictement codifiée et qui peut surprendre par ses règles surannées, marque l'ouverture du Parlement. La reine y lit le texte écrit pour l'occasion par son Premier ministre, un texte qui contient les grandes lignes du programme parlementaire de l'exercice qui s'ouvre. Cérémonie dont les premières traces remontent au XVIe siècle, codifiée en 1852 sous le règne de Victoria, le discours du trône est une pièce maîtresse de la monarchie parlementaire britannique. Elle montre tout le faste et la splendeur qui entourent l'institution monarchique, tout en étant éminemment politique, en marquant la prééminence du Parlement, dont le Premier ministre, et son gouvernement, sont la directe émanation.

Toute une mise en scène

Nous avons retrouvé une archive, placée en tête d'article, qui donne à voir les instants qui précèdent le discours du trône de l'année 1971. La reine Elizabeth II, alors âgée de 45 ans, se rend, comme le veut la tradition, de son palais de Buckingham à Westminster, en carrosse. La suite, c'est le journaliste Jean-François Chauvel qui la raconte, sur de somptueuses images rouge et or de l'intérieur du palais de Westminster : « L’huissier à la verge noire, dont l’unique fonction consiste à conduire la souveraine, une fois par an, au trône qui lui est réservé à la Chambre des Lords, accueille la reine à son arrivée. Elle entre, précédée par le comte maréchal, champion héréditaire de la couronne, et le grand chambellan, tous deux marchant à reculons, l’épée au clair. Elizabeth a coiffé pour la cérémonie la couronne où brille le fameux Koh-i Nor, enlevé au trésor des Moghols lors de la conquête des Indes. »

La reine prend place sur son trône. Dans cette immense salle où siègent devant elle « les 960 seigneurs héréditaires du Royaume », la souveraine s'apprête à lire le discours « préparé par son Premier ministre, et présenté à genoux par le Lord chancelier, président de la Chambre des Lords. »

Paradoxe britannique

La scénographie de la cérémonie prend ici toute son importance, et comme le dit Jean-François Chauvel en introduction de son reportage, « par un de ces paradoxes que les Britanniques semblent amoureusement cultiver dans leurs îles, moins leur souverain a de pouvoir, et plus grand semble le prestige attaché à la couronne. » Il est en effet saisissant de voir la différence de traitement entre la monarque, d'une part, assise sur son trône, ceinte de sa couronne et présidant l'immense assemblée réunie en son nom, et « le chef du gouvernement, flanqué du chef de l’opposition et des députés, invités en voisins, [qui] assiste debout au fond de la salle à la lecture du texte qu’il a écrit pour fixer les orientations de son gouvernement. »

En ce 10 mai 2022, le discours du trône a non seulement été prononcé pour la première fois par le prince Charles, assis sur un plus petit trône que celui de la reine, la couronne étant posée sur un coussin à côté de lui, mais c'est aussi la première fois que le prince William, fils de Charles et petit-fils de la reine, était présent à l'avant-scène de la cérémonie, assis à quelques mètres de son père, et de sa belle-mère Camilla Shand, duchesse de Cornouailles.

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