Cette mobilisation, va concerner 4 734 250 Français. Les soldats mobilisés représentent 11,4 % de la population française et 40 % de la population active masculine. Elle se poursuivra jusqu’au milieu de l’année 1940.
Colette observe cette mobilisation avec ses yeux d'écrivain et décrit avec une certaine poésie l'atmosphère qui règne en ce début de mois de septembre 1939.
"Septembre 1939 montre qu'en France tout peut se concilier. A côté de la mobilisation à laquelle nous avons assisté avec respect et que j'appelle une mobilisation huilée, tant elle fut aisée. A côté de cet admirable mouvement militaire, nous voyons, nous, qui sommes les aînés, le spectacle étonnant de la vie quotidienne."
Elle évoque le souvenir de 1914, où régnait une ferveur, un lyrisme : "des départs sous les fleurs et les cris. Une incessante Marseillaise qui ne s'éteignait ici que pour s'embraser là… la magnifique conviction que la victoire était là, à trois semaines de nous."
A l'époque, à Paris, les habitants mettaient tout en commun : "les repas collectifs, les achats remis aux soins d'une seule personne, la jeune fille chauffeur à laquelle un groupe de civils confiait une vieille voiture. Tout cela exista entre 1914 et 1918 mais dans un certain désordre. Ce que j'appellerai une bohème de guerre dont je vois bien que nous sommes aujourd'hui très loin."
"Devant une jeunesse si gravement avertie, nous les aînés, nous n'avons guère qu'à nous taire et à espérer d'elle les exemples et les plus beaux enseignements."
En 1939, l'exubérance d'autrefois est remplacée par : "l'extraordinaire contention qui marque les visages jeunes. Ce Paris prudent et discipliné a remplacé les excès d'enfants qu'il avait gardés en 1914. Les jeunes mères allégées ont gagné, à la séparation, une sécurité de pensée et la liberté de travailler…. Dans Paris tant aimée, la cérébrale… "la jeunesse de Paris, et je n'ai pas vu cela en 1914, exprime une sorte de préscience. Ces jeunes gens et jeunes filles au masque à gaz en bandoulière. Ces fiancés qui se quittent sans longues étreintes, ni pleurs publics. Ces mères qui éloignent leurs petits avec un sourire et un geste de la main. Ils ont tous l'air de savoir ce qu'ils font, où ils vont. De connaitre en même temps le chemin et le but. Leur réserve est extrême et ne comporte aucune hésitation. C'est cette pudeur que 1914 n'a pas connu. C'est là que réside la profonde différence. A les regarder, j'en convins, que devant une jeunesse si gravement avertie, nous les aînés, nous n'avons guère qu'à nous taire et à espérer d'elle les exemples et les plus beaux enseignements."
Pour aller plus loin
Départ des mobilisés à la gare de l'Est (1939, image muette)
Document muet sur la mobilisation en 1939, Fernandel est mobilisé.
Un film amateur sur la mobilisation à Laval en 1939 a été retrouvé par un brocanteur, Michel Cognon, qui en a fait don à la ville. Le film a été tourné tout au long du mois de septembre 1939, à partir du 2e jour de la mobilisation. Il comprend des scènes de la vie lavalloise, la traversée de la ville par des anglais et l'arrivée de réfugiés de l'Aisne. Des témoins de l'époque évoquent leurs souvenirs après le visionnage du film. (19/20 JT soir Pays de la Loire, 9 décembre 2009)
Florence Dartois