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12 juillet 2013 : la catastrophe ferroviaire de Brétigny

12 juillet 2013 : la catastrophe ferroviaire de Brétigny

Ce lundi 25 avril s'est ouvert devant le tribunal correctionnel d'Evry le procès de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, qui avait causé la mort de 7 personnes lorsque le Paris-Limoges avait déraillé dans la gare de cette ville d'Essonne. Retour sur les faits, et sur la longue enquête qui s'en est suivie. 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.04.2022
 

Le procès de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge s’est ouvert ce lundi 25 avril devant le tribunal correctionnel d’Evry. Le 12 juillet 2013, à 17h14, le train reliant Paris à Limoges déraillait en traversant à vive allure (137km/h, en dessous néanmoins de la vitesse maximum autorisée à 150km/h) la gare de cette ville de l'Essonne. En tête d'article, nous mettons en avant l'un des tout premiers sujets du journal télévisé consacré à cette catastrophe, qui a fait 7 mort et plusieurs centaines de blessés, passagers du train comme usagers de la SNCF se trouvant sur les quais au moment du drame. Dans ce reportage du 12 juillet, diffusé au JT de 20h, France 2 présente les premières images vues du ciel de l'accident. Images impressionnantes, qui donnent à voir « les 6 wagons qui se sont disloqués ». Le journaliste Laurent Delahousse donne la parole à Nicolas Bertrand envoyé à Brétigny. Ce dernier témoigne de l'arrivée massive des secours ; des blessés sont notamment « évacués par hélicoptère ». Les forces de l'ordre et de secours, omniprésentes, donnent l'aspect d'une ville « en état de siège ».

Brétigny : le temps de l'enquête
2013 - 02:05 - vidéo

Dès le 14 juillet, une thèse principale est avancée pour expliquer le déraillement du train : celle d'une éclisse défectueuse. Le journal télévisé de France 2 montre les photos fournies par la SNCF, avec ce commentaire : « On y voit une pièce en acier appelée éclisse bloquée au coeur de l'aiguillage. C'est elle qui aurait provoqué le déraillement du train. Sur un autre cliché, on distingue la même éclisse tordue par le choc. Et juste à côté, une deuxième sans boulons. Ces photos ont été rendues publiques aujourd'hui et commentées par la SNCF. Le train Paris-Limoges aurait déraillé au contact de cette éclisse à l'approche de la gare de Brétigny. »

Ce sont en fait trois enquêtes qui vont être diligentées, nous explique 20 minutes : « une interne à la SNCF et à Réseau ferré de France (RFF), une du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), rattaché au ministère des Transports, et une, judiciaire, ouverte par le parquet d’Evry. »

Le 21 janvier 2016, un reportage de France 3 informe sur l'établissement d'un nouveau rapport « mettant en avant les failles de la maintenance des voies ». Selon France 3, les experts estiment en outre que « la surveillance était insuffisante ». Alors qu'un rapport de 2014 avait établi que « lors de leur tournée d’inspection, les agents de la SNCF [n'avaient] pas détecté que la pièce était fissurée, et que des boulons s’étaient cassés, ou dévissés », ce nouveau rapport dévoilé par France 3 « va plus loin encore » : « la veille de l’accident, un bilan technique a été réalisé sur la voie concernée, avec l’observation suivante : "de gros soucis à Brétigny. Il est nécessaire que le directeur d’unité intervienne afin de redresser la barre" » Le reportage donne alors la parole à la défense des familles de victimes, pour qui ce nouveau rapport constitue un « nouvel élément accablant ». Pour Maître Gérard Chemla, avocat de l’association Entraide et défense des victimes de l’accident de Brétigny, « tout le monde le savait. La preuve que tout le monde le savait, c’est que au Comité central d’entreprise, les délégués du personnel vont, la veille de l’accident, tirer la sonnette d’alarme en disant : "on a un problème sur cette question de fissuration et de mauvais état de la traversée, il faut d’urgence à Bretigny qu’on s’en occupe" ».

Le 13 juin 2020, le journal télévisé de France 3 annonçait la tenue prochaine d'un procès [celui qui s'est ouvert finalement ce lundi 25 avril 2022]. La SNCF et un cheminot sont « renvoyés devant le tribunal correctionnel pour homicide et blessures involontaires ».

Si pour Thierry Gomes, Président de l’association Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Brétigny, témoigne au micro de France 3 de sa « grande satisfaction », après une « attente de 7 ans », pour Maître Xavier-Phillipe Gruwez, avocat des victimes, le renvoi en correctionnelle n'est « pas suffisant » : « C’est dans un certain sens une déception puisque ça sera un petit procès pour un petit bonnet, puisque au lieu de renvoyer l’affaire devant une cour d’assises qui aurait été compétente pour juger ce genre d’actes de sabotage, on renvoie les parties devant le tribunal correctionnel, tout simplement. »

Selon France 3, le tribunal devra donc dire si « des fautes ont été commises par inaction ou par choix économique ». Pour le syndicat SUD RAIL, « le dernier cheminot en charge de l’inspection des voies au moment du déraillement ne peut [...] pas être tenu pour responsable. » En effet, pour Eric Meyer, secrétaire général SUD RAIL, la source de l'accident est plutôt à chercher du côté du « manque d'investissement de la SNCF » : « On pense qu’on a été chercher le bouc émissaire dans cette affaire-là, alors que toute l’instruction a montré que c’est vraiment une politique de maintenance au plus haut niveau qui a été défaillante. »

Le procès, instruit par le tribunal d'Evry, doit se tenir jusqu'au 17 juin.

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