Le 12 août 1999, en réactions à des sanctions commerciales américaines prises à l'encontre de plusieurs produits français, dont le Roquefort, des paysans menés par José Bové, démantèlent le McDonald's de Millau, symbole de l'impérialisme économique américain.
Le restaurant McDonald's est alors en construction à Millau dans l'Aveyron, une dizaine de producteurs, notamment de lait de brebis, saccagent le chantier. Les manifestants proches de la confédération paysanne entendent ainsi protester contre la législation américaine qui impose 100% de droits de douane sur le fromage de Roquefort. Une rétorsion douanière qui a fait suite à l'interdiction européenne d'importer du bœuf aux hormones américain.
Au mégaphone, José Bové explique que "si on attaque aujourd'hui un McDo, c'est parce qu'il est le symbole de ces multinationales qui veulent nous faire bouffer de la merde et qui veulent faire crever les paysans."
Les manifestants auraient détruits 50% du chantier sans que les forces de l'ordre n'interviennent. Ils ont emporté symboliquement des matériaux du chantier en attendant la levée des sanctions américaines.
Marc Dehani, franchisé McDonald's Millau déplore les faits : "Aujourd'hui, moi, les problèmes communautaires et internationaux du commerce, ça me dépasse complètement. Moi je suis un chef d'entreprise locale qui doit recruter 35 personnes…" Il est interrompu par José Bové qui lui signale qu'il "ne fait travailler aucune entreprise locale pour construire son McDo !" Marc Dehani rétorque : "Allez voir le panneau" et José Bové réplique : "Ben, justement, tout le monde a vu le panneau !"
Quelques jours plus tard, le 19 août, un mandat d'arrêt est lancé contre cinq paysans aveyronnais, dont José Bové, qui se rend volontairement à la justice : "J'ai l'impression que la lutte que nous menons contre la mondialisation et pour le droit des peuples à se nourrir comme ils l'entendent est un combat juste et donc c'est un combat que nous continuons. Aller en prison, ça me fait peur mais je suis prêt à l'accepter et ma famille aussi." Des soutiens, aussi bien politiques que syndicaux se mettent en place.
Le 2 septembre, José Bové "l'incorruptible" refuse de payer sa caution pour sa libération de prison, décidée par la chambre d'accusation de la Cour d'appel de Montpellier, pour des raisons d'indépendance syndicale.
Après vingt jours d'incarcération, le leader de la confédération paysanne accepte finalement le paiement de sa caution par son comité de soutien et sort de de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone le 7 septembre 1999, sous les acclamations. Toujours aussi déterminé, il affirme sa satisfaction de s'être battu : "pour une cause juste... je suis allé en prison pour cela. Le combat s'est élargi. Aujourd'hui nous avons les moyens de remettre en cause le fonctionnement de l'Organisation Mondiale du Commerce, c'est à cela que nous nous attelons." Plus tard, de retour chez lui après trois semaines d'incarcération, il réaffirme sa volonté de lutter : "Personne n'a envie d'aller en prison de gaieté de cœur, mais bon, si on doit en passer par là, ben, c'est quelque chose que j'assumerai à nouveau et c'est pas le fait d'y être passé qui m’empêchera de mener des actions."
Le 13 septembre 2000, le verdict du procès, trois mois de prison ferme pour José Bové, est pris pour une provocation par les Verts, la Gauche se dit indignée par cette décision de justice. José Bové et ses huit compagnons décident de faire appel.
Le 6 février 2002, bien que le McDonald's Millau ait depuis longtemps retiré sa plainte, la cour de Cassation de Millau tranche : José Bové est bien condamné à trois mois de prison ferme dans l'affaire de la destruction du MacDonald's de Millau. Le militant l'apprend dans la rue devant le tribunal où il a fait construire une cage en bois pour attendre le verdict. Jean-Emile Sanchez de la confédération paysanne de l'Aveyron pense que la justice est de plus en plus au service d'un pouvoir politique et "qu'il faudra un jour faire le procès de cette justice qui, par ses décisions, montre bien qu'elle est de plus en plus au service d'un pouvoir économique et politique."
Le 19 juin 2002, José Bové arrive à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone où il doit purger sa peine. Le leader de la Confédération Paysanne a quitté sa ferme de Potensac dans l'Aveyron accompagné d'un cortège de tracteurs conduits par des amis, venus le soutenir jusque dans l'Hérault.
Le tribunal de Montpellier l'avait condamné à de la prison ferme. La peine a été confirmée en appel et en cassation.Tout le long du parcours il y a des manifestations de soutien mais aussi des CRS : " Ça fait chaud au coeur" déclare Bové, "on a pas l'impression de faire une marche pour une condamnation. On le vit comme une façon de continuer le combat. On nous impose cela. C'est comme cela ça fait partie du combat. Ceux qui nous mettent en prison, ce sont eux qui ont fait l'erreur" . Un militant témoigne : "On assiste aujourd'hui à quelques chose de totalement hallucinant. On met en prison un syndicaliste pour une action syndicale !"
Arrivés devant la prison, Bové et neuf de ses camarades condamnés eux aussi s’enchaînent, les forces de l'ordre interviennent : "C'est pas la répression qui nous arrêtera, les lignes blanches dans une démocratie comme la France, il faut savoir les franchir et on est prêts à les passer" déclare Jean-Paul Scoquart, militant de la Confédération.
Pour aller plus loin
Bar à vin José Bové à New York. Un restaurateur new-yorkais a baptisé son établissement "José Bové wine bar". (JT de 20h00, 17 octobre 1999)
Le forum de Davos, où se réunit comme chaque année l'élite économique et politique, a été marqué par la présence de la figure emblématique de l'opposition à la mondialisation, José Bové. Lui et ses compagnons, étaient bien décidés à jouer les trouble-fête. Ils ont finalement réussi à gagner la station suisse après avoir été cantonnés pendant plusieurs heures à la frontière. Sous la neige : manifestation musclée de quelques centaines de militants qui n'ont pourtant pas réussi à perturber le déroulement du forum. Deux personnes ont été arrêtées au cours de ces manifestations. (JT de 20h00, 29 janvier 2000)
Plus de documents sur José Bové
Florence Dartois
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