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René de Obaldia : « Pour devenir centenaire, il faut commencer très jeune »

René de Obaldia : « Pour devenir centenaire, il faut commencer très jeune »

Le dramaturge René de Obaldia est décédé à l'âge de 103 ans. Romancier, poète et même compositeur de chansons, ce fringuant centenaire était un amoureux de la vie. En 2017, l'académicien se confiait à Catherine Ceylac dans l'émission «Thé ou café ». Une véritable cure de jouvence.

 

Par Florence Dartois - Publié le 18.10.2018 - Mis à jour le 27.01.2022
René de Obaldia chez lui - 2017 - 03:27 - vidéo
 

L'écrivain et académicien René de Obaldia est mort à l'âge de 103, le 27 janvier 2022. Il gardait sa vivacité d'esprit et aimait philosopher sur la vie. René de Obaldia était né le 22 octobre 1918 à Hong Kong. Picard par sa mère, il était également panaméen par son père qu'il n'avait pas connu. En mai 2017, le dramaturge était reçu dans l'émission « Thé ou café » pour évoquer sa longue vie passionnante, sa carrière et son oeuvre. A 98 ans, il faisait toujours preuve d'une espièglerie incroyable. Voici quelques moments choisis de cette émission.

Pour commencer, en tête d'article, René de Obaldia recevait les caméras chez lui, dans un appartement niché dans le ciel, situé non loin de l'église de la Trinité à Paris. Il dévoilait son caractère où se mêlait profondeur et cabotinage, dans un joyeux bazar organisé :
« Donc vous ne rangez pas ? Non, je dérange [rires]. » La description de son intérieur et de ses livres était l'occasion pour lui de dire combien il trouvait la littérature actuelle nombriliste. Il décrivait ensuite ses journées : écriture, lecture, méditation, mais d'ajouter mutin : « Je bois et je fume encore. »

"Avec l'émergence de la vieillesse d'anciens souvenirs resurgissent."

De sa famille panaméenne très célèbre, il évoquait son arrière grand-oncle, qui fut le premier Président de la République du Panama. L'écrivain se souvenait avec amour de sa grand-mère Honorine, une femme très pieuse qui l'avait éveillé au mysticisme. Avec des étoiles dans les yeux, il évoquait aussi sa cousine Simone Roussel alias Michèle Morgan.

René de Obaldia et ses origines
2017 - 06:32 - vidéo

Il évoquait aussi ses souvenirs de guerre. En 1940, il avait été emprisonné par les nazis et interné quatre ans ½ dans un stalag en Pologne. Il en été sorti très affaibli pesant à peine 53 kilos. A sa sortie, il ne croyait pas que les camps d'extermination avaient existé : « Je n'étais pas le seul… et puis je suis allé au Lutetia [l'hôtel qui accueillait les déportés à leur retour en France] où j'ai vu des morts-vivants. C'est une des choses les plus abominables de notre temps. » Il donne son opinion sur le sens du mot "humanité". Il conclut en expliquant que c'est l'humour qui l'a aidé à traverser cette période sombre.

« L'homme c'est le meilleur et le pire. C'est Adolf Hitler et c'est Saint François d'Assise »

Dans l'extrait ci-dessous, l'homme de lettres évoquait sa fantaisie, son amour de la littérature, son unique carburant. « Pour devenir centenaire, il faut commencer très jeune », son exceptionnelle vivacité intellectuelle, il la qualifiait alors de « grâce ». Il avait toujours ressenti une envie permanente d'apprendre, de lire et de relire, d'échanger avec les autres.

« J'ai eu de la chance puisque j'ai obéi à ma vocation qui était d'écrire »

René de Obaldia tentait également d'expliquer d'où lui venait la liberté de son écriture théâtrale. Il affirmait ne pas être responsable de ce qu'il était. Il évoquait ensuite ses rapports avec les comédiens tels Michel Bouquet, Rosy Varte (dont il a fait l'éloge funèbre) et Jean Rochefort.

Dans une société très complexe et mondiale, la montée des extrémismes lui semblait dangereuse : « On m'aurait dit à ce moment-là [après-guerre ] qu'on allait de nouveau retrouver des guerres de religion mais c'était impensable ! »

« Je suis inquiet pour l'avenir »

Dans ce dernier extrait, l'académicien acceptait de jouer le jeu du Face à face avec l'animatrice et de répondre du tac au tac à quelques questions très intimes : Le moment le plus heureux de sa vie ? Le péché capital auquel il ne peut résister ? Que ferait-il de sa dernière journée? Il évoquait la mort. Et s'il était Président de la République ? Une convention sociale qui l'agace ? Le rêve qu'il n'a pas encore réalisé ? A qui il aimerait dire pardon ? La chanson qui le rend joyeux ?

Pour aller plus loin :

A propos de l'humour. Dialogue avec Michel Bouquet. « C'est une distanciation grâce à laquelle la vie devient supportable ». (Rencontre

A Royaumont, lieu qui lui inspira Le défunt, sa première pièce, il évoque le théâtre et son statut d'auteur dramatique. « Le théâtre est un accident pour moi (…) pas un jour je ne songeais devenir auteur dramatique. Je ne connaissais pas le milieu théâtral » Au théâtre, les personnages s'incarnent et « cela devient fascinant » (Rencontre avec Pierre Dumayet, 23 juin 1981)

Dans cet extrait, l'écrivain évoque sa relation au mysticisme. « Les mystiques sont ceux qui sont arrivés à une perception la plus bouleversante de la condition humaine ». (Rencontre avec Pierre Dumayet, 23 juin 1981)

René de Obaldia explique ce qui reste de l'enfance dans l'âge adulte et qui a trait avec la nostalgie. (Rencontre avec Pierre Dumayet, 23 juin 1981)

"La nourriture est miraculeuse", partant de ce constat, René de Obaldia parle de son appétit pour tout ce qui concerne la vie. (Entretien avec Pierre Dumayet, 23 juin 1981)

Lecture pour tous : Le centenaire. A la quarantaine, René de Obaldia écrit Le centenaire, un roman qui pourrait prendre une allure de prémonition : « Si nous mourrons, c'est par manque de mémoire. Si je perds la mémoire, je me perds moi-même », (11 novembre 1959)

René de Obaldia à la radio :

Le goût des livres : Tamerlan des cœurs (30 mai 1955)

For intérieur : René de Obaldia, interrogé par Olivier Germain-Thomas à propos de Dieu et du diable et de la spiritualité. (4 novembre 2001)

7-9 du weekend : L'écrivain et académicien est l'invité de Patricia Martin et Fabrice Drouelle à l'occasion de la sortie de son dernier livre La Jument du capitaine. « J'ai en moi ce sentiment tragique de la vie… l'humour fait un rempart contre la tragédie », « Je n'ai jamais eu la notion de temps, c'est peut-être ce qui m'a sauvé ». (12 juin 2011)

Tout compte fait, présenté par Paula Jacques. L'écrivain évoque la vieillesse et la mort à propos de son livre des années 50 intitulé Le centenaire. Les différentes morts qu'il a imaginées dans Exobiologie… « J'aimerais réussir ma mort ! » (14 juillet 2012)

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