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Martin Luther King à la radio

Martin Luther King à la radio

Le 28 août 1963, Martin Luther King prononce une phrase qui va le faire entrer dans la légende : « I have a dream ». Le pasteur n’utilisera jamais d’autres armes que ses mots pour combattre la ségrégation. Florilège radiophonique de ses discours et interviews.

Par Florence Dartois - Publié le 02.08.2019 - Mis à jour le 28.08.2023
Interview du pasteur Martin Luther King - 1964 - 14:02 - audio
 

Martin Luther King est né en 1929 à Atlanta. Bien qu'originaire d'un milieu aisé, il est confronté dès son plus jeune âge à la ségrégation. Son combat pour l’égalité des droits entre les Noirs et les Blancs débute au milieu des années 1950. En 1953, il est nommé pasteur dans une église baptiste de Montgomery en Alabama. La région est marquée par de nombreux actes violents commis contre les Noirs, dont le meurtre raciste d’un jeune garçon de 14 ans, Emmett Till, en 1955 est le paroxysme.

Ce fait-divers marque le début de l’engagement actif de Martin Luther King. Il soutient Rosa Parks, première femme noire à rejeter les lois ségrégationnistes en refusant de céder sa place à un homme blanc dans le bus. En réaction à son arrestation, l’homme de foi mène le boycott des transports de la ville. L’action dure plus d’un an. Le pasteur est arrêté, sa maison dynamitée. Il ne cède pas aux menaces.

L’affaire se clôt par un vote par la Cour suprême des États-Unis, le 21 décembre 1956, déclarant illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles et autres lieux publics. En 1964, il décrit la situation des Noirs dans son pays, particulièrement dans les états du Sud : un constat lucide et accablant.

LES ARCHIVES.

L'archive audio à écouter en tête d'article est un extrait d'un discours prononcé en octobre 1964 à propos de la ségrégation aux États-Unis. À la veille des élections américaines (en anglais sans traduction), il évoque l'évolution de la situation, fait une description de son action et de l'illusoire tentative des politiciens des états du Sud à vouloir conserver cet état de fait.

Il aborde aussi la question de l'attitude des Américains des états du Sud où il existe encore quelques petites poches de résistance à l'intégration des Noirs. Il souligne son optimisme quant à l'évolution des mentalités dans ces régions. Dans le sud, il constate que les businessmen considèrent la ségrégation comme un frein à leurs affaires et n'attendent qu'un petit geste pour mettre fin à cette ségrégation. La loi leur donnera cette possibilité d'évoluer.

Il donne quelques pistes à travailler : la lutte contre la pauvreté ou l'intégration par l'éducation. Il évoque la grande marche pacifique contre la ségrégation de Washington qui a prouvé que les Afro-américains pouvaient « canaliser leur mécontentement pour créer un mouvement créatif, courageux, digne et non violent ».

Plus tard, il aborde plus précisément sa position dans ces élections et ce qu'elles représentent pour le peuple noir, expliquant qu'il allait utiliser sa notoriété pour s'adresser aux principaux leaders et élargir le débat : « Ils n'en sont qu'à un stade de discussions et aucune décision n'a été prise. »

Selon lui, la situation s'éclaircit malgré les quelques récalcitrants fanatiques. « Ceux qui tuent les noirs... Mais ils sont minoritaires maintenant », assure-t-il alors. Globalement, déclare-t-il aussi, il y a une prise de conscience positive dans la population concernant cette question. « De plus en plus de blancs soutiennent cette cause », conclut-il avec espoir.

En mars 1965, il participe à une grande marche pour l’intégration sociale à Selma. « La ségrégation est sur son lit de mort en Alabama et, une chose dont je suis certain, c'est que [le gouverneur] Wallace conduira les funérailles ».

La désobéissance civile non-violente

À partir de 1957, à la tête de la « Conférence des dirigeants chrétiens du Sud » (SCLC), Martin Luther King conduit des protestations non-violentes pour les droits civiques. Il adhère à la philosophie de désobéissance civile non-violente prônée par Henry David Thoreau et utilisée avec succès en Inde par Gandhi. Dans ce document sonore de décembre 1964, il explique ce qui l'a porté à devenir l'apôtre de la non-violence.

Il donne ensuite sa définition de ce concept.

Martin Luther King : la non-violence
1965 - 01:20 - audio

Le 23 mai 1963, il est au côté des étudiants noirs de Birmingham qui protestent contre le renvoi de 1 100 de leurs camarades. « La vérité est du côté de ces étudiants. L'heure est maintenant venue pour eux de la liberté et de la dignité humaine. Cela représenta la liberté de tous les noirs des USA »

Le militant pacifique n’utilisera jamais aucune violence et ne l’encouragera pas non plus. Ses mots deviennent son arme la plus puissante et la plus convaincante. En septembre 1964, il déclare en français : « Je suis contre la violence. Je suis optimiste pour l'avenir des Noirs de Birmingham. Nous gagnerons l'égalité raciale. »

« I have a dream »

Le 28 août 1963, à l’occasion de la grande marche des Noirs pour l’égalité des droits à Washington, il prononce un discours devant le Lincoln Mémorial dont une phrase est restée célèbre « I have a dream » : « I still have a dream this afternoon one day white and black children will sit together in the same classroom »

Le défenseur de l’égalité sillonne le monde et se rend partout où son message de paix peut être relayé. En septembre 1964, il se rend à Rome auprès du Pape Paul VI.

En 1966, il participe à la « Grande nuit pour l’égalité raciale » à Paris.

Le plus jeune prix Nobel de la paix

Désormais, plus rien ne semble faire obstacle à l’abolition de la ségrégation. Le monde entier rend hommage au pacifiste inébranlable. En octobre 1964, Martin Luther King devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix. Il est récompensé pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale aux États-Unis.

Après la remise de son prix Nobel, en décembre 1964, il passe par Paris et rend hommage à la France dont la devise est « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Sa puissance de conviction et son charisme sont tels que le président américain John F. Kennedy lui apporte son soutien dans la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.

L’action politique

Son action politique porte ses fruits. La plupart des droits dont il rêve seront promulgués par le « Civil Rights Act » le 2 juillet 1964 et, le « Voting Rights Act » en août 1965, sous la présidence de Lyndon B. Johnson. Ces deux textes rendent la discrimination illégale.

Interview du pasteur Martin Luther King, prix Nobel de la paix sur la signature de la seconde loi en août 1965.

Cependant, la situation est toujours tendue dans plusieurs états et le pasteur reste vigilant. Il n’hésite pas à dénoncer les violences policières de Los Angeles en août 1965.

En novembre 1965, il présente son grand projet : l'organisation d'un mouvement non violent pour protester contre les injustices raciales. Il décrit ci-dessous les actions possibles.

La voix de l’égalité assassinée

Son combat pacifique prend fin le 4 avril 1968 avec son assassinat officiellement attribué à James Earl Ray, dont la culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattues. La veille, il prononçait encore un poignant discours.

Ce meurtre provoque de violentes révoltes dans tout le pays. 50 000 soldats et gardes nationaux sont mobilisés pour rétablir l’ordre. Une marche pacifique est organisée pour lui rendre hommage.

Le pasteur n’est pas mort pour rien. Son souvenir est toujours intact : en 1977, Jimmy Carter lui décerne à titre posthume la médaille présidentielle de la liberté. En 1978, il reçoit le prix des droits de l'Homme des Nations unies et en 2004, la médaille d'or du Congrès.

Il est considéré comme l'un des plus grands orateurs américains du XXᵉ siècle. Depuis 1986, le Martin Luther King Day est un jour férié aux États-Unis. Il est fêté chaque année le troisième lundi du mois janvier, autour du 15 janvier, date de l'anniversaire du révérend.

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