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Léo Ferré, la contre culture du spleen

Léo Ferré, la contre culture du spleen

Léo Ferré est né le 24 août 1916, poète, compositeur, interprète, il continue d'habiter la chanson française bien après sa disparition. Souvent mélancolique, au bord du désespoir, l'artiste libertaire vécut comme il pratiqua son art... passionnément.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 31.08.2006 - Mis à jour le 24.08.2021
Léo Ferré : Avec le temps - 1972 - 04:24 - vidéo
 

Avec le temps, C'est extra, l'empreinte musicale de Léo Ferré est bien ancrée dans le patrimoine français. Né le 24 août 1916 à Monaco, le jeune garçon est envoyé à 9 ans dans une école religieuse, où il se sent seul et ne supporte guère la discipline rigoriste. Mais c'est aussi là qu'il va se passionner pour la poésie, la musique - grâce à un de ses camarades – et qu'il va rêver de devenir artiste. Son père lui interdit pourtant de s'inscrire au Conservatoire, l'encourageant plutôt à donner des cours de français dans un collège... Léo Ferré éprouve très tôt un sentiment de spleen qui l'habitera toute sa vie. "La mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens"...

Léo Ferré "La Mélancolie"
1965 - 04:36 - vidéo

Les cabarets parisiens

Parti combattre au front en 1939 (à tout juste 23 ans), Léo Ferré revient encore plus déterminé et s'installe à Paris (sur les conseils d'Edith Piaf) pour tenter sa chance. Il chante ses premiers textes dans des cabarets, où il partage l'affiche avec les Frères Jacques ou Charles Aznavour, et passe même en vedette américaine de Joséphine Baker.

Ce soir à L'Alhambra : Léo FERRE
1961 - 08:29 - vidéo

Le chanteur a alors du mal à s'en sortir financièrement, mais reste avant tout heureux de faire ce qu'il aime.

Léo FERRE "A Saint Germain des Prés"
1961 - 02:33 - vidéo

Sa carrière s'envole au début des années 60, alors qu'il vient de signer chez Barclay. De cette époque datent ses premiers succès comme Jolie môme ou Paname, et Léo Ferré ne tarde pas à devenir l'un des piliers de la chanson française. C'est à ce titre qu'il est invité, en 1969, par le magazine Rock'n'Folk à une table ronde en compagnie de Jacques Brel et de Georges Brassens. Cette rencontre, qui fait date dans l'histoire de la musique, sera immortalisée par l'objectif du photographe Jean-Pierre Lenoir.

Contre-culture et anarchisme

Parallèlement, il commence à fréquenter les milieux libertaires qui résonnent avec sa liberté de parole. Et même s'ils "ont l'âme toute rongée / Par des foutues idées", comme le soutient sa chanson Les Anarchistes, il leur restera fidèle tout au long de son existence. En 1967, chez lui il déclare : "Moi, pour me fermer la gueule, il faut se lever de bonne heure. Il faut que je sois mort pour que je ne parle plus, pour que je ne chante plus!".

Chez Léo Ferré
1967 - 02:23 - vidéo

Très actif pendant les événements de mai 68, sa participation au grand gala anarchiste de la Mutualité le hisse au rang de figure emblématique de la contre-culture qui se développe alors. Voici sa définition de l'anarchie telle qu'il la dobnnait à Denise Glaser en 1965.

Léo Ferré sur l'anarchie
1965 - 01:21 - vidéo

Du classique à la Pop

Auteur, mais aussi compositeur, Léo Ferré évolue du classique au rock avec la même aisance. En 1950, il se lance dans l'écriture d'un opéra La Vie d'artiste, collabore avec le groupe Pop Zoo dans les années 70, puis s'essaye à la direction d'un orchestre symphonique en 1975.

Il laisse libre cours à son inspiration et ses chansons n'ont aucune limite, dans leur thématique comme dans leur durée. Ainsi, sa chanson L'espoir, en 1974, dure plus de 6 minutes et passe à la télé in extinso. C'est une déclaration d'amour enflammée à sa compagne espagnole, mère de son fils de trois ans alors.

Léo Ferré "L'Espoir"
1974 - 06:14 - vidéo

Ses chansons écrites en vers, en prose ou en argot – sont le reflet de sa vie. Il y évoque ses convictions politiques (Madame la misère, L'Oppression), ses amours (L'Amour fou, Je t'aimais bien, tu sais...) ou encore Pépée, ode à sa guenon qu'il aima passionnément et considéra comme sa fille.

Même sa propre mort l'inspirera… "A mon enterrement j'aurai un cœur de fer / Et me suivrai tout seul sur le dernier bitume / Lâchant mon ombre enfin pour me mettre en enfer." Il s'est éteint le 14 juillet 1993.

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