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Le danger du sucre était déjà pointé en 1982

Le danger du sucre était déjà pointé en 1982

Dès la fin des années 1970, des études alertaient sur les conséquences nocives d’une consommation excessive de sodas, trop sucrés.

 

Par Florence Dartois - Publié le 11.07.2019 - Mis à jour le 19.03.2024
Alimentation : le sucre - 1982 - 04:25 - vidéo
 

Il y a moins de sucre dans les produits transformés mais il en reste encore trop. C'est ce qui ressort d'une étude de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Plus précisément, l'agence a étudié de 2008 à 2020 la composition de plus de 50.000 aliments transformés, sucrés comme salés pour évaluer la fréquence à laquelle ils comportent des ingrédients sucrants. Ces derniers comprennent non seulement le classique sucre blanc (saccharose), mais aussi des édulcorants comme l'aspartame, ainsi que des sirops et jus de fruits. L'agence conclut qu'en 2020, la majorité des aliments (77%) comportait encore au moins un ingrédient sucrant, mais qu'il y avait eu un déclin de leur utilisation au cours des années précédentes.

Les dangers du sucre pour la santé et sa présence dans de nombreux aliments ont mis du temps à émerger dans le débat public. Pourtant, le constat avait déjà été fait dès la fin des années 1970, et de nombreuses études alertaient alors sur les conséquences d’une consommation excessive de sodas sucrés. Ces risques pour la santé étaient identifiés dès la fin des années 1970. Un magazine de 1982, disponible en tête d'article et diffusé dans le magazine «C'est la vie», consacré à la consommation de sucre des Français, notamment dans les sodas.

Au début du magazine, Jean-Claude Allanic expliquait que les Français consommaient trop de sucre, environ 36 kg par an et par personne. Un sucre présent principalement dans les boissons et les aliments. En France, à l'époque, les consommateurs n'avaient pas le choix entre sodas avec sucre (vingt morceaux de sucre par boisson) ou sodas avec édulcorants artificiels. La journaliste Elisabeth Eiselé demandait pourquoi les édulcorants de synthèse sont interdits dans la fabrication des boissons en France au docteur Astier-Dumas : « Nous pensons que ces produits sont en majorité consommés par les enfants et à partir de ce moment-là, nous préférons qu'ils ne soient pas additionnés à des produits dont la sécurité nous parait, disons, hypothétique, en tout cas non démontrée parfaitement. »

« Ces produits ont été taxés d'un pouvoir cancérigène »

La scientifique cite notamment la saccharine dont les contrôles sont difficiles à faire : « Ces produits ont été taxés d'un pouvoir cancérigène et nous pensons qu'il n'est pas nécessaire d'en donner à des enfants jeunes. » Pourtant, la saccharine était en vente libre dans les pharmacies, une contradiction qui ne semblait pas choquer la scientifique : « car en pharmacie, il y a des tas de produits qui ont des activités, ou thérapeutiques, ou toxiques et qui sont en vente plus ou moins libre, parce que c'est dans l'essence du médicament de posséder un certain risque toxique. »

Du côté des fabricants de sodas, on trépignait d'impatience. Interrogé sur l'interdiction des édulcorants dans l'hexagone, Jacques Crenon, directeur gérant Pepsi Cola France, avait son opinion sur la législation française qui interdisait l'ajout de ces substances aux sodas. Il l'imputait au lobby des betteraves : « Il y a peut-être le résultat d'une certaine politique économique. Très certainement en France, un pays qui produit le double du sucre dont il a besoin. Il y a très certainement le désir de protéger l'industrie betteravière et l'industrie du sucre. »

Depuis 2012, une « taxe soda » permet d'inciter les consommateurs à baisser leur consommation de boissons sans alcool contenant des sucres ajoutés.

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