La Maison de la radio, de sa conception à son inauguration

L'ANNIVERSAIRE.

1963 est une année décisive dans l'histoire de la radio publique. Le 8 décembre, France Inter voyait le jour, le journal de 20h00 était alors présenté par Jean-Pierre Elkabbach. Quant à l'écrin de cette radio, la Maison de la radio, elle était inaugurée quelques jours plus tard, le 14 décembre 1963, en présence de Charles de Gaulle, président de la République française. Nous vous proposons de revivre l'évènement en archives et en images issues de notre fonds photo.

LE CONTEXTE.

La radiodiffusion française, avant 1963, c'était de nombreuses installations dispersées dans des studios parisiens souvent sommairement équipés. Pour homogénéiser la diffusion de la radio publique et résoudre les problèmes, un projet réunissant l’ensemble des activités dans un bâtiment unique allait s'imposer. Ce centre serait la Maison de la radio. Le Conseil de Paris céda à cet effet à l’État un terrain de 38 000 m² situé sur le site d’une ancienne usine à gaz désinfectée, au 116 quai de Passy (devenu l'avenue du Président-Kennedy), un espace situé à proximité de l'emblématique tour Eiffel et de ses émetteurs radio qui nécessita la transformation de tout le quartier.

Un grand concours fut lancé. 26 architectes en lice proposèrent plusieurs projets innovants, mais ce fut celui d'Henry Bernard qui fut retenu en 1953. Il imaginait un « Colisée du XXe siècle » basé sur la circularité du bâtiment. La construction pouvait débuter.

Cette « maison ronde » se constituait de 58 studios de forme trapézoïdale pour l’acoustique, à l'origine de la forme circulaire de l'édifice. Son architecture mêlant verre et aluminium devait laisser circuler le jour, mais aussi la lumière la nuit. La « tour des archives » (de 68 m de haut) située au centre du cercle était entourée de deux bâtiments, un extérieur (de 500 m de circonférence) et un autre, intérieur (de 70 m de circonférence), deux espaces liés et complémentaires, destinés à la fabrication des émissions.

À distance égale des espaces d’enregistrement et des espaces de montage, la tour constituait le noyau central, à la fois lieu de mémoire et siège de l’inspiration des créateurs. Le jour de l'inauguration, le général de Gaulle découvrait un lieu qui représentait à ses yeux, depuis le début, le symbole de la modernité et de la grandeur de la France.

Si l'intérieur était consacré aux métiers techniques, sur l’extérieur se trouvaient les bureaux, foyers et lieux publics.

Une inauguration en grande pompe

Le jour de l'inauguration, à son arrivée dans la maison circulaire, le président félicitera chaleureusement l’architecte en personne. Le chef de l’État est accueilli par Robert Bordaz, directeur général de la RTF et accompagné d’Alain Peyrefitte, alors secrétaire d'État à l'Information. Son arrivée sur les lieux est disponible en tête d'article. Ci-dessous, le général découvre les installations d'un studio.

La cérémonie inaugurale se déroula dans le grand studio symphonique, le 104. Dans son discours, le général de Gaulle rendit un très bel hommage à la radio : « La radio est une action humaine, autrement dit collective. Sans doute se nourrit-elle de la capacité des individus. Mais, pour être valable, il lui faut l’effort conjugué des équipes. Et c’est pourquoi ce bâtiment (...) unitaire et circulaire, est le signe de l’organisation, de la concentration et de la cohésion, qui sont nécessaires à son audience et à son influence. » Un extrait est à écouter ci-dessous.

Le président conclut cette journée par la visite du studio du journal parlé et assista en régie au journal de 20 h 00 présenté par Jacqueline Baudrier. Reportage inédit sur le vif à écouter ci-dessous.

Une ruche ultra-moderne

L’intérieur de l’édifice a été pensé comme « le cœur du métier », tout ce qui est utile à la préparation des programmes et à leur conservation s'y trouvait : studios d’enregistrements, discothèque, magnétothèque, phonothèque, microthèque ou encore le Centre de modulation (CDM) dont on découvre l'usage dans la vidéo ci-dessous.

On y trouve également les grands studios publics, pouvant accueillir jusqu’à 1000 personnes (le studio 103 ou le 104, la salle de concert symphonique Olivier-Messiaen).

Autonomie énergétique

Conçue pour être autonome énergétiquement, ses 100 000 m² bénéficient d'un forage de 600 m de profondeur alimentant un système de chauffage géothermique. La maison de la Radio est aussi dotée d'un abri anti-atomique, au même titre que le palais de l'Élysée.