Le café Costes propose en effet à son ouverture un décor totalement nouveau. Les cafés et bistrots parisiens de l’époque présentent encore une esthétique relativement homogène, assez classique et fidèle à l’esprit architectural de la capitale. Le café Costes, au contraire, innove, en offrant une décoration résolument moderne, très en phase avec ces années 1980 où le succès vient à ceux qui osent.
Et pour les clients qui affluent très vite dans ce nouveau temple des sorties parisiennes, le café Costes en impose, avec son coloris bleu et pastel, son mobilier stylisé et épuré. Philippe Starck a voulu se concentrer sur l’escalier, élément principal du décor et pièce maîtresse de la distribution d’un espace conçu sur deux niveaux, qu’il a flanqué d’une grosse horloge. « Il fallait qu’il soit ludique et anoblissant de prendre l’escalier pour aller vers quelque chose considéré comme une annexe (sic l’étage), donc l’escalier devait être très fort. S’il a cette forme de sifflet inversé, c’est qu’il fallait qu’il prenne peu de place en bas, et qu’il aille joindre les deux mezzanines de chaque côté ».
Autre élément notable du café Costes… ses toilettes. Elles sont parmi les premières au monde à proposer un mur d’eau à la place des traditionnels urinoirs.
Mais le café Costes ne se remarque pas que par sa décoration orginale. Son service se veut irréprochable. Garçons à la livrée impeccable, au physique agréable, le café Costes se veut à la hauteur d’une clientèle branchée qui se bouscule entre ses murs et sur sa grande terrasse.
Une aventure qui, aux dires de Jean-Louis Costes, interviewé en 1985, n’est pas de l’ordre du pari risqué. Pour un homme d’affaires se définissant avant tout par le « doute », le café Costes « n’est pas original, c’est un bistrot très traditionnel, seulement bien traité comme tout devrait être bien traité aujourd’hui ».
Le café Costes, après avoir marqué la vie parisienne durant les années 1980, ferme ses portes en 1994. Jean-Louis Costes préfère se redéployer rue du Faubourg Saint Honoré et abandonner le quartier des Halles dont il déplore la mauvaise fréquentation. Le café est racheté par le magasin Naf-Naf.
Une page se tourne, c’est la fin d’une époque.