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«Jurassic Park» : et si la science rejoignait la science-fiction ?

«Jurassic Park» : et si la science rejoignait la science-fiction ?

Le dernier volet de la saga « Jurassic World » sort en salles. Au programme : des dinosaures évidemment et beaucoup d'action ! Mais la science pourrait-elle vraiment recréer ces créatures disparues depuis 60 millions d'années ? Un postulat de plus en plus réaliste. Des chercheurs nous en disent plus.

 

Par Florence Dartois - Publié le 24.04.2013 - Mis à jour le 07.06.2022
Michael Crichton - 1993 - 01:40 - vidéo
 

Jurassic World : Le Monde d’après est annoncé comme le dernier volet d'une saga à succès. Le premier Jurassic Park, réalisé par Steven Spielberg, était sorti en 1993. Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de l’écrivain Michael Crichton paru en 1990.

Dans son livre de science-fiction, cet auteur, à la fois anthropologue, médecin et metteur en scène, livrait au public l'une de ses vieilles craintes : la terreur irréversible que pourrait générer les progrès incontrôlés de la science. Dans son récit, il souhaitait illustrer le vieil adage de Rabelais « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Dans son ouvrage, un chercheur découvre un moustique parfaitement conservé dans un morceau d’ambre fossilisée. A l’intérieur de ce moustique, le sang d’un dinosaure. À partir de ce sang de plusieurs dizaines de millions d'années, son équipe de chercheurs décident de reconstituer son ADN et de le répliquer, jusqu’à recréer l’animal disparu il y a 65 millions d’années.

En 1993, à l’occasion de la sortie du film, l'auteur revenait sur ses inquiétudes face à l'émergence des biotechnologies, c'est son interview que nous vous proposons de découvrir en tête d'article. « Je crois qu'il est vraiment nécessaire que les savants eux-mêmes prennent un maximum de précautions », alertait-il.

Un scénario scientifique possible plausible ?

Mais cette manipulation génétique imaginée par Michael Crichton est-elle possible dans la réalité ? Au moment de la sortie du film, André Brack, chercheur au centre de biologie moléculaire du CNRS, avait été interrogé sur la question et revenait sur les aspects plausibles de cette hypothèse, tout en décrivant les connaissances scientifiques de l'époque, mais il l'affirmait, c'était envisageable et il serait théoriquement possible « d'en faire des copies quasiment à l'infini ». Mais il relativisait en soulignant quelques incohérences du scénario.

Les dinosaures vivaient il y a 250 millions d’années, avant de disparaître il y a 65 millions d’années à la suite de la chute d’un astéroïde. Reconstituer un ADN aussi ancien paraissait donc encore du domaine de la science-fiction. Cependant, les scientifiques étaient impressionnés par la qualité de la reconstitution de ces monstres du passé. Steven Spielberg avait choisi pour le premier film les studios de Stan Winston pour la confection des dinosaures et avait travaillé avec Industrial Light & Magic pour développer les images de synthèse. Une prouesse technique à l’époque. Philippe Taquet, paléontologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris et « traqueur de dinosaures », reconnaissait la qualité du travail réalisé.

La science va-t-elle rattraper la fiction ?

A la sortie du film, les scientifiques étaient donc unanimes : cloner un ADN de plusieurs millions d’années était encore utopique Mais pas impossible. Depuis 1993, la réalité semble bien avoir rattrapé la fiction. Dès 1995, des biologistes de l'Université Polytechnique de Californie parvinrent à rendre la vie à une bactérie conservée à l'intérieur d'une abeille morte depuis 25 à 40 millions d'années et préservée depuis dans un fragment d'ambre préhistorique.

Le clonage des dinosaures, lui, n’est pas pour tout de suite mais celui du mammouth, l’ancêtre de l’éléphant, qui a vécu il y a environ 40 000 ans semble se rapprocher. En 2011, des chercheurs ont récupéré de la moelle sur le corps d’un bébé mammouth retrouvé intact dans le permafrost de Sibérie. Une équipe japonaise travaille tuojours sur le projet. En parallèle, les Américains envisagent le clonage d’un homme de Neandertal...

Jurassic Park ne semble plus si inaccessible que cela. De la science-fiction à la science, la frontière est mince et Jurassic Park a relancé le débat. Cette course à la manipulation génétique pourrait rapidement déboucher sur un débat éthique. En attendant, les dinosaures n’ont pas fini de faire rêver les petits et les grands, jusqu'aux esprits les plus en vue de la planète. Début avril 2021, Elon Musk, par la voix de Max Hodak, son bras droit et cofondateur de la société Neuralink, avait déclaré pouvoir reproduire un parc à dinosaures génétiquement modifiés, dignes du film Jurassic Park, et ce, d'ici une quinzaine d'années.

Mais les businessmen ne pensent pas recourir pour cela à de l'ADN, ils envisagent plutôt de reconstruire le génome complet du dinosaure et de créer, pour de vrai cette fois, le Monde perdu imaginé par Michael Crichton et filmé par Steven Spielgerg.

Une saga juteuse

La sortie du premier film est précédée d’une campagne marketing exceptionnelle. Il fallait remettre les dinosaures au goût du jour. Steven Spielberg produit un dessin-animé long métrage en 1988, Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles ainsi que plusieurs documentaires pour la télévision. Les enfants adhèrent immédiatement, comme le montre ce reportage au parc de Saint Vrain sur l’engouement des petits pour ces grosses bêtes effrayantes. Cette démarche commerciale originale s’accompagne du merchandising de nombreux produits dérivés. La « dinomania » touche le monde entier et provoque même la polémique inattendue en Israël. Le marketing fonctionne à merveille. A peine trois jours après sa sortie, le film bat tous les records au box-office et engrange 50 millions de dollars. Au final, il en aura rapporté 5 milliards et permit à Steven Spielberg de monter sa propre boite de production et la société d’effets spéciaux Dreamworks.

Le premier film a fait plus de 5 milliards de dollars de recette. Fort de ce succès, Steven Spielberg enchaîne la suite de la saga. Quatre ans plus tard, en 1997, sort le deuxième volet de la série. Même alliance entre marketing et 7e art : partenariat avec de grandes marques comme Mercedes, produits dérivés. Même équipe qui gagne : casting et team technique. Une nouveauté : l’infographie. Le leitmotiv demeure inchangé : toujours plus d’action, de suspens et d’effets spéciaux. Le nouvel opus s’intitule Le monde perdu. Un troisième film sort en 2001. La débauche d’effets spéciaux est spectaculaire. Cette fois, il est réalisé par Joe Johnston, Spielberg le produit. C’est le seul des trois films qui ne soit pas adapté d’un roman de Michael Crichton. Suivront Jurassic Park 3 de Joe Johnston (2001), Jurassic World de Colin Trevorrow (2015), Jurassic World: Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona (2018).

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