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Homophobie dans le foot : comment y mettre fin ?

Homophobie dans le foot : comment y mettre fin ?

Selon une enquête menée auprès de 1605 jeunes footballeurs de 12 à 19 ans, par "Foot Ensemble", association de lutte contre l'homophobie, près de 8 jeunes sur 10 accepteraient l'homosexualité d'un coéquipier. Un pas positif dans un univers jusqu'ici marqué par l'homophobie.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.09.2019 - Mis à jour le 12.05.2021
 

Comment mettre fin à l’homophobie dans les stades ? L'étude est certes encourageante mais elle ne doit surtout pas cacher un mal encore très profond. C'est un problème ancien, pour les prises de position et les actions, il a fallu attendre les années 2000 pour que la parole commence à se libérer. Dans ce montage vidéos "ina-franceinfo", Tarik Khaldi revient sur cette épineuse question.

"PD enculé tapette"… qu’ils soient scandés ou affichés, les propos homophobes sont bien ancrés dans les tribunes des stades de foot. La première prise de parole d’une grande personnalité contre l’homophobie, c’était en 2006. Vikash Dhorasso, le joueur de l’équipe de France, entre 1999 et 2006, acceptait d’être le parrain du "Paris Football Gay", club qui lutte contre l’homophobie. En novembre 2005, dans "Stade 2", il déclarait : "En acceptant ça, c’est une façon de lutter contre toutes les discriminations, qu’on soit gay, noir, arabe, une femme, un handicapé… Pour moi, c’est pareil, c’est se mettre du côté des minorités et montrer qu’il faut soutenir tous les gens qui se battent et qui essaient d’être acceptés." Entre 2003 et 2015, le "Paris Football Gay" a braqué le projecteur sur l’homophobie dans le foot, sujet alors peu abordé. Dans l’équipe, une moitié de joueurs hétéro, l’autres homo : "Les gars, est-ce que vous pensez qu’il faut être viril pour jouer au football ? / Noooooon !". Le club oeuvre sur le terrain... et dans les tribunes. Il sensibilise le public et les clubs, il tente de faire comprendre le poids de ces mots qui blessent.

"Pour blesser quelqu'un, il suffit de sous-entendre qu’il est homosexuel"

En juin 2006, Bruno Laurent, cofondateur du "Paris Football Gay" précisait : "Un supporter, un joueur, un dirigeant, il veut blesser un adversaire, il va sous-entendre qu’il est homosexuel : sale PD, enculé, tu joues comme une tapette, etc. Ça veut dire très clairement que pour blesser quelqu’un, il suffit de sous-entendre qu’il est homosexuel. Donc c’est une insulte." Homo = faible. Pour en finir avec ce discours, les joueurs professionnels homosexuels pourraient prendre la parole… sauf qu’être gay, c’est un tabou ultime dans le foot. C’est mal vu. C’est ce qu’expliquait Dominique Bodin, sociologue et auteur du livre "L’homosexualité dans le sport de haut niveau" dans "Stade 2" en novembre 2005 : "On pourrait dire tout d’abord qu’ils ont une certaine peur à être reconnus comme des homosexuels et que finalement, s’ils sont improductifs sur le terrain, ils vont être traités de tapettes, ou ça sera la faute de tous les homosexuels de France et de Navarre...". Tabou chez les sportifs, insulte dans les tribunes… et les instances sportives, que font-elles ? En 2008, la ligue de football professionnel s’est saisie du problème. Elle a rédigé une charte contre l’homophobie. Dans le JT Reims Midi, le 9 juin 2008, Frédéric Thiriez Président de la Ligue de football professionnel déclarait : "Je voudrais que le football soit exemplaire en termes de lutte contre toutes les formes de discriminations quelles qu’elles soient. Le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, l’homophobie, l’islamophobie. Le football doit rassembler."

Seuls dix clubs professionnels l’avaient signée… et quand bien même, la charte ne prévoyait pas de sanctions. Un sentiment d’impunité règne toujours dans les tribunes. Selon un sondage du journal l’Équipe daté du 31 août 2019, 67 % des Français attendaient des sanctions pour faire cesser ce type de chants, mais ils sont aussi 61 % à estimer qu’ils relèvent plus de l’insulte que de l’homophobie. L'enquête réalisée par "Foot ensemble" montre une avancée des mentalités chez les plus jeunes mais ne doit pas diminuer la vigilance à l'égard des comportements homophobes, toujours présents dans le football.

Tarik Kaldhi (module ina-franceinfo), Florence Dartois (mise à jour ina.fr)

Pour aller plus loin : 

Consulter l'étude réalisée par Foot ensemble : ICI !

Source : enquête réalisée par l'association "Foot ensemble" en collaboration avec les étudiants en Info-Com de l’Université de Besançon. (mai 2021)


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