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Henry de Monfreid, vivre l'aventure pour mieux la raconter

Henry de Monfreid, vivre l'aventure pour mieux la raconter

L’écrivain et aventurier Henry de Monfreid mourait le 13 décembre 1974 à l’âge de 95 ans. Retour sur les aventures d'un homme qui "voulait être vraiment ce qu'il voulait paraître".


Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.12.2019 - Mis à jour le 13.12.2019
Henry de Monfreid sur ses débuts d'écrivain - 1972 - 04:38 - vidéo
 
L’écrivain Henry de Monfreid mourait le 13 décembre 1974 à l’âge de 95 ans, dans sa maison d’Ingrandes, un petit village de l’Indre, bien loin des mers du Sud qui l’avaient rendu célèbre. Depuis 1947, date de son retour définitif en France, Henry de Monfreid s’occupait à raconter les aventures extraordinaires qu’il avait vécues durant près de quarante ans dans la Corne de l’Afrique. Retour sur la vie d'un homme qui « voulait être vraiment ce qu'il voulait paraître ».

En 1911, à l'âge de trente-et-un ans, Henry de Monfreid s’embarque à Marseille pour Djibouti, alors territoire français, avec pour seul objectif de repartir de zéro. Sa vie d’alors ne le rend pas heureux. Issu d’une famille bourgeoise qui fréquente l’avant-garde artistique de l’époque, il se sent malgré tout à l'étroit en France, et ses débuts professionnels, entre petits métiers et tentatives de mettre sur pied des « affaires », n'auront été qu'une succession d’échecs pour cet ingénieur de formation. Henry de Monfreid, qui a prit goût à la navigation dès l'enfance sur le bateau de son père, rêve au grand large. 

« Il faut être vraiment ce qu’on veut paraître », telle pourrait être la devise d’un homme qui, plus encore que de chercher l’aventure, semble vouloir vivre sa vie le plus intensément possible, afin d’en retirer le plus d’expérience, d'enseignements sur soi et sur les autres. Des histoires qui fourniront la matière de ses futurs romans.

Très jeune, il sent cette volonté de vivre les choses pour mieux pouvoir les raconter. A neuf ans, la vision d'un moineau sur le garde-fou du 5e étage suscite en lui une irrépressible de vivre cette expérience : « Est-ce que j’aurai le courage de me promener sur le garde-fou, en équilibre […] » se demande t-il ? Après avoir mis « une semaine à se décider », il se lance, à la grande frayeur de sa mère qui assiste impuissante à la scène depuis son salon et manque de s’évanouir. « Personne ne s’est rendu compte que j’avais fait ça pour me prouver que j’étais capable de faire ce dont je voulais me vanter ».

« Quand je me suis trouvé là-bas en mer Rouge, j’ai fait certaines choses pour être, pour pouvoir les raconter, mais je les ai faites »

Très vite, à son arrivée à Djibouti, occupant une petite position de commerçant, Henry de Monfreid trouve une « population européenne aussi peu intéressante qu’elle ne l’était [en France] ». Il cherche à s’échapper de la société coloniale, s’intéresse à ces endroits « dont on ne revient pas », interdits au voyageur, trop difficiles d’accès. Il est « séduit par l’âme indigène », passe deux ans difficiles en Ethiopie, apprend la langue du pays.

Revenu à Djibouti en 1913, il se lance dans ce qui deviendra la matrice de ses romans, la vie aventureuse de trafiquant d’armes et de haschisch sur la mer Rouge. « Trafiquant » ? s’interroge Henry de Monfreid : « Le commerce des armes est un commerce comme un autre, et tous les indigènes achetaient leurs armes à Djibouti », nuance t-il. A l'époque, le comptoir français de Djibouti est soumis par un traité passé avec l’Angleterre, grande puissance de la région, à ne pas vendre d’armes.

La colonie française le fait pourtant en toute illégalité. Mais utilise pour ce faire des boutres (bateaux traditionnels) conduits par des marins natifs de Djibouti ne possédant aucun papier d’identification, de telle sorte qu’en cas d’arraisonnage par les Britanniques, la responsabilité française ne pourrait être engagée.

Henry de Monfreid s’intéresse à ce commerce, mais son physique d’Européen et sa renommée grandissante dans la région sont un obstacle : « Le gouverneur a trouvé ça mauvais, parce que moi sur un bateau, c’était signé, ça venait de Djibouti. Alors on m’a interdit de partir avec mon bateau. Et c’est de là qu’à commencée ma zizanie avec tous les gouverneurs, ma légende ».

Henry de Monfreid se lance alors à son compte dans la traversée de la mer Rouge, bravant les autorités françaises, britanniques, les pirates, les risques de toutes sortes qui accompagnent une telle activité : « c’est un commerce qui vous donne des bénéfices énormes […], mais on vous paye à coups de fusils la plupart du temps »…

Henry de Monfreid écrit ses aventures, sans penser d’abord qu’elles pourraient trouver à être publiées. C’est Joseph Kessel qui l’incite à se lancer. Après avoir lu ses carnets toute la nuit lors d’une traversée, il lui lance au petit matin en sortant de sa cabine : « c’est magnifique, il faut publier ça ! ».

En 1931, paraît son premier livre, celui qui reste encore aujourd'hui l'un de ses titres les plus célèbres, Les secrets de la mer Rouge. Suivront des dizaines d'autres ouvrages, romans, contes, essais, la plupart prenant pour cadre la Corne de l'Afrique et la mer Rouge. 


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