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Géolocalisation et vie privée, des alertes depuis 2006

Géolocalisation et vie privée, des alertes depuis 2006

L’Assemblée nationale et le Sénat débattent ce mercredi sur l'adoption de l'application StopCovid permettant le traçage des malades grâce aux téléphones portables. Depuis son arrivée en France, la géolocalisation a fait l’objet de plusieurs alertes.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 27.05.2020 - Mis à jour le 27.05.2020
 

Pour lutter contre l'épidémie de la Covid-19, le gouvernement a mis en place une application de traçage des malades grâce aux téléphones portables. Une méthode basée sur la géolocalisation qui pose des questions de liberté publique et de protection des données. Pouvoir vous situer, n’importe où, n’importe quand grâce à votre téléphone portable. Ce procédé a un nom : la géolocalisation. Au début des années 2000, elle arrive en France avec la démocratisation de la téléphonie mobile.

En 2011, une passante déclarait : “Y’a toujours des moyens comme ça de nous pister, de nous surveiller, de nous ficher, de nous étudier, de nous "googliser". Ce que confirme ce concepteur dès 2004, date de son apparition : “Ça permet de savoir exactement où vous vous trouvez à un endroit pour pouvoir ensuite vous déplacer, vous rendre par exemple à un rendez-vous.

La géolocalisation qui pose très vite un problème. Celui de l’atteinte aux libertés individuelles. 2006, première alerte en France. Une société privée propose aux parents de suivre à la trace leurs enfants grâce à l’opérateur Orange. Dans son JT du 27 mars 2006, Elise Lucet alerte : “Cela peut ressembler à de l’espionnage.

Le service est payant. Quatre euros pour cinq localisations. Même si l’accord des enfants est indispensable, le service est mal perçu du côté des plus jeunes : “J’ai pas envie qu’ils sachent où je vais. Si je vais chez ma petite amie, j’ai pas envie qu’ils sachent où elle habite.

Pour éviter les dérives de la géolocalisation, un organisme. La CNIL. La commission nationale de l’informatique et des libertés est chargée de protéger les données des Français.

A qui s’adresse cette commission ? A tout le monde. A toute personne qui pense avoir été victime d’abus. Des abus qui sont aujourd’hui essentiellement liés au développement de l’informatique. Regroupement de données, de fichiers, de vidéo surveillance.”

Ces abus, l'informaticien Paul Courbis les a dénoncés dès 2011. Il est l’un des premiers lanceurs d’alerte sur les dangers de la géolocalisation.

“Paul Courbis est un utilisateur d’IPhone comme les autres ou pas tout à fait car il est aussi informaticien de métier.” Après avoir fouillé son téléphone, il tombe sur des données très personnelles. Des données stockées automatiquement à l’insu des utilisateurs.

Paul crée aussitôt un logiciel permettant de lire ces données sur une carte et le résultat est édifiant.” Paul Courbis confirme : “La période recouvre du 5 au 21 avril et on voit que je suis parti dans le sud de la France.

Suite à cette affaire, la CNIL enquête. Selon elle, il n’y a pas eu de traçage. Seulement des données conservées sans l’accord de Paul Courbis. Depuis la loi “informatiques et libertés” de 1978, les entreprises ont l’obligation de demander votre consentement avant de vous géolocaliser.

Certains comme cette utilisatrice ne s'émeuvent pas de ce traçage : “Moi, personnellement, ça ne me dérange pas.” Jusqu'à présent les seules personnes autorisées à vous géolocaliser sans votre approbation ce sont les policiers. Notamment dans le cadre d’enquêtes et de filatures virtuelles.

La géolocalisation donne avec précision la latitude et la longitude d’un objet grâce à une balise qui émet un signal capté par satellite. Dans le cadre d’un vol de voiture, cela permet de savoir très vite ou elle est mais aussi ou elle va.

Face au risque d'épidémie, et uniquement sur la base du volontariat, vous pourrez savoir si vous avez été en contact avec une personne infectée. L'application StopCovid  fonctionne sans géolocalisation mais sur la base de la technologie Bluetooth. Technique qui permet aux appareils électroniques de communiquer entre eux à courte distance.

La Cnil a donné son feu vert mardi 26 mai 2020 à la mise en place de cette application de traçage de contacts pour smartphones voulue par le gouvernement.

L’Assemblée nationale et le Sénat débattent ce mercredi du projet du gouvernement, avant de s’exprimer par un vote.

Jérémie Gapin


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