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En 1973, étions-nous trop optimistes sur le recyclage du plastique ?

En 1973, étions-nous trop optimistes sur le recyclage du plastique ?

En 1973, ce spécialiste du recyclage se montrait étonnement optimiste quant à la résolution future de la pollution engendrée par le plastique. 

 

Par Florence Dartois - Publié le 03.12.2019 - Mis à jour le 29.05.2023
Jacques Lopion sur le recyclage - 1973 - 05:15 - vidéo
 

L'ACTU.

Existera-t-il bientôt un traité international contre la pollution plastique ? C'est sur cette question que sont réunies les Nations au siège de l'Unesco à Paris du 29 au 2 juin 2023. Réduction de la production ? Recyclage ? Dépollution ? Autant de points qui seront étudiés lors de ce symposium international. Le plastique est un fléau qui envahit nos terres, rivières, océans et même nos corps. Une pollution insidieuse et des microplastiques présents partout, avec des conséquences sur la biodiversité et sur la santé humaine. Pourtant, en 1973, ce spécialiste du recyclage se montrait étonnement optimiste et minimisait la question, même s'il semblait déjà conscient du danger de sa prolifération.

L'ARCHIVE.

L'archive en tête d'article est un extrait de l'émission « La France défigurée ». Ce 22 avril 1973, le thème du magazine c'était l'invasion du plastique et une question se posait déjà, comment s'en débarrasser ? Le ministère de l'environnement avait chargé Jacques Lopion de réaliser une étude sur la question. Pour lui, il n'était pas question de supprimer le plastique, il l'affirmait : « les consommateurs veulent du plastique » et ironisait sur les risques « d'émeutes de consommateurs ».

Sur une musique inquiétante, le commentaire alertait sur les problèmes qui se poseraient dans un avenir pas si lointain, d'une part, à cause de « l'augmentation de la population mondiale », et d'autre part devant « l'ascension vertigineuse du volume des déchets du consommateur ». Il précisait que 95% des emballages plastiques étaient « perdus ». A l'époque, un projet de suppression des emballages plastiques venaient d'être déposé sur le bureau du président américain Nixon. Le journaliste se demandait quelles solutions pourraient bien être mises en place pour éviter cette extrémité et endiguer « la marée des déchets plastiques qui semble menacer notre environnement de demain ».

Un recyclage compliqué

Devant un « paper-board », l'expert français listait les différentes manières dont on se débarrassait du plastique, avec leurs inconvénients : les ordures sauvages « qu'on jette n'importe où », la décharge publique avec ses risques d'incendies, les décharges contrôlées recouvertes par de la terre, « pas le moyen le plus glorieux », ou l'incinération, avec ses « émanations toxiques comme le gaz chlorhydrique ». Cette pollution lui paraissant d'ailleurs « minime » par rapport à la pollution automobile.

Jacques Lopion proposait d'intensifier les recherches, notamment en matière de pyrolyse, une méthode qui n'était pas encore prête, mais permettrait de casser les molécules afin de produire, par exemple, du pétrole, ou à nouveau du plastique. Ce recyclage lui paraissait un moindre mal estimant que le plastique n'était pas « nuisible en lui-même » mais comme déchet. Réutiliser le plastique était une alternative à étudier. Il expliquait que les usines recyclaient en grande partie leur plastique, mais se lancer dans le recyclage des déchets de la population lui paraissait complexe à mettre en place. L'un de ses arguments était la nécessité de demander au consommateur de trier ses déchets.

Malgré ces obstacles, le spécialiste restait néanmoins optimiste, estimant que le problème des plastiques « n'était pas un problème dramatique, comparé à d'autres ». Selon lui, les gens étaient parfaitement conscients des problèmes que cela poserait, tout en précisant qu'on en était alors qu'au « début de l'ère du plastique ».

Malheureusement, si les populations ont en effet pris conscience assez tôt des risques que faisait courir le plastique sur les écosystèmes, rien n'aura été fait pendant des décennies...

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