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Ellen Ripley, l'autre facette de Sigourney Weaver

Ellen Ripley, l'autre facette de Sigourney Weaver

Sigourney Weaver est née le 8 octobre 1949. C'est "Alien", le film de Ridley Scott, tourné en 1979, qui la rendit célèbre grâce au rôle de Ripley, l'une des premières héroïnes de science-fiction au cinéma. Un personnage qu'elle incarnera à quatre reprises.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 21.05.2019 - Mis à jour le 03.10.2019
Sigourney Weaver à propos du film Aliens - 1986 - 02:35 - vidéo
 
Sigourney Weaver est née le 8 octobre 1949. C'est Alien, le film de Ridley Scott, tourné en 1979, qui la rendit célèbre grâce au rôle de Ripley, l'une des premières héroïnes de science-fiction au cinéma. Un personnage qu'elle incarnera à quatre reprises.

1979, Ridley Scott réalise Alien, le huitième passager, un film de science-fiction d'un nouveau genre. Les personnages, une équipe de "routiers de l'espace", isolés dans un vaisseau spatial, le Nostromo, aux allures d'immense usine désaffectée sont aux prises avec un monstre extraterrestre, sanguinaire et semble-t-il invincible. Pour la première fois dans ce genre de film, le héros est une femme, Ellen Ripley, interprétée par Sigourney Weaver, quasi-inconnue à l'époque. Quant au monstre baveux, il est conçu par le metteur-en-scène et plasticien allemand H.R. Giger. S'il effraie tant, ce n'est pas tant par son aspect répugnant, que par son absence de la plupart des plans… C'était une volonté du réalisateur qui voulait jouer sur la peur suscitée par l'attente du spectateur, plutôt que sur le monstre lui-même.

Peu d'effets spéciaux, quelques scènes surprenantes et bien sanglantes et le succès est au rendez-vous. Une saga est née, avec une particularité : chaque nouvel épisode est réalisé par un nouveau réalisateur qui va lui conférer une identité unique à chaque fois. Un nouveau souffle qui permet à son héroïne de se réinventer. C'est sans doute ce qui a persuadé Sigourney Weaver d'enfiler le costume de Ripley à trois reprises. Et pourtant… elle jurait à chaque fois que s'en était terminé de Ripley. Son personnage fétiche a évolué avec elle, dévoilant au spectateur une nouvelle facette dans chaque nouvel opus…

1986, Alien, le retour : "j'ai trouvé que les circonstances de se retrouver seule dans un nouvel univers était très attrayant."

En 1986, la suite Aliens, le retour, réalisée par James Cameron, connait un succès commercial supérieur et lui vaut une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Dans cette interview diffusée dans l'émission C'est encore mieux l'après-midi, Sigourney Weaver évoque dans un français quasi impeccable son personnage de Ripley qu'elle incarne pour la deuxième fois à l'écran. A manettes de ce second opus intitulé Alien, le retour, un certain James Cameron.

Au début de l'intrigue, "On commence avec Ripley qui se lève après 60 ans. Elle se retrouve dans une société étrangère, sans famille, sans boulot. Elle est discréditée. Et pour moi, je n'avais pas voulu encore en faire un autre [film], parce que j'aimais beaucoup le premier et je pense qu'il était très bien fait. Mais en tant qu'actrice, j'ai trouvé que les circonstances de se retrouver seule dans un nouvel univers est très attrayant. Je respecte James Cameron car il a voulu faire un film qu'on peut voir sans avoir vu le premier…" A propos de leur collaboration sur le tournage, elle précise : "Il était très ouvert à mes idées. Il m'écoutait tout le temps et souvent nous nous sommes battus l'un et l'autre pour le film. Parce que dans un film comme ça, avec tous les effets spéciaux, il faut que les acteurs insistent pour qu'on ait le temps d'explorer les scènes et les répéter."

Concernant l'éventualité d'un troisième film, elle était alors catégorique, elle ne souhaitait pas tourner une suite : "refaire la même chose? Non. Je l'ai fait deux fois…" Mais, plaisante-t-elle, personne ne pourra la remplacer. "Si j'étais le studio, je remplacerais Ripley par un petit nouveau de 17 ans, fort…"

Pour conclure l'interview, l'actrice lance un appel auprès des réalisateurs français et se dit libre pour tourner avec un réalisateur comme Bertrand Tavernier ayant adoré son film Around Midnight.

1992, Alien 3 : "J'ai une relation très intime avec lui."

Finalement, Sigourney va replonger dans l'aventure dans Alien. Il est réalisé par David Fincher. Métamorphosée, virilisée, le lieutenant Ripley débarque sur une planète prison où 25 prisonniers ont fait vœu de chasteté. Lors d'une interview matinale, Nicole Cornuz-Langois rencontre l'actrice qui se trouve ironiquement très "glamour" sur la photo du dossier de presse où elle apparaît rasée. Elle explique qu'elle a complètement adhéré à l'idée du réalisateur : "Quand le réalisateur a dit qu'il fallait raser, j'ai pensé immédiatement que c'était une très bonne idée."

Nicole Cornuz-Langois commente : "Plus téméraire que jamais, plus courageuse que les hommes elle est le lien entre les différents Aliens. En trois opus réalisés par trois réalisateurs différents son personnage a évolué.", ce que Confirme l'actrice : "Elle est un peu fâchée et désillusionnée et puis, à la fin, elle est très isolée. Elle commence une histoire d'amour mais elle n'a pas de chance."

Quant au monstre, il est toujours aussi affreux mais sa relation s'est approfondie avec lui : "le monstre représente la chose dont chaque personne a peur. Je pense que c'est très personnel. Pour moi je pense que c'est une créature des contradictions, très élégant, très érotique et dans cette histoire j'ai une relation très intime avec lui."

1997, Alien, Résurrection : "c'est le metteur-en-scène qui est la vedette qui apporte l'originalité et quelque chose de très unique à chaque fois."

Avec Alien, la résurrection, l'actrice retrouve une nouvelle fois son double cinématographique. Dans le film précédent, son personnage avait été tué et personne n'imaginait la revoir sous les traits de la guerrière intergalactique. En français, sur le plateau du JT de 20h00 de France 2, elle explique à Daniel Bilalian qu'elle a accepté ce challenge car Jean-Pierre Jeunet, qu'elle admirait, devait le réaliser. "C'est le metteur-en-scène qui est la vedette, qui apporte l'originalité et quelque chose de très unique à chaque fois." Concernant la manière dont Jeunet a abordé ce volet, elle déclare : "J'aime beaucoup l'humour très français…"

Cette fois, son personnage est un clone surhumain, ce qui lui a permis d'explorer de nouvelles facettes de Ripley. Si elle confie avoir très peur des films d'horreur, elle explique que ce sont les scénarios qui l'incitent à refaire un Alien. "Ce ne sont pas des histoires uniques mais il y a beaucoup de suspens et c'est très visuel aussi. Pour moi qui viens du théâtre, l'opportunité de jouer avec des metteurs-en-scène qui sont très visuels aussi, c'est une expérience pour moi."

Elle explique ensuite pourquoi elle était certaine que Jeunet conviendrait parfaitement à Alien, à partir l'observations qu'elle avait faites dans "Delicatessen, comme la claustrophobie ou les relations entre les humains, qui sont très touchantes. C'est clair qu'il a un amour pour les acteurs, pour les visages. Je suis ravie. Vraiment."

Puis Jean-Pierre Jeunet, présent sur le plateau, évoque son premier souvenir de son arrivée dans les studios pour le tournage : "le porche de la 20th Century Fox et forcément j'ai senti tout le poids du passé. Des grandes peintures murales, l'une c'est, "Sept ans de réflexion", l'autre c'est "Star wars" et on se dit : mais est-ce que je vais pouvoir succéder à ça? c'est très impressionnant. C'est très émouvant. Avoir un budget tellement énorme sur les épaules ! D'ailleurs, au début je ne pensais pas que ça se ferait. J'étais très décontracté et évidemment, c'est pour ça que ça s'est fait."

Ce qui l'a le plus étonné à Hollywood ? La grande modestie des stars américaines qui ont accepté de faire des castings : "Ils se sont tous pliés à ça car ils sont tous très professionnels". Il raconte ensuite comment Sigourney Weaver, à force d'entraînement, est parvenue pour une scène, a placer un ballon de basket dans un panier, à quinze mètres de distance. L'actrice, conclut humblement : "C'est un miracle".

L'actrice confie ensuite que ce qui l'intéresse dans ce type de film c'est l'équilibre entre l'action et les moments de survie saisis par les personnages : "J'ai eu une opportunité de jouer une Ripley très différente, peut-être une anti-Ripley qui est un peu plus comme un animal, qui est plus puissante."

Plus amusant, elle confie que bien que sur le tournage elle n'ait pas eu peur, lorsqu'elle a vu le film elle a été effrayée "à cause de la musique qui est ajoutée plus tard… ça me fait peur." 

"Ripley est un très grand personnage de cinéma et ça m'a donné l'occasion de travailler à chaque fois avec de très grands réalisateurs…"

Ellen Ripley marque un tournant dans les films de SF. Pour la première fois, l'héroïne était une femme et c'est le rôle qui a apporté la célébrité à l'actrice comme elle l'expliquait en 2000, dans l'émission de Frédéric Lopez, Comme au cinéma : "A l'origine mon rôle avait été écrit pour un homme. Au moment où j'ai été choisie les dialogues n'avaient pas été changés. J'ai été un peu bouleversée d'avoir été autant exposée alors que j'étais très timide. En plus, je n'avais pas aimé le tournage d'Alien. Ça m'a pris beaucoup de temps de m'habituer au succès. Mais pour moi le grand tournant par rapport au succès a été quand j'ai tourné SOS Fantômes. Là, je devais marcher dans la rue la tête baissée."

L'actrice va s'investir dans la saga des Aliens au point d'aller jusqu'à les co-produire. Dans le troisième, elle se métamorphose littéralement en se rasant la tête. Elle évoque ce challenge : "A ce moment-là, j'étais en Angleterre où se raser la tête n'avait rien d'exceptionnel. A l'époque, je trouvais ça drôle et moderne, mon mari m'a beaucoup soutenu. Après, mes cheveux ont repoussé un peu n'importe comment. Ça a prit beaucoup de temps. Il m'a dit plus tard que c'était assez austère comme look."

Les films d'angoisse, Sigourney en a ensuite tourné plus d'une dizaine. Elle en connait bien les mécanismes : "Beaucoup de gens aiment avoir peur. Ils aiment qu'on leur fasse vivre des aventures et qu'on les sorte d'eux même. Parfois les acteurs utilisent leur propre peur. Par exemple, s'ils ont peur que leur partenaire joue mal, ils l'utilisent."

Elle évoque le tournage d'une scène de Copycat, où elle est pendue à un filin d'acier, dont le tournage dura une semaine : "Quand j'ai lu le script la première fois, ce n'était pas aussi effrayant. Cette scène a été ajoutée après. C'était une scène très désagréable à faire, il fallait que je fasse très attention à ce que je ne me pende pas pour de vrai. Mais je voulais que le nœud soit très serré… C'était très compliqué."

Après Alien, on lui aura collé une étiquette d'actrice physique. Des rôles de femmes battantes qui lui collent à la peau… "Jouer dans des films d'angoisse m'a un peu éloigné des histoires d'amour, pourtant je pense que je suis plutôt bonne dans les histoires d'amour mais l'une des raisons pour lesquelles on ne m'en propose pas c'est que je suis très grande. Je suis toujours plus grande que les producteurs et ils imaginent toujours des femmes plus malléables et donc de taille normale." 

Pour aller plus loin

Sortie du film Alien en 1979. Record de recettes aux USA. Reportage sur le tournage du film de science-fiction Alien relatant le combat entre sept astronautes et un monstre. Interview du réalisateur Ridley Scott sur la genèse de son film et la qualité esthétique des décors. Les décors quasi organiques de Geiger, décorateurs au travail pendant le tournage et présentation de la maquette du vaisseau spatial Nostromo. 

2003, ressortie en DVD du film de 1979. (Vidéo)

Rencontre avec HR Giger, auteur de science-fiction, metteur en scène, sculpteur. L'artiste est le créateur d'Alien, l'extraterrestre du film de Ridley Scott (vidéo, 2004)

2017, sortie du nouvel opus de Ridley Scott Alien covenant (Vidéo)

Ridley Scott (Article) 

Les aliens, la quête du bon filon (Data culte, 2017) 

D'autres vidéos sur Sigourney Weaver 

Florence Dartois


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