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À quoi ressemblait le journal «Valeurs actuelles» avec Geoffroy Lejeune à sa tête

À quoi ressemblait le journal «Valeurs actuelles» avec Geoffroy Lejeune à sa tête

Le journaliste Geoffroy Lejeune, venu de «Valeurs actuelles», prend la direction du «Journal du dimanche». En 2016, le magazine «Complément d'enquête » de France 2 consacrait un reportage à l'hebdomadaire qui assumait pleinement sa ligne ultra-droitière.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 31.10.2019 - Mis à jour le 01.08.2023
Valeurs actuelles les nouveaux croisés - 2016 - 16:40 - vidéo
 

L'ACTU.

Le Journal du dimanche (JDD) a été en grève du 22 juin au 01er août 2023. En cause, l'arrivée de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de l'hebdomadaire Valeurs actuelles et marqué à l'extrême droite, comme directeur de la rédaction.

En 2016, le magazine d’investigation de France 2 «Complément d’enquête» consacrait un reportage de 16 minutes au magazine. Geoffroy Lejeune était interviewé à plusieurs reprises sur la pratique du journalisme au sein de la rédaction.

L'ARCHIVE.

Les images commencent par l’inauguration de nouveaux locaux dans le 16e arrondissement de Paris. À cette occasion, une nouvelle formule de l’hebdo était présentée. « Valeurs actuelles s'affiche comme le porte-voix d'une droite dure, décomplexée », annonçait le journaliste de « Complément d’enquête ».

Une ligne éditoriale clairement assumée par le magazine. « Notre but, c'est de continuer à gagner du terrain à la fois parce que nous sommes une entreprise, mais aussi parce que nous sommes un magazine engagé et nos idées gagnent du terrain », expliquait Yves De Kerdrel, directeur général du groupe Valmonde, propriétaire du magazine.

« On ne traite pas les sujets de manière neutre, on explique quels sont les enjeux politiques et idéologiques du moment et on s'empare aussi des sujets qui font le plus mal. La polémique sur le burkini, tout le monde en parle, mais on est les seuls à faire une couverture là-dessus », ajoutait Geoffroy Lejeune.

Le reportage interrogeait Tugdual Denis, ancien journaliste de L'Express et fraîchement arrivé à Valeurs actuelles : « C'est plus compliqué d'arriver dans un dîner et de dire que tu bosses à Valeurs actuelles plutôt qu'à L'Express. En revanche, c'est une plus petite équipe donc tu peux plus participer au laboratoire journalistique. »

Le magazine est également connu pour ses couvertures provocatrices sur l'Islam et l'identité française qui serait menacée. Quelques-unes étaient présentées à l’image. En 2015, il avait été condamné en appel à 2000 euros d’amende pour provocation à la discrimination, la haine ou la violence par le tribunal correctionnel de Paris après avoir sorti un dossier intitulé « Roms, l'overdose ».

Autre personnalité interrogée dans ce reportage, Patrick Buisson, il avait accepté d'accorder une interview à l'hebdo qui était le seul à défendre selon lui les valeurs de la droite (famille identité, patrie) : « Je pense que la clé politique elle est dans la capacité de la droite à réinvestir ce terrain et à défendre les valeurs qui ont toujours été les siennes », l'immigration représentant « un sujet central pour le destin collectif français » à ses yeux.

Valeurs de droite et peur de l'étranger

Les reporters de « Complément d’enquête » s’étaient glissés dans un dîner-débat très mondain organisé par Valeurs actuelles au bois de Boulogne en 2016. Le prix d’entrée était de 135 euros et seules 500 personnes étaient conviées. Des aficionados du magazine qui correspondait à « leurs idées » et qui disait la vérité, contrairement aux autres médias qui « cachaient beaucoup de choses ». Les couvertures chocs ne les gênaient pas : « ben, c’est la vérité » déclaré un participant venu du Nord.

Parmi elles, l’invité d’honneur Nicolas Sarkozy. À l’intérieur, pas de caméras, pas de presse, « on dîne entre amis ». « Complément d’enquête » parviendrait à enregistrer quelques propos de l’ancien président.

L'ancien président de la République prenait la parole avec des phrases chocs : « Je ne classe pas les civilisations, mais quand même. Si on veut que sa fille soit intégralement couverte de tissus, il y a des pays pour ça. Si on est énervé parce que sa femme conduit une voiture, il y a des pays où les femmes n'ont pas le droit de conduire. Si on est gêné d'être dans une piscine à côté d'une femme représentant la tentation suprême, on ne demande pas de devenir français et on ne vit pas en France, parce que chez nous, on ne vit pas comme cela. »

Interrogé par l'équipe du magazine d’investigation après le débat, Nicolas Sarkozy n'a pas voulu répondre.

À cette soirée, il y avait aussi Eloi Vancappel, élu municipal d'Oxelaëre et Benoit, son adjoint, les journalistes les retrouvent dans leur village, désolés de voir son église tombée en ruines. Dans leurs mots, une peur pointait, celle du « grand remplacement » : « Ici, c'est un lieu de vie indispensable. Ce sont nos valeurs, nos traditions, nos parents, nos grands-parents. [...] Ce sont des valeurs qui se perdent. Je suis persuadé que dans 20 ou 30 ans, les musulmans auront de l'argent pour faire de superbes mosquées et que la France n'en aura plus pour ses églises. Vous allez voir, c'est sûr et certain. »

Retour dans les emprises de Valeurs actuelles pour une conférence de rédaction autour des mots de Nicolas Sarkozy prononcé dans un meeting, le 19 septembre 2019, sur la France « des Gaulois ». Si la phrase fait polémique, « Ici pas de place pour le doute : Sarkozy a raison », c'est la gauche qui lui faisait un procès d'intention.

Pour Geoffroy Lejeune, le débat était clair, c'était un match : « entre des idéologues du multiculturalisme qui veulent imposer leur idéologie et les tenants de l'assimilation à la française qui veulent restaurer un modèle qui est en train de disparaître. Nous, on sait où on habite, on est clairement dans le camp assimilationniste et on va direct dans le nerf du débat, (...) eux, ils veulent le multiculturalisme, un projet que personne ne veut, que les Français ne veulent pas ».

Geoffroy Lejeune à la radio

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