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Avril 2003, quand la Chine minimisait l'essor de l'épidémie de SRAS

Avril 2003, quand la Chine minimisait l'essor de l'épidémie de SRAS

Alors qu'un mystérieux virus mortel se propage en Chine, faisant poindre le spectre d'une possible pandémie, retour en 2003. A l'époque, le SRAS se répandait en Chine dans un quasi silence des autorités.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 20.01.2020 - Mis à jour le 30.01.2020
 
Alors qu'un mystérieux virus mortel se propage en Chine, faisant poindre le spectre d'une possible pandémie, retour en 2003. A l'époque, le SRAS se répandait en Chine dans un quasi silence des autorités officielles.

Selon l'AFP, la Chine a fait état dans la nuit du 19 au 20 janvier 2019 du troisième mort frappé par un mystérieux virus apparu le mois dernier, alors que l'épidémie se propage vers le nord et le sud du pays et a gagné le Japon, la Corée du Sud, à quelques jours des grands chassé-croisés du Nouvel An chinois. En mars 2003, le gouvernement Chinois refusait que l'OMS enquête sur la maladie mais des critiques commençaient à se faire entendre. 

Depuis novembre 2002, la Chine faisait face à une pneumopathie mortelle. Ce reportage de Philippe Rochot du 4 avril 2003 fait le point sur la situation. L'OMS est pour la première fois autorisée à enquêter dans la région de Canton, foyer de l'épidémie de SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère). Privés d'information, les Chinois ne prennent quasiment aucune précaution comme le constate le correspondant sur place.

"Inconscients les Chinois du continent en pleine pneumopathie alors que les habitants de Hong Kong vivent dans la peur, la capitale de la Chine, elle, ne se protège guère. Pas plus d'une personne sur cinquante ne porte le masque dans la rue. Et encore, ce sont des étrangers ou des Chinois qui ont de la famille outre-mer."

Ce que confirme cette chinoise interrogée dans la rue : "La prévention est très importante mais on en parle peu en Chine. Nous lisons beaucoup la presse internationale et notre famille qui réside à l'étranger nous demande d'être très prudents."

Philippe Rochot souligne que "la moitié des 80 morts se trouvent en Chine. Dans cet immeuble de Pékin, la mort d'une employée a entraîné la fermeture d'une firme automobile française (Agilent technologies). Les Chinois continuent eux à travailler et ne supporte guère qu'on montre cette image de la Chine."

Lors de sa conférence de presse, le ministre de la santé chinoise, Zhang Wenkang, "assure même que l'épidémie diminue et que les voyages en Chine sont sans danger, alors même qu'il vient d'empêcher l'OMS d'enquêter à Canton pendant une semaine."

L'inquiétude est pourtant suffisamment grande pour que l'Ambassadeur de France en Chine, Jean-Pierre Lafon, pendant sa conférence de presse, invite les 5 000 Français vivant en Chine à ne pas céder à la panique : "La plupart des malades guérissent... et guérissent définitivement. "

A l'issue de la conférence, un Français, Arnaud Duval, résident français en Chine explique que dans la société où il travaille on leur a donné les précautions à prendre : "des masques ont été distribués, des numéros également et surtout, on nous a dit de ne pas paniquer mais de faire attention à ce qui pourrait nous arriver."

Philippe Rochot conclue : "A défaut de contenir l'épidémie, la Chine contient l'information ! Elle préconise pourtant pour se soigner ce médicament à base de plantes médicinales qui renforce l'immunité mais personne ne sait s'il est efficace."

Selon l'Institut Pasteur, le SRAS a été "la première maladie grave et transmissible à émerger en ce XXIe siècle. L’épidémie, partie de Chine fin 2002, a éclaté au niveau mondial en 2003 faisant plus de 8000 cas et près de 800 morts. Grâce à une mobilisation internationale sans précédent, motivée par l’alerte mondiale déclenchée le 12 mars 2003 par l’OMS, l’épidémie a pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. De même, l’agent causal du SRAS, un coronavirus inconnu jusqu’alors, a pu être rapidement identifié."

Pour aller plus loin

Journal de 13h00 de France 2 : la pneumopathie atypique continue de se propager dans le monde. Venue de Chine via Hong Kong, elle continue de faire des victimes. 60 à ce jour. 1600 malades avérés. 3 nouveaux cas suspects en France. (31 mars 2003)

Journal de 13h00 de France 2. Reportage à Tourcoing où est soigné le premier Français atteint par le SRAS. La communauté internationale travaille sur la mise au point d'un vaccin. Situation en Chine. Conférence de presse de Henk Bekeman, de l'organisation mondiale de la santé : "contrôler une maladie signifie qu'on enregistre une baisse d'un certain nombre de cas, ça n'est pas l'élimination ou l'éradication, or nous savons que tant que l'épidémie n'est pas éliminée, elle peut revenir et s'étendre" .


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