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Avec le RER, la banlieue obtient (enfin) son métro

Avec le RER, la banlieue obtient (enfin) son métro

Lors d'une séquence postée sur YouTube le 27 novembre, Emmanuel Macron a annoncé le développement d'un RER dans 10 grandes agglomérations françaises. En région parisienne, le premier RER remonte à 1969, avec l'inauguration du premier tronçon de la ligne A, entre Paris et le Val-de-Marne. La fin d'une longue déconnexion pour la banlieue, oubliée de la capitale par une décision remontant à la fin du XIXe siècle.

 

Par Cyrille Beyer - Publié le 08.12.2009 - Mis à jour le 28.11.2022
 

L'ACTU.

Le 27 novembre 2022, dans une séquence consacrée à l'écologie postée sur YouTube, le chef de l’État Emmanuel Macron a annoncé le projet de développer un réseau de RER dans 10 grandes métropoles françaises. « Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu'on se dote d'une grande ambition nationale : dans dix grandes agglomérations, dans dix métropoles françaises, de développer un réseau de RER, un réseau de trains urbains », a-t-il précisé aux internautes. En Île-de-France, le Réseau Express Régional (RER) regroupe des trains régionaux circulant à une cadence élevée. Il s'est progressivement étendu depuis les années 1960. Le premier tronçon du RER a été inauguré le12 décembre 1969. Il était alors appelé « métro régional » et reliait la gare de Nation, à Paris, à la ville de Boissy-Saint-Léger, dans le Val-de-Marne.

L'ARCHIVE.

Le lendemain de son inauguration, la deuxième chaîne de l’ORTF diffusait dans sn journal de 20h00 un reportage sur cette révolution des transports en Île-de-France qui devait « bouleverser la vie de milliers de gens ». Dans l'archive présentée en tête d'article, Paula, une jeune Francilienne, habitant Boissy-Saint-Léger, se prêtait au jeu en effectuant pour les caméras de la télévision son voyage quotidien vers Paris dans le nouveau train flambant neuf du « métro régional ».

Un trajet qui lui faisait économiser « plus d’une heure par jour », dans un confort apprécié, l’aménagement de la rame étant à son goût, « pas mal, clair, aéré ». Seul bémol à cette modernité, « les banquettes, un peu dures ».

En 1970, l'intérieur d'un train du « métro régional ». Crédit : INA

Les nouvelles stations, tout aussi modernes que les trains, étaient équipées en services : « Maintenant, c'est ici qu’il fait bon flâner », commentait le journaliste à propos des aménagements en gare de Nation. Plus remarquable encore, l’installation systématique de portillons automatiques avec billets magnétiques, gage d’une meilleure fluidité.

L’inauguration de ce premier tronçon Est du « métro régional » était suivie par l’ouverture du tronçon Ouest reliant La Défense à Étoile, en février 1970, puis jusqu’à la station Auber, dans le quartier parisien de la gare Saint-Lazare, en novembre 1971.

Photographie prise en 1972 de la nouvelle station Auber, à l'époque le terminus du tronçon Ouest. Crédit : INA

L'arrivée du RER était une véritable révolution pour les habitants de la banlieue parisienne. Pour mieux comprendre l’importance d’une telle évolution, il nous faut remonter le temps.

Paris contre l’État

Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, avec le développement économique et démographique de la capitale et de sa banlieue, l’État et la ville de Paris se disputèrent sur les choix stratégiques à mettre en œuvre pour améliorer les transports.

Paris choisit le métro
1977 - 03:39 - vidéo

L’Etat souhaitait favoriser l’interconnexion avec les lignes de province et le réseau ferré, à l’aide de souterrains à grand gabarit. Paris, au contraire, désirait un réseau plus dense limité à sa périphérie, avec des stations et des trains plus petits. D’autres villes modernes, comme Londres ou New York, devaient trancher la même question.

Les élus de la capitale emportèrent la partie, contre les députés de l’Assemblée nationale et du lobby du chemin de fer, et décidèrent en 1898 de la construction du métropolitain. Dès lors, les Parisiens bénéficieraient d’un système de locomotion dense et rapide.

Par contre, les habitants de la banlieue qui se rendaient tous les jours dans la capitale pour travailler devraient s’y rendre en train jusqu’aux nombreuses gares parisiennes. De là, ils descendaient en sous-sol pour emprunter le réseau du métropolitain. Il s’agit donc d’un système avec rupture de charge, c’est-à-dire que les voyageurs obligés de changer de moyen de transport, perdaient un temps considérable.

La banlieue enfin reliée à Paris

En 1965, le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne décidait de la construction d’une nouvelle ligne qui reprend l’idée portée par l’État au XIXe siècle, à savoir une liaison entre Paris et sa périphérie sur une ligne de train sans rupture de charge.

C’est donc une évolution radicale dans la façon d’envisager les transports franciliens : la banlieue serait enfin reliée à Paris par un métro.

Photographie prise en 1970 de la station Etoile. Crédit : INA

« Le plus grand chantier du XXe siècle »

Après une décennie de travaux nécessitant d'immenses efforts d'ingénierie, la ligne complète était inaugurée le 8 décembre 1977, prenant le nom officiel de RER A. Les tronçons Est et Ouest réunis avec la construction des gares RER de Châtelet-les-Halles et de la gare de Lyon.

En plus, une nouvelle ligne desservait à l'Est les villes situées au Nord du Val-de-Marne, jusqu'à Noisy-le-Grand Mont-d'Est (il faudra attendre 1992 pour que la ville de Marne-la-Vallée et son parc de Disneyland soient reliés).

Pour témoigner de ce gigantesque chantier encore en cours (de nouvelles lignes de RER seraient prévues), pour Paris et sa région, « le plus grand du XXe siècle », le journaliste de TF1 Michel Chevalet prenait place à bord du RER A, parcourant les 30 km qui séparaient La Défense de la gare de Noisy-le-Grand en « seulement 31 minutes », un « temps record pour traverser Paris ».

RER A
1977 - 02:47 - vidéo

Le RER fut inauguré en grande pompe par le maire de Paris Jacques Chirac et le président de la République Valéry Giscard d’Estaing, qui militait dans son discours pour le développement des transports en commun dans la région capitale en déclarant : « Tout justifie que, loin de permettre dans les villes un usage immodéré de la voiture individuelle, nous donnions la priorité aux transports collectifs : les besoins du public, la rareté de l’espace, la nécessité de protéger l’environnement, celle d’économiser l’énergie. »

Aujourd’hui, la ligne A du RER, avec ses 308 millions de voyageurs par an, est la ligne la plus fréquentée d’Europe. Chaque jour, ses trains parcourent 40 000 km, soit l’équivalent d’un tour complet de la terre, emmenant près de 640 000 voyageurs aux heures de pointe.

Autant dire que pour les Parisiens et les Franciliens, le RER A est une ligne incontournable, qui souffre cependant, comme les autres lignes, de saturation et d'un vieillissement des matériels.

À l'heure où la capitale travaille au futur Grand Paris et au développement des transports en commun, la préoccupation des Franciliens pour plus de mobilité et un réseau de qualité reste plus que jamais d'actualité.

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