Aller au contenu principal
Arbitrage féminin en 1967 : «Voilà ce que les femmes subissaient»

Arbitrage féminin en 1967 : «Voilà ce que les femmes subissaient»

Après avoir été la première femme à arbitrer un match de l'Euro, Stéphanie Frappart devient la première arbitre d'un match de la Coupe du monde masculine. L'occasion de s’intéresser à l’arbitrage féminin apparu dans les années 1960. À l’époque, il n’était pas pris au sérieux.

 

Par Jérémie Gapin - Publié le 28.05.2019 - Mis à jour le 30.11.2022
La femme arbitre - 1967 - 03:14 - vidéo
 

L'ACTU.

Jeudi 1er décembre, Stéphanie Frappart devient la première femme à arbitrer un match dans une Coupe du monde de foot masculine, elle va arbitrer la rencontre entre l’Allemagne et le Costa Rica. Que de chemin parcouru depuis les années 1960, époque où les arbitres femmes apparaissaient pour la première fois sur les terrains. Mais dans ces années-là, l'arbitrage féminin paraissait anecdotique à la gent masculine qui ne se privait pas de commentaires misogynes lors des rares interviews des intéressées.

En janvier 2021, Jérémie Gapin de la rédaction de l'INA avait demandé à Laura Georges, ancienne joueuse internationale en équipe de France et secrétaire générale de la Fédération française de football en charge de la promotion de l’arbitrage féminin, de réagir à la vidéo proposée en tête d'article. Il s'agit d'une interview de l'arbitre Geneviève Lac, obligée de répondre aux questions machistes d'un journaliste de l'ORTF en 1967. « Vous pensez que c'est la place d'une jeune fille d'arbitrer ? », « Est-ce vraiment la place d'une jeune fille de faire cette activité ? » ou « Si vous étiez mariée, arbitreriez-vous quand même ? ».

L'INTERVIEW DE LAURA GEORGES.

INA - Dans cette archive de 1967, Geneviève Lac, jeune arbitre de football, doit répondre aux questions machistes du journaliste. Quelle est votre réaction quand vous voyez cette vidéo ?

Laura Georges - Cette archive nous ramène à la vision qu’avaient les journalistes sur les femmes dans le sport. Les questions sont stéréotypées. Quand le journaliste demande comment devient-on femme arbitre, la question devrait simplement être : comment devient-on arbitre ? Est-ce que ce n’est pas gênant d’arbitrer des hommes ? Ce sont clairement des stéréotypes. Ces gens n’avaient pas l’habitude de voir des femmes dans la pratique d’un sport. Ils n’y connaissaient pas grand-chose et s’interrogeaient. Voilà ce que les femmes subissaient quand elles faisaient un sport. Que ce soit arbitres ou joueuses, c’était ça !

Plus de 50 ans après, est-ce que c’est une archive qui pourrait être toujours d’actualité aujourd’hui ?

Non, on n’entend plus ces commentaires, ou alors je ne l’espère pas ! Je pense qu’on a bien évolué. Après, c’est rare d’avoir des arbitres femmes de haut niveau. Stéphanie Frappart a montré la voie, il y aussi Manuela Nicolosi (arbitre assistante en deuxième division). On a eu auparavant Corinne Lagrange mais aussi Nelly Viennot au très haut niveau. Le but, c’est de promouvoir et de développer l’arbitrage afin qu’il y ait de plus en plus de filles qui s’y mettent. Il faut pousser les joueuses et les arbitres afin de susciter des vocations.

Dans cette archive, Geneviève Lac arbitre au niveau amateur. Est-il plus difficile d’arbitrer au niveau amateur que professionnel ?

On peut avoir des gens qui peuvent être très machos. On a de tout ! Le plus dur, c’est d’arbitrer au plus bas niveau, car il n’y a pas vraiment de contrôle de l’arbitrage ni du public autour des matchs de football. Le public peut être plus virulent ou plus dur !

Découvrez une archive consacrée à Laura Georges, arrière de l'équipe de France en 2010.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.