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Les souvenirs d'Alexandra David-Néel, première exploratrice à entrer au Tibet

Les souvenirs d'Alexandra David-Néel, première exploratrice à entrer au Tibet

28 janvier 1924. Alexandra David-Néel entre à Lhassa, capitale tibétaine. Elle est la première occidentale à pénétrer au Tibet interdit et à y vivre. Elle avait 55 ans. Près de 50 ans plus tard, à 101 ans, elle racontait son attirance pour l'Asie, pour le bouddhisme et le yoga, dans un ultime entretien à la télévision.

 

Par Florence Dartois - Publié le 23.08.2019 - Mis à jour le 29.12.2023
Interview d'Alexandra David-Néel - 1969 - 08:54 - vidéo
 

L'ANNIVERSAIRE.

28 janvier 1924. Alexandra David-Néel entre à Lhassa capitale du Tibet. Elle est la première occidentale à pénétrer au Tibet interdit et à y vivre. Elle avait 55 ans. Près de 50 ans plus tard, à 101 ans, elle racontait son attirance pour l'Asie, pour le bouddhisme et le yoga.

Le voyage au Tibet

Chanteuse lyrique, exploratrice, aventurière, anarchiste, féministe, écrivaine et grande orientaliste, Alexandra David-Néel, née le 24 octobre 1868 dans une famille bourgeoise de la région parisienne, a mené une vie exceptionnellement libre, pour son époque, et riche en aventures extraordinaires. Passionnée de philosophie orientale, en 1911, à 43 ans, elle obtient une bourse ministérielle pour un voyage d'études aux Indes. Laissant derrière elle un mari et un enfant, elle quitte le confort de son salon pour les routes d'Asie. Partie pour quelques mois, elle ne rentrera en Europe que 14 ans plus tard. Durant son périple, elle va visiter l'Inde, la Chine, le Japon et le Tibet en s'immergeant dans les philosophies bouddhistes et hindouistes.

Mais son grand rêve, l'aventure de sa vie, c'est de fouler la terre du Tibet. Durant son voyage, elle adopte un garçon de 15 ans (Aphur Yongden) qui l'accompagnera désormais. Se liant d'amitié avec un moine bouddhiste, elle entame son voyage vers le « Toit du monde » interdit aux Occidentaux. Pour y parvenir, elle ira jusqu'à se grimer en mendiante tibétaine se fonçant sa peau avec de la poudre de cacao. Voyageant de préférence de nuit, le trio devait se cacher la journée. Ils manqueront plusieurs fois de mourir de froid et de faim, allant jusqu'à manger le cuir de leurs bottes... Après avoir passé des cols à plus de 5000 mètres d'altitude, les faux tibétains arrivent enfin à Lhassa. Le voyage depuis le Yunnan aura duré quatre mois.

Dans un entretien radio du 17 mars 1946, à écouter ci-dessous, l'exploratrice racontait quelques souvenirs de ce voyage dans le Tibet septentrional : sa rencontre avec des loups affamés, le froid et la fatigue des chevaux. La nécessité de bouger pour ne pas mourir gelés, les ermites rencontrés autour des lacs de montagne, les pluies diluviennes...

L'ARCHIVE.

L'archive disponible en tête d'article est un entretien télévisé exceptionnel réalisé par Arnaud Desjardins avec l'exploratrice. Il a été diffusé le 2 novembre 1969 dans « L'invité du dimanche ». Il s'agit de sa dernière entrevue enregistrée peu avant son décès survenu le 8 septembre 1969. À 101 ans, elle n'avait rien perdu de sa ferveur. Cette interview fut l'occasion pour elle d'évoquer sa passion : le bouddhisme et d'en donner les fondements : « Le bouddhisme du Bouddha se résume en trois choses : la permanence, la souffrance et le non-moi. Il n'y a pas de personnalité homogène qui existe dans l'individu. » La centenaire orientaliste décrivait ensuite ce que représentait « l'illumination » expérimentée par le Bouddha.

Elle évoqua aussi dans cet entretien un autre pan de sa vie, le Yoga, qu'elle qualifiait de « philosophie absolument intellectuelle ». Pour elle, le Hatha-Yoga était une sorte de dégénérescence et surtout une pratique physique pour maintenir la santé, mais ce n'était pas, à son avis, la véritable essence du yoga.

Elle évoquait aussi la relativité de la vérité, basée sur la perception de nos sens, et bien différente que l'on soit un humain qui observe un arbre ou une fourmi, pour qui le même arbre représentera « tout un monde ».

La conversation s'achevait sur le courrier qu'elle recevait quotidiennement. Elle expliquait que de nombreuses personnes lui demandaient de faire des miracles : « Quelquefois, je fais des miracles tout de même ! », plaisantait-elle, en partageant une anecdote concernant une guérison miraculeuse qui lui avait été attribuée. Elle regrettait cependant que cela ne fonctionne pas sur elle. « Je n'ai pas la foi », concluait-elle.

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