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Accoucher sous X, le lien maternel brisé

Accoucher sous X, le lien maternel brisé

Le film "Pupille" est sorti sur les écrans. Il traite de l'accouchement sous X. En France, environ 600 cas par an sont répertoriés. Un acte difficile pour la mère mais aussi pour l'enfant.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 04.12.2018 - Mis à jour le 05.12.2018
Témoignage d'une jeune fille adoptée - 1991 - 02:14 - vidéo
 

« J’ai ressenti le besoin de connaitre ma mère, de savoir qui elle est, de savoir son origine. »

                                                                Anne, 16 ans

Chaque année, environ 600 naissances sont enregistrées sous X en France.  C'est 16 fois plus que dans les années 70, avec 10 000 naissances sous X qui étaient répertoriées. Un acte qui permet aux femmes d’accoucher sans déclarer leur identité mais aussi de laisser des éléments pour l’enfant si il décide de retrouver leur trace. Les causes de l'abandon sont multiples : sans profession ou ressources propres, pression sociale forte ou encore sans famille.

L’accouchement sous X est une pratique qui existe depuis longtemps. Dès le 17ème siècle, une mère pouvait déposer son nourrisson dans la tour d’un hospice, autrement appelée une tour d’abandon. De l’autre côté, quelqu’un pouvait faire pivoter cette tour afin de recueillir l’enfant sans voir le visage de la mère. Les tours d’abandon furent fermées en 1863. Mais c’est la loi du 2 septembre 1941 qui a instauré les principes actuels de l’accouchement sous X. Les femmes donnant naissance anonymement bénéficient ainsi de la gratuité des frais hébergement.

Dans ce reportage de l'émission "C'est pas juste" diffusée en 1991 sur France 3, Anne explique avoir été abandonnée dès la naissance. A quelques jours seulement, elle est placée dans un institut pour l’adoption. 18 ans plus tard, en 1991, elle veut retrouver sa mère biologique. 

Anne assure ne pas en vouloir à sa mère biologique : «Je ne la jugerai pas pour ce qu’elle a fait. J’essaye de me mettre à sa place suivant ses conditions sociales. Je lui demanderai pourquoi elle a fait ça puis j’essaierai de comprendre mais je ne lui mettrai pas la pression. Elle a fait ça car elle a jugé bon de le faire.»

"La pouponnière d’Antony accueille une centaine d’enfants. Parmi eux, 10 nourrissons attendent la confirmation de leur abandon avant d’entrer dans une famille adoptive."

L’accouchement sous X peut être un traumatisme pour l’enfant mais aussi pour la mère. La loi Mattéi de 1996 permet à la mère de bénéficier d’un accompagnement psychologique si elle le souhaite. Si une mère décide d’accoucher anonymement, elle n’a que deux mois pour revenir sur sa décision et garder l’enfant. Passé ce délai, il est placé dans un organisme français autorisé pour l’adoption.

Dans l’émission «D’un monde à l’autre» diffusée sur France 2 en 1998, plusieurs mères témoignaient de l’accouchement sous X. Alexandra, 20 ans à peine, donnait les raisons de cet abandon : «Quand le médecin m’a annoncé ma grossesse, j’ai fait une petite déprime. Ça fait un an que je suis avec le papa, on ne vit pas ensemble. Je ne me sentais pas assez mure pour lui donner tout l’amour et l’affection». Elle rajoutait : «Je ne me sens pas encore prête. Je me sens seule et j’ai encore besoin de toute ma famille. Le choix que j’avais à faire, c’était entre ma famille et mon bébé. C’est triste à dire mais j’ai choisi ma famille. C’est dans le secret, sous X comme on dit…»

Le film Pupille raconte l’adoption d’un bébé né sous X. La France et le Luxembourg sont les deux seuls pays a permettre à la mère d’accoucher anonymement et de préserver leur statut à vie.


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