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Biélorussie : Alexandre Loukachenko, le président «omniprésent»

Biélorussie : Alexandre Loukachenko, le président «omniprésent»

Lundi 15 novembre, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne va renforcer ses sanctions contre le régime d’Alexandre Loukachenko, alors que la crise des migrants à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie révèle encore un peu plus le cynisme et l’inhumanité de celui que France 2 qualifiait en 2006 de « dernier dictateur d’Europe ». 

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 13.08.2020 - Mis à jour le 15.11.2021
La Biélorussie, dernière dictature d'Europe - 2006 - 01:50 - vidéo
 

Depuis plusieurs semaines, des milliers de migrants en provenance du Moyen-Orient campent à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, dans l’espoir de rejoindre les pays de l’Union européenne. Cette dernière accuse le régime du président Alexandre Loukachenko d’avoir orchestré la venue de ces migrants dans l’espoir de faire plier l’UE et lui faire abandonner les sanctions imposées à la Biélorussie suite à sa répression contre les opposants au régime.

En août 2020, suite à la réélection avec 80% des voix du président Alexandre Loukachenko, l’Union européenne avait réagi avec force, dénonçant le non-respect de l’état de droit par la Biélorussie. En juin 2021, l’UE mettait en place des sanctions contre le régime, pour protester contre la répression qu’il faisait subir aux opposants politiques.

En 2006, à l'occasion de l'élection présidentielle, un reportage de France 2 dressait le portrait d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir en Biélorussie depuis 1994. « Omniprésent à la télévision, que ce soit en hockeyeur, en latin lover, ou en mineur de fond », il régnait déjà en maître sur ce pays de 9 millions d'habitants.

Alors candidat à sa réélection, l'homme fort du pays cultivait « son image de petit père du peuple prévisible ». Au fond d'une mine, coiffé d'un casque, le président-candidat déclarait ainsi aux caméras : « Vous savez, les gens du peuple, ils se disent, ce Loukachenko, bon ben on en a un peu marre, mais avec lui ça marche, et au moins, on le connaît ! »

Sécurité et stabilité

Né de la dissolution de l'URSS en 1991, la Biélorussie semble cependant être restée à l'heure soviétique : « C'est un peu comme si ici l'URSS n'avait jamais cessé d'exister », explique le reportage. Et de citer des statistiques économiques qui illustrent le fossé entre les économies libérales modernes et la Biélorussie : « 80% de l'économie sous contrôle étatique, pas de ces privatisations sauvages qui ailleurs [une référence directe à la Russie] ont enrichi quelques uns pour dépouiller beaucoup d'autres, des salaires certes bas selon nos standards mais réguliers et plutôt en hausse ». Interviewée sur son lieu de travail, une ouvrière témoignait favorablement : « En Biélorussie, on s'occupe beaucoup de nous, et ça me plaît. C'est la sécurité et la stabilité ».

La sécurité en tout cas semblait omniprésente. Selon le reportage de France 2, le pays vivait en effet sous le joug d'un « état policier comme on en fait plus en Europe ». En faisaient les frais tous ceux qui tentaient de se soustraire à la ligne officielle dictée par le président Loukachenko, comme ce journal indépendant, La volonté du peuple, interdit selon son directeur « d'imprimerie, de kiosque et de système de distribution. »

Même le monde culturel était affecté par la mainmise du pouvoir. Les représentations théâtrales indépendantes se faisaient le plus souvent clandestinement. Un metteur en scène listait ainsi les thèmes interdits de représentation : « la violence, la politique, l'homosexualité, le suicide... »

Au soir du 19 mars 2006, Alexandre Loukachenko était réélu sans surprise avec 82,60% des voix. Un reportage diffusé le lendemain sur France 2 faisait état de manifestations de l'opposition sur la place centrale de Minsk : « Une mobilisation étonnante dans le climat de la Biélorussie d'aujourd'hui. Car ces manifestations sont interdites. Depuis des jours déjà, les autorités menaçaient de poursuites tous ceux qui s'y rendraient. »

Les observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) jugeaient quant à eux l'élection comme « non démocratique, avec une campagne électorale inégale et émaillée d'arrestations. »

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