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1995, Nelson Mandela, "Je ferais la même chose..."

1995, Nelson Mandela, "Je ferais la même chose..."

Le 10 mai 1994, quelques jours après avoir été élu à la présidence de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela prêtait serment aux Union Buildings de Pretoria. Le 24 janvier 1995, dans un entretien télévisé, "Madiba" revenait sur son parcours et sur son combat contre l’inégalité au prix de sa propre liberté.

 

Par Florence Dartois - Publié le 07.05.2019 - Mis à jour le 07.05.2019
Mandela - 1995 - 03:01 - vidéo
 

Cet entretien exclusif est obtenu par la journaliste Dorothée Ollieric à l'occasion de la parution du livre autobiographique de ses Mémoires, Un long chemin vers la liberté. Nelson Mandela, détendu, lunette noires, tout de kaki vêtu, commence par retracer la genèse de ce texte : "J'ai écrit cette autobiographie en prison. Je me suis souvenu de tout ce qui s'est passé dans le pays. Bien-sûr, je l'ai fait dans l'espoir que cela influence ceux qui encore aujourd'hui luttent pour leur libération".

Celui qui a passé 27 ans de sa vie enfermé revient ensuite sur l'origine de son étonnante demande de repousser sa libération d'une semaine, il s'explique : "c'était pour permettre à mes amis d'organiser ma libération. J'étais prêt. J'étais impatient bien-sûr, parce que la prison est une véritable tragédie. Qu'importe la façon dont vous êtes traité, vous ne pensez qu'à la liberté, à rejoindre votre famille, vos amis politiques. A respirer à l'air libre ! Vous voulez profiter de la beauté de votre pays. Toutes ces choses me rendaient fou, j'étais impatient ! Je voulais sortir mais néanmoins je voulais laisser à mes collègues le temps de préparer cette libération."

La journaliste lui demande ensuite ce qu'il pense de ses détracteurs qui l'accusent alors d'avoir laissé de côté les Noirs pour s'occuper de la réconciliation avec les Blancs ? Très calme, il déclare : "Quand on parle du problème du logement, de l'emploi, de l'éducation, de la santé, de l'eau potable, de l'électricité ou de la construction des routes, nous pensons avant tout à ceux qui nous ont porté au pouvoir. Nous avons évité la guerre civile dans ce pays. Et quand nous avons fait tout cela, nous avons aussi pensé à l'intérêt de nos électeurs. Mais bien-sûr, nous sommes aujourd'hui au gouvernement et nous ne pensons plus seulement à ceux qui ont lutté. Nous pensons aussi maintenant aux craintes des minorités qui se demandent ce qui va leur arriver. Aujourd'hui ceux qui ont été opprimés pendant des siècles ont été libérés. Ils se sont libérés eux-mêmes.".

A la fin de la rencontre, Dorothée Ollieric lui pose cette dernière question : "Malgré toutes vos souffrances, seriez-vous prêt à tout recommencer? " Il répond avec un sourire emprunt de sagesse : "Je ferais la même chose mais avec l'avantage de connaître mes erreurs et cette fois j'essayerais de les éviter ".

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