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1993, l'assassinat de René Bousquet : justice ne sera pas rendue

1993, l'assassinat de René Bousquet : justice ne sera pas rendue

Le 8 juin 1993, René Bousquet meurt assassiné dans son domicile parisien. Haut fonctionnaire du régime de Vichy, il avait été inculpé deux années plus tôt pour crimes contre l'humanité. Son procès devait se tenir à l'automne 1993. La main d'un déséquilibré en jugera autrement...


Par la rédaction de l'INA - Publié le 07.06.2018 - Mis à jour le 07.06.2018
Assassinat Bousquet factuel - 1993 - 02:04 - vidéo
 
Ce mardi 8 juin 1993 au petit matin, un homme sonne à la porte de René Bousquet, au 34 avenue Raphaël, dans le 16e arrondissement. René Bousquet, âgé de 84 ans, n’est pas un retraité comme les autres. Il se méfie, n’ouvre jamais la porte, vit constamment sur ses gardes.

Le visiteur indique vouloir remettre en mains propres un document de justice. Sous son journal, il cache un revolver. La ruse fonctionne, et René Bousquet ouvre sa porte. Touché par les balles, il s’écroule.

Celui qui vient de mourir n’est pas un inconnu. Dans quelques mois doit s’ouvrir son procès pour crimes contre l’humanité. Il est accusé d’être responsable de la déportation de milliers de juifs sous l’Occupation.

A cette époque, René Bousquet est en effet un haut fonctionnaire du régime de Vichy, si influent dans la politique collaborationniste avec l’Allemagne nazie qu’il sera qualifié par Heinrich Himmler, le chef de la SS, de « collaborateur précieux  ».

Après la Libération, René Bousquet est jugé en 1949 par la Haute cour de justice et condamné à 5 ans de dégradation civique. Un procès qui occultera cependant totalement son rôle dans la déportation des juifs.

Comme l’explique l’avocat Serge Klarsfeld, qui s’est battu toute sa vie pour que la justice soit rendue aux milliers de juifs déportés victimes sous l'Occupation, « pour qu’il y ait un nouveau procès, il fallait une nouvelle loi, votée en 1964. Pour qu’elle soit appliquée dans le cas de Bousquet, il fallait des faits nouveaux […] Quand Jean Leguay (un autre haut fonctionnaire français du régime de Vichy, inculpé pour crimes contre l’humanité en 1979) est mort au terme d’une longue instruction, nous avons déposé plainte contre Bousquet en dénonçant des faits nouveaux ».

René Bousquet, inculpé par deux fois de crimes contre l’humanité en 1991 pour les rafles de 1942, et en 1992 dans le cadre du dossier Papon instruit à Bordeaux, devait donc finalement être jugé à l’automne 1993, permettant enfin aux Français de connaître toute la vérité sur cette sombre période de l’Histoire.

Un déséquilibré cherchant la notoriété en aura décidé autrement. Car il s’agit bien d’un déséquilibré : Christian Didier, retrouvé par la police quatre heures après son assassinat. Entre temps, il avait appelé les rédactions pour revendiquer son geste et leur demander la tenue d’une conférence de presse. A la police, il explique avoir agi par vengeance. En 1987, il avait déjà tenté d’assassiner Klaus Barbie, un haut responsable nazi alors jugé à Lyon. Christian Didier n’aura eu de cesse toute sa vie de rechercher l’attention médiatique, en interrompant émissions de télévision et événements, dès lors que des caméras pouvaient être braquées sur lui.

Avec l’assassinat de René Bousquet, Christian Didier sera parvenu à entrer dans l’Histoire, mais par la petite porte, en privant tout un pays d’un procès qui aurait pu rendre une vraie justice en reconnaissant coupable l'ancien collaborateur de crimes contre l'humanité.


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