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1992, Didier Bezace à propos de son rôle de flic zélé dans "L 627"

1992, Didier Bezace à propos de son rôle de flic zélé dans "L 627"

Didier Bezace, comédien et metteur en scène est mort le 11 mars 2020, il y a un an déjà. Parmi ses rôles marquants, celui d'un flic dévoué dans le film "L 627" de Bertrand Tavernier. En 1992, en compagnie du réalisateur, il évoquait son personnage engagé dans société en déliquescence.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 12.03.2020 - Mis à jour le 10.03.2021
 
Didier Bezace, comédien et metteur en scène est mort le 11 mars 2020, il y a un an déjà. Il avait 74 ans. Parmi ses rôles marquants, celui d'un flic dévoué dans le film "L 627" de Bertrand Tavernier. En 1992, en compagnie du réalisateur, il évoquait son personnage engagé dans société en déliquescence.

Le 8 septembre 1992, dans l'émission Le Cercle de minuit, à la veille de la sortie du film policier de Bertrand Tavernier, l'acteur principal Didier Bezace et le réalisateur s'entretiennent du film avec Michel Field. L'animateur précise que le long métrage évoque la police de manière originale et accablante. Un portrait que le ministre de l'Intérieur d'alors, Paul Quilès n'a d'ailleurs pas manqué de critiquer, générant une polémique.

A la veille de sa projection en salles, l'ambiance est donc particulièrement tendue. Michel Field résume le synopsis de L 627 qu'il qualifie de quasi "révolution galiléenne du cinéma". Il poursuit "Il y a quelque chose dans "L 627" qui s'attache à casser les vieux schémas de représentation sur la police. On suit un policier dans le quotidien de son boulot, de ses enquêtes, avec ses indics, ses collègues, avec ses supérieurs hiérarchiques et que le constat que Tavernier en tire est un constat accablant. Accablant sur l'état de la police en France et accablant sur l'hypocrisie de chacun d'entre nous qui préférons détourner les yeux parce que s'il y avait vraiment un adjectif à donner au film de Tavernier ça serait qu'il est vraiment dérangeant".

Il les interroge sur la réaction du ministre de l'Intérieur, qui les a accusés d'être caricaturaux.

Bertrand Tavernier s'avoue attristé par cette réaction : "car je ne pensais pas qu'il aurait la stupidité de faire ça et en même temps il devient attaché de presse, c'est formidable. Ça sera un métier où il pourra se recycler." conclut-il ironiquement. Il plaisante encore "C'est les boules Quilès !" Lui-même fait l'analogie avec Galilée et le fait que les intéressés refusent de regarder la situation en face : "Je trouve ça un peu triste."

 "Le film, il est sur la police mais il est sur un état dans lequel on est tous, à la fois d'indignation, de rage et de lassitude."

Didier Bezace évoque à présent son rôle si particulier dans une époque tourmentée : "J'ai plongé dans le scénario et dans le tournage (…) Je me suis attaché à une pratique du métier qui nous menait dans nos actions. Le type que j'interprète est fatigué mais têtu. Fatigué mais entêté, comme on doit l'être un peu tous en ce moment en France. Je crois que le film, il est sur la police mais il est sur un état dans lequel on est tous, à la fois d'indignation, de rage et de lassitude."

Michel Field précise : "l'article L 627 c'est celui qui réprime les infractions sur la drogue et tout le film se passe dans cette sorte de poursuite inlassable de flics et de dealers. Un combat interminable et méprisé de la hiérarchie."

Didier Bezace confirme le constat glaçant dressé par le film : "Le personnage que je joue, il aime ce métier et il est constamment entre la rage d'aimer le métier et de ne pas pouvoir bien le faire et puis l'espèce de résistance très grande qu'ils ont tous. Parce que ce sont des gens tenaces et qui retournent au labeur. Ce sont des gens de labeur. Ce film touchera les spectateurs parce qu'à travers ce métier-là, qui est un peu mythique dans nos têtes, il y a des hommes et des femmes ordinaires qui travaillent et ils ont besoin, ces gens-là, que leur travail ne soit pas dévoyé. Que cela ressemble à quelque chose, que ça ait un sens. Que cela ne se passe pas pour rien dans des conditions absurdes et inutilement. Et tout le monde a besoin de ça."

Didier Bezace était également le cofondateur du Théâtre de l’Aquarium et l'ex-directeur du théâtre La Commune d’Aubervilliers. Il avait joué dans une trentaine de films.

Pour aller plus loin

Regarder le sujet dans son intégralité. Le cercle de minuit du 8 septembre 1992. Sur le plateau sont interviewés, Bertrand Tavernier (réalisateur) et Didier Bezace (acteur principal du film), en présence de Catherine Breillat qui intervient sur le même thème qu'elle a traité par ailleurs (pour Police de Maurice Pialat et Sale comme un ange).

Florence Dartois


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