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1990 : une institutrice explique que «elles» + «il» = «ils»

1990 : une institutrice explique que «elles» + «il» = «ils»

Lors de son discours inaugural de la Cité internationale de la langue française, lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts (Aisne), Emmanuel Macron a dénoncé l'écriture inclusive, appelant à ne pas céder à « ne pas céder aux airs du temps ». Dans nos archives, nous avons retrouvé une tentative d'explication de la prédominance du masculin sur le féminin en grammaire. Une règle qui semblait déstabiliser les écoliers de cette classe de CE2.

 

Par Florence Dartois - Publié le 24.02.2021 - Mis à jour le 31.10.2023
 

L'ACTU.

Lors de son discours inaugural de la Cité internationale de la langue française, lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts (Aisne), Emmanuel Macron a dénoncé l'écriture inclusive, qui permet de rendre le féminin plus visible dans notre langue. La langue française « forge la nation » a affirmé le chef de l’État lors de son discours, ajoutant, « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n'a pas besoin d'y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible », a déclaré le président de la République.

Cette position rejoint celle de l'ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer qui avait déclaré en novembre 2021 que « l’écriture inclusive n’[était] pas l’avenir de la langue française » en réaction à la décision du Robert d'ajouter à la version en ligne de son dictionnaire le pronom non genré « iel ». « Iel », contraction d’« il » et d’ « elle », est un « pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. L’usage du pronom iel dans la communication inclusive », pouvait-on lire sur le site du dictionnaire.

L'écriture inclusive critiquée au sommet de l’État pour son illisibilité et sa complexité, a d'abord été imaginée pour abolir la prédominance du masculin sur le féminin appliquée dans la grammaire française, notamment dans le genre neutre comme l'a rappelé le président lors de son allocution. Une règle grammaticale pas si simple à expliquer, comme le montre cet échange entre une institutrice avec sa classe de CE2 en 1990.

L'ARCHIVE.

Pour illustrer sa démonstration, elle collait au tableau une balance. Sur l'un des plateaux, elle positionnait l'image de dix petites filles. Sur le second plateau, elle positionnait la représentation d'un seul petit garçon et interrogeait : « Normalement, si je travaille avec des pommes, des poires, des légumes, sur le plateau, est-ce que ça changerait quelque chose ? Non ça ne change pas ». Les filles en majorité pèsent plus lourd. » Les enfants acquiesçaient.

Mais la maîtresse d'école faisait descendre le plateau où se trouvait le garçon. Désormais, c'est lui seul qui pesait plus lourd, au grand étonnement des écoliers. Elle expliquait son geste incongru : « en français, en grammaire plus exactement, les petites filles qui font elles" et un petit garçon qui fait "il " et bien : "elles" + "il"= "ils". Si bien que le masculin l'emporte sur le féminin". Ça prouve bien notre démonstration : le 1 est plus grand que le 10 » !

Accablées par cette conclusion, les fillettes de la classe s’insurgeaient et poussant un grand « NON ! » alors que les petits garçons semblaient gênés et déstabilisés.

L'utilisation de l'écriture inclusive a été officiellement rejetée dès 2017 lorsque Édouard Philippe, alors Premier ministre avait déclaré dans une circulaire, « inviter » ses ministres « à ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive ». Bientôt suivi par Jean-Michel Blanquer, qui s’était déclaré contre son utilisation dans les manuels scolaires. Sans oublier la déclaration de l’Académie française évoquant un « péril mortel »pour la langue française. Un débat qui reprend donc à l'occasion du discours d'Emmanuel Macron de Villers-Cotterêts.

Regarder l'archive en intégralité

12/14 : Cerise pomme pêche et chocolat : l'égalité des femmes. Reportage réalisé par Patrick Villechaize au groupe primaire Saint-Exupéry de Belfort dans une classe de CE2 le 13 janvier 1990.

En novembre 2017, 314 professeurs de français signaient une pétition et annonçaient ne plus enseigner cette vieille règle grammaticale du XVIIIe siècle : « Nous n'enseignerons plus que le masculin l'emporte sur le féminin ». Ils prônaient l'accord de proximité.

Féminisation de la langue française
2017 - 03:03 - vidéo

Cette règle grammaticale d'accorder sur le masculin date du XVIIIe siècle, auparavant ce n'était pas le cas. Un texte de Racine écrit en 1691, accordait l'adjectif au dernier mot féminin, « ces trois jours et ces trois nuits entières ». Un exemple que Slate.fr entendait bien imiter, rédacteur en chef Christophe Caron déclarant : « Ma fille était assez contente qu'on fasse en sorte que le masculin ne l'emporte pas systématiquement sur le féminin. »

Pour les créateurs de contenus

Les équipes de mediaclip, une offre de l'INA pour les pros, ont sélectionné cette archive de Paul Robert qui évoque l'origine du dictionnaire Robert.

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