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1982, Romy Schneider : «Où est la morale ? Où est le tact ?»

1982, Romy Schneider : «Où est la morale ? Où est le tact ?»

La Cinémathèque consacre du 16 mars au 31 juillet une rétrospective à Romy Schneider, actrice mythique qui a marqué le cinéma européen des années 1960 et 1970. L'occasion de republier cet article présentant une interview de l'actrice, en avril 1982. Moins de deux mois avant son décès à l'âge de 43 ans, l'actrice franco-allemande faisait la promotion de son dernier film après avoir vécu une terrible tragédie.

 

Par Jérémie Gapin - Publié le 23.09.2019 - Mis à jour le 15.03.2022
 

Le 14 avril 1982, sortait le film La passante du Sans-Souci, avec Romy Schneider dans le rôle titre. L'actrice, multi-récompensée au cours de sa carrière, vient de perdre quelques mois plus tôt son fils David dans un tragique accident. Très marquée par cet événement, c'est dans ce climat particulier qu'elle doit faire la promotion de son dernier film, réalisé par Jacques Rouffio.

Interviewé par Michel Drucker dans l'émission Champs-Elysées, l'actrice franco-allemande, d'origine autrichienne, revenait d'abord sur l'origine du long-métrage : « Il y a deux ans, j'ai téléphoné à Jacques Rouffio en lui demandant si il avait lu le roman de Joseph Kessel. Puis je lui ai demandé qu'on le fasse ensemble. » Le film est adapté du roman éponyme de Joseph Kessel, paru en 1936.

« Il faut qu'on me laisse enfin tranquille »

Dans le film, Romy Schneider joue le rôle d'Elsa Wiener, femme d'un éditeur déporté par les nazis pendant la guerre. C'est alors qu'elle arrive en France pour recueillir le petit Max Baumstein, orphelin et victime également du nazisme. Certaines scènes ont été tournées à Berlin, une ville qui a laissé beaucoup de souvenirs à l'actrice malgré son histoire récente difficile [à l'époque, le mur de Berlin sépare encore la ville en deux, NDLR]: « Berlin représente une honte, pour tout le monde. C'est une honte que l'on traîne depuis 30 ans. Imaginez Paris ou tout autre ville coupée en deux. Berlin, c'est aussi une ville qui est pleine de souvenirs pour moi. »

Au moment de son interview en 1982, Romy Schneider a déjà vécu plusieurs moments difficiles. Le tournage du film s'est avéré très compliqué et l'actrice vient surtout de perdre quelques mois plus tôt son fils David qu'elle a eu avec l'acteur allemand Harry Meyen. Alors quand Michel Drucker lui demande si elle a déjà songé à arrêter son métier, elle répond avec colère : « Oui, j'y ai pensé mais je ne le ferai pas. J'aime mon métier et il m'aide. [...] J'aimerais plus me préoccuper de ma vie personnelle et tourner moins de films qu'avant. Mais pour réussir ma vie privée, il faut qu'on me laisse enfin tranquille. » Avant de conclure : « Si vous savez ce que certains photographes sont capables de faire. De se déguiser en infirmiers pour photographier un enfant mort... [...] Où est la morale ? Où est le tact ? »

L'actrice est décédée moins de deux mois après cette interview. La passante du Sans-Souci constitue donc le dernier film de Romy Schneider.

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