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1974, sur le tournage de La Gifle de Claude Pinoteau

1974, sur le tournage de La Gifle de Claude Pinoteau

France 3 diffuse à 13h50 ce jeudi la comédie de Claude de Pinoteau avec Lino Ventura et Isabelle Adjani. Partons à la rencontre de l'équipe et des acteurs sur un tournage plein de bonne humeur malgré les gifles...


Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.06.2020 - Mis à jour le 11.06.2020
 

Le 2 octobre 1974, le magazine télévisé Pour le cinéma, consacrait un long reportage au tournage du dernier film de Claude Pinoteau intitulé La Gigle. Entre plusieurs scènes, le cinéaste en compagnie de ses acteurs, Lino Ventura, Isabelle Adjani et Annie Girardot évoquaient le synopsis et leurs personnages respectifs.

D'entrée de jeu, Claude Pinoteau précise tout de suite : " Il y a pas mal de gifles, plus d'une, il y en a beaucoup de gifles…"

Le reporter demande ensuite à Lino Ventura, l'ancien catcheur, "une gifle de Lino Ventura ça doit faire mal ? "Je crois oui", répond l'intéressé amusé.

Isabelle Adjani, qui joue sa fille dans le film, précise hilare, "on m'a bien prévenue que Lino Ventura est un ancien catcheur et que s'il me filait sa main dans la figure, je ne me relevais plus..."

Lino Ventura jouant la provocation déclare, "Vous savez une fessée n'a jamais fait mourir personne !"

Pour le réalisateur, cette gifle "c'est plus un symbole, en vérité, que le simple geste d'une gifle."

Un tournage avec Annie Girardot. Lino Ventura, Isabelle Adjani, Jacques Spiesser, Francis Perrin…  en pleine rue, on s'affaire à retrouver le casting dispersé… "Jacques ! Martin ! Francis Perrin plaisante "Jacques, mon frère, ma sœur …"

"... une histoire d'amour entre le père et la fille..."

Lino Ventura évoque maintenant son personnage, "le thème, c'est un homme qui vit un tournant de sa vie. Disons qu'il a quelques complications sentimentales. Il vit également seul avec sa fille, qui a 19 ans et il est évident qu'un père, lorsqu'il vit seul avec une jeune fille de 19 ans, cela représente pas mal de petits problèmes".

Le cinéaste y voit "une histoire d'amour entre le père et la fille, entre la fille et le père. Surtout une histoire d'amour aussi entre la fille et des garçons. Elle le dit dans le film : "ce que je veux? C'est pas un homme, c'est un garçon", par rapport à son père. Et c'est l'équinoxe de printemps chez Isabelle. C'est le moment où elle doit choisir. C'est l'époque du choix. Choisir le garçon qui va devenir son amant, qui va lui faire découvrir la vie. Choisir sa voie professionnelle. Choisir aussi le moment où elle va réclamer son indépendance. L'exiger. Ce que j'appelle l'équinoxe de printemps. Quant à Lino Ventura, c'est son équinoxe d'été. C'est septembre pour lui. Je veux dire qu'il a déjà parcouru un long chemin. Et il a des difficultés professionnelles, des difficultés avec sa fille précisément. Et des difficultés dans sa vie privée. C'est aussi la tempête de son équinoxe à lui".

La jeune fille rejoint sa mère qui vit en Angleterre, cette mère c'est Annie Girardot. Elle décrit à son tour son propre personnage, "disons que je suis séparée de mon mari et je n'ai pas divorcé, depuis dix ans comme ça. Et puis, je suis privée de ma fille aussi pendant quelques temps. Et ce sont des choses qui m'amusent aussi. Surtout ce qui m'amuse, c'est que c'est un personnage un peu farfelu".

"j'ai jamais compris ce que c'était que le mot génération..."

Claude Pinoteau explique le message qu'il veut faire passer dans son long métrage, "je veux que ce soit un film miroir, que les jeunes s'y reconnaissent, que les adultes s'y reconnaissent et qu'on montre aux adultes les coulisses de la jeunesse pour qu'ils la comprennent mieux et qu'on montre aux jeunes les coulisses de la vieillesse. Si on peut appeler ça comme ça. Pour ceux qui n'apparaissent pas, je crois que l'une des réussites du film, ce sera ça".

Ce que confirme Isabelle Adjani qui perçoit avant tout un souffle vivifiant, "Claude Pinoteau dit toujours Ce sont des gens intelligents. N'oublions pas que ce sont des gens intelligents, donc des gens plein d'humour et sans arrêt, à chaque fois qu'il peut y avoir une forme de dramatisation dans leur rapport. Il y a un renversement vers l'humour et les scènes filent vers l'humour et se terminent toujours en demi-teintes comme ça".

La jeune actrice aborde le thème du conflit de générations évoqué dans le film, "j'ai jamais compris ce que c'était que le mot génération. Quand on dit la nouvelle génération, l'ancienne génération, je suis toujours un peu terrorisée. J'ai l'impression qu'on parle de la race aryenne et de la race. Je comprends jamais." 

Pas facile de jouer avec Lino Ventura quand on débute au cinéma, "les premiers jours, j'avoue que j'étais un peu coincéeIntérieurement, j'étais un petit peu nouée, parce que, c'est quelqu'un d'assez taciturne et qui observe les choses et les gens qui ne vous tendra pas la main au départ. Il vous la tend après. Mais il vous tend les deux même les bras si vous voulez. Mais au départ, c'est à vous de vous débrouiller tout seul".

"Et ils ont, à mon avis, plus de qualités, plus d'opportunités que je n'en avais"."

Annie Girardot pose un regard complice et admiratif sur la relève, "ce que je vois, justement, je côtoie des jeunes comme Spiesser ou Perrin et la petite. Et quand je les vois, je me dis quand même, quand j'avais leur âge, à 18 ans, ils doivent avoir 26 ou 27 ans, donc moi à 18 ans, j'étais encore dans les choux, donc je ne peux pas établir un parallèle. Mais enfin, avec les deux garçons, je me dis voyons quand j'avais leur âge au fond. Qu'est-ce que je faisais? Je n'avais pas les occasions. Et puis les occasions qu'ils ont maintenant, seulement, ça c'est grâce à eux. Parce que finalement, c'est eux qui ont raison. Et ils ont, à mon avis, plus de qualités, plus d'opportunités que je n'en avais".

Le journaliste interroge ensuite Isabelle Adjani sur ses rapports avec Annie Girardot, "elle, vous appelle carrément la petite. Alors ça c'est passé de la même façon?"

La comédienne répond que "non, pas du tout. C'est à dire avec elle, ce n'était pas pareil. Il y a eu tout de suite des rapports très simples. Je ne me suis pas dit : Ah! Quelle comédienne gentille! Ah, c'est vrai, Annie Girardot, c'est une femme très simple. C'est les gens qui ont raison, pas tout. Je me suis dit, c'est la comédienne qui ne joue pas la star. Alors qu'elle est une star, qu'elle considérée comme une star. Pas du tout. Il y a eu des rapports de femmes à moi, c'est tout. Et puis, pas une seconde je me suis dit que les gens considèrent toujours : " On s'attendait pas à ça, ce que c'est agréable de rencontrer quelqu'un d'aussi simple encore." Qu'est-ce ce que ça veut dire? Non, pas du tout. On s'est bien entendues sans se demander pourquoi on s'entendait bien. Sans constater qu'on s'entendait bien."

Girardot/Ventura, un duo qui s'était déjà rencontré. "Ce sont sans doute les hasards de cinéma. Cela fait quinze ans que vous n'aviez pas joué avec Lino Ventura?" Annie Girardot confirme et lui aussi,"depuis plus de quinze ans, depuis "Le bateau d'Emile", c'est vous dire. C'est bien, c'est très différent quoi", réplique-t-il avec un sourire touchant.

L'actrice relativise leur prétendue expérience, "on a sûrement dû un peu vieillir, mais bon, je ne vois pas. Non, je crois, on n'apprend pas. On n'apprend rien. On est comme on est. Et puis, c'est tout. Et puis on évolue, mais on n'apprend pas plus"

"La petite Isabelle Adjani la voici vedette à 19 ans !"

Le reportage se termine sur le succès foudroyant d'Isabelle Adjani, l'étoile montante du cinéma français : "La petite Isabelle Adjani la voici vedette à 19 ans, après Faustine au cinéma, elle a déjà été à la Comédie-Française, Agnès, de l'Ecole des femmes et Ondine de Giraudoux."

Le reporter l'interroge sur ce succès rapide : "une chance aussi grande, aussi tôt, crée quand même des responsabilités ?"

"Oh oui, oui, il y a quelqu'un que j'adore qui s'appelle Denise Gence et qui me dit toujours écoute, je sais que ça arrive trop tôt, tout ça. Mais c'est comme si tu étais grande. Et voilà, en fonction de ça, j'ai ça d'assumer les responsabilités qui m'incombent. C'est pas toujours marrant, c'est pas toujours drôle parce qu'on est obligé d'aller de l'avant. Obligé d'anticiper sur les réactions des autres, à la fois professionnellement. Et puis, dans les rapports amicaux dans les rapports de comédiens à comédiens. C'est toujours assez difficile parce que moi, j'aime bien être prise en charge et des fois il faut vraiment se prendre en charge soi-même".

Florence Dartois


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