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1970, les dangers de l'agent orange au Vietnam déjà dénoncés

1970, les dangers de l'agent orange au Vietnam déjà dénoncés

Ce lundi ont commencé au tribunal de grande instance d'Evry les plaidoiries dans le procès intenté à 26 multinationales par la Vietnamienne Tran To Nga pour leur responsabilité dans la fabrication de l'agent orange, utilisé pendant la guerre du Vietnam et responsable de maladies.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 25.01.2021 - Mis à jour le 26.01.2021
Guerre chimique au Vietnam - 1970 - 03:46 - vidéo
 
Ce lundi ont commencé au tribunal de grande instance d'Evry les plaidoiries dans le procès intenté à 26 multinationales par la Vietnamienne Tran To Nga pour leur responsabilité dans la fabrication de « l'agent orange », un défoliant utilisé pendant la guerre du Vietnam et responsable de maladies et de malformations.

Tran To Nga, une Franco-vietnamienne de 78 ans, se bat depuis des années contre les multinationales, au premier rang desquelles Dow Chemincal et Monsanto, responsables selon elle des malformations et des nombreuses maladies qui affectent de nombreux Vietnamiens depuis l'intervention américaine au Vietnam (1961-1975). Elle-même souffre d'un cancer et sa vie a été ponctuée de nombreuses maladies graves, notamment aux poumons. 

« L'agent orange » est le nom nommé à un défoliant déversé par l'armée américaine sur le Vietnam entre 1961 et 1971. Son nom provient de la ligne orange peinte sur les barils contenant le produit. Pendant ces dix années d'épandage massif sur les couverts forestiers (avec pour justification pour l'armée américaine de détruire les abris dans la forêt de leurs ennemis), 83 millions de litres ont été déversés. 

L'utilisation de « l'agent orange » et d'autres types de produits chimiques ont eu un fort retentissement mondial à travers la planète, du fait notamment de la forte implication de scientifiques pour en dénoncer les effets sur les hommes et sur la nature. Ainsi en décembre 1970, un reportage de l'ORTF donnait la parole à plusieurs spécialistes qui tiraient la sonnette d'alarme. 

Le reportage commençait par une présentation factuelle des défoliants utilisés : 

« Bleu, blanc, orange. Les Américains désignent avec ces trois couleurs les trois types de défoliants chimiques utilisés au Vietnam pour détruire la végétation. En terminologie militaire, il s'agit d'armes de harcèlement. Leur usage répond à un double objectif, détruire le couvert végétal pouvant servir d'abris, et affamer l'adversaire en détruisant ses récoltes, en stérilisant les sols. Ces produits dérivés du chlore sont analogues aux herbicides vendus dans le commerce. Depuis 1961 les Américains en ont déversé 50 000 tonnes au Sud-Vietnam. Les Américains utilisent une deuxième gamme de produits chimiques, les gaz lacrymogènes CS-1 et 2, classés parmi les armes incapacitantes. On les utilise à des fins dites humanitaires, puisqu'elles permettent théoriquement de débusquer l'ennemi sans le tuer. »

Le reportage donne ensuite à quelques uns des 70 savants venus de douze pays, y compris les Etats-Unis et le Vietnam, qui viennent de se réunir à Paris pour débattre de la question et attirer sur la nocivité de ces produits. 

« Les effets sur les animaux, la végétation, la culture vivrière fait que dans certaines régions il y a une famine et les premiers à en souffrir sont les enfants. Par conséquent ce qui se passe au Sud n'est pas acceptable. »

C'est d'abord l'état préoccupant de la faune et de la flore qui retient l'attention des scientifiques : « De 30 à 40 % des forêts du Vietnam ont été détruites avec leurs faunes, à l'exception des tigres. Les savants rapportent que les tigres se sont multipliés et ont appris à associer le bruit du canon avec la présence de chair fraîche. »

Puis vient la question, « encore plus grave », de la responsabilité de ces produits sur la santé humaine, et notamment des femmes enceintes. « L'agent orange » et le autres produits sont suspectés d'avoir des conséquences analogues à celles de la thalidomide (un médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes) et de donner naissance à des « êtres monstrueux ou mal formés. »

Pour les scientifiques, la nocivité prouvée de ces produits chez les animaux laisse à penser qu'ils sont également dangereux pour l'humain : « Une expérimentation a été faite sur un certain nombre d'animaux, et ces expérimentations montrent qu'à des doses relativement faibles, les produits en question peuvent produire des malformations énormes des animaux dans 100% des cas. Il a même été calculé qu'une femme vietnamienne absorbant dans une citerne où le produit est resté longtemps, finirait par en absorber une dose qui correspondrait à ces doses qui sont tellement nocives pour les nouveaux nés d'animaux qui ont reçu le produit pendant leur gestation. »

Les scientifiques tirent donc la sonnette d'alarme pour mettre fin à ces armes qui constituent à leurs yeux une véritable « perversion de la science et de ses applications ». 


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