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1963, Jacques Brel contre la "sagesse" de la génération "yéyé"

1963, Jacques Brel contre la "sagesse" de la génération "yéyé"

Jacques Brel nous a quittés il y a 40 ans. Jacques Brel, chanteur, acteur, était aussi, à sa manière, un penseur. En 1963, alors âgé de 34 ans, il évoquait la nouvelle génération yéyé, et déplorait son conformisme, appelant à plus de révolte.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 09.10.2018 - Mis à jour le 16.07.2021
 
On a beaucoup écrit sur Jacques Brel. Les femmes qu’il a aimées avec passion, sans jamais quitter vraiment son épouse. Son culte de l’amitié « virile », celle des sorties entre hommes dans un bistrot, à refaire le monde en buvant jusqu’à plus soif. Son aisance à se raconter dans les médias, faisant de lui un excellent « client » de la télévision avant l’heure. Dans ses interviews, justement, il livrait avec sa fougue habituelle toute sorte d’aphorismes et de jugements sur des sujets aussi variés que le show-biz, les livres, la musique, les femmes, le sens de la vie...

En 1963, Jacques Brel est au firmament de son art. Les années 1950 l’ont vu triompher à Paris. Ses plus belles chansons,  Ne me quitte pas, Quand on a que l’amour, Le Plat pays, et tant d’autres encore, écrites au cours des années 1950 et au début des années 1960, ont fait le tour du monde, suscitant à chacun de ses concerts les ovations du public.

« Le twist correspond à un besoin de violence, car les jeunes sont tellement sages »

En 1963, Jacques Brel est une star. Mais déjà une star d’un autre monde, celui de la chanson française, celui d’un univers encore plein de fortune, mais qui voit poindre les jeunes frimousses de la génération yéyé. Entre Jacques Brel, qui a 34 ans, et les nouvelles idoles des jeunes, les Johnny, Sylvie et Françoise, qui ont 20 ans à peine, c’est un fossé générationnel, une autre musique, et une autre conception de la vie.

Dans une interview donnée cette année-là, Jacques Brel évoque cette jeunesse qu’il trouve « trop sage », « matérialiste », « pas assez indignée ». Une attitude critiquable selon lui en ce que cette jeunesse n'est pas assez spontanée, pas assez irréfléchie. Tout le succès d’une nouvelle musique comme le twist, selon lui, vient de là, de cette incapacité des jeunes à se défouler dans la vie. Le rythme endiablé du twist remplace une certaine « violence » de l'existence. 

Car pour Jacques Brel, toute vie digne d’être vécue comporte sa part de violence, de transgression, de « Far West ». C’est ce qu’il explique dans une autre interview, donnée un an plus tard, en 1964, à la même Denise Glaser. Son idéal d’homme, c’est celui nourri de rêves que « des hommes un peu plus fous, un peu plus forts que les autres, arrivent à réaliser ». Mais dans cette société que Jacques Brel observe, dans ces valeurs qu’il voit émerger, « l’homme ne peut plus être un homme », puisqu'il est « complètement ligoté de toute parts ». 

En réaction à cette léthargie d'une jeunesse qui ne vit pas sa révolte légitime, en réaction à « ces jeunes qui doivent être bien élevés, bien policés », Jacques Brel comprend ceux qui en appellent à « ruer dans les brancards ».

Le « Far West » est idéal qu'il exprimera dans la réalisation d'un film au titre éponyme, en 1973. Quelques années avant, un certain mai 68 avait finalement réalisé plus que toute chanson ou discours la révolte d'une jeunesse face au matérialisme et à la sagesse d'une époque...


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