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1962, la guerre sino-indienne à l'origine du conflit actuel

1962, la guerre sino-indienne à l'origine du conflit actuel

Après les graves incidents à la frontière sino-indienne, dans la région du Ladakh, et l'échec de la diplomatie, la Chine et l'Inde augmentent leur présence militaire à la frontière contestée dans l’Himalaya. Un conflit de frontière débuté en 1962 entre les deux géants asiatiques, couvert à l'époque par un reportage de «Cinq Colonnes à la Une».

Par Cyrille Beyer - Publié le 18.06.2020 - Mis à jour le 10.07.2020
Face à MAO : les fils de GANDHI - 1962 - 13:42 - vidéo
 

Lundi 15 juin 2020 au soir, un très grave incident s’est produit à la frontière sino-indienne, dans la région du Ladakh, au nord-est de l’Inde : vingt soldats indiens sont morts selon New Dehli, le bilan côté chinois n’a pas été déclaré par Pékin. Selon l’armée indienne, « aucun coup de feu n’a été tiré », les hommes des deux camps se sont livrés à des combats à mains nues, à la pierre et à l’aide de barres de fer. Ce sont les premières victimes depuis 1975 d’un long conflit entre les deux géants asiatiques autour du contrôle de zones montagneuses de leur frontière qui remonte à la guerre de 1962, remportée par la Chine. Pour bien comprendre l’origine du problème, il convient d’envisager la problématique de la vaste région historique qui englobe le Ladakh : le Cachemire.

1947, le Royaume-Uni accorde l’indépendance aux Indes britanniques, donnant naissance à deux Etats, l’Inde, à majorité hindoue, et le Pakistan, à majorité musulmane. Aux confins nord des deux nouveaux pays, dans les montagnes himalayennes, se trouve un territoire convoité : l’état princier du Jammu-et-Cachemire. De 1947 à 1999, trois guerres et d’innombrables accrochages opposent Pakistan et Inde pour le contrôle de ce vaste territoire, dont le nord-ouest est annexé de fait depuis le conflit de 1947 par le Pakistan, la majorité du territoire restant indienne.

Mais un troisième pays, la Chine, entre alors en jeu sur le versant est du Cachemire, dans la région du Ladakh. En 1962, la République populaire de Chine, dirigée d'une main de fer par Mao Zedong, vient d’annexer onze ans plus tôt, en 1951, le Tibet, qui jouxte le Ladakh. Les tensions se font de plus en plus vives entre les deux géants asiatiques à deux endroits de leur longue frontière de plus de 3000 kilomètres : l’Aksai Chin, un territoire du Ladakh indien qui s’avance en territoire chinois, à la jonction des régions chinoises du Xinjiang et du Tibet ; et la région de l’Arunachal Pradesh, plus de 1000 kilomètres plus à l’est, dans le nord-est de l’Inde.

La frontière se militarise des deux côtés. La Chine décide de prendre les devants et lance 80 000 de ses hommes à l’attaque, le 20 octobre 1962, en Aksai Chin et en Arunachal Pradesh. L’armée indienne, forte d’à peine 10 000 hommes sur le front, et dont l’équipement et l’organisation remontent à la Seconde Guerre mondiale, se retrouve très vite submergée par l’Armée populaire de Chine (APL).

Le 21 novembre, ayant atteint ses objectifs stratégiques sur les deux fronts, la Chine décrète unilatéralement un cessez-le-feu. Elle conserve – jusqu’à présent – la région de l’Aksai Chin, depuis revendiquée par l’Inde, et lui rend l’Arunachal Pradesh, qu’elle continue à revendiquer.

« Ce qui est sûr c'est que nous ne pouvons pas nous soumettre. Nous devons donc nous préparer à une guerre de longue durée »

Jawaharlal Nehru, Premier ministre de l'Inde (1947-1964)

Pour témoigner de ce conflit, le magazine d'actualités «5 Colonnes à la Une» propose à ses téléspectateurs le 7 décembre 1962 un long reportage de 13 minutes sur cette guerre disputée dans les hauteurs de l’Himalaya. Un reportage qui tient compte du seul point de vue indien. Après un rappel de la situation militaire, le sujet cherche à comprendre les raisons de l’écrasante défaite militaire indienne et semble déplorer « l’humiliation » que subit le pays de Gandhi.

Interrogé, le Premier ministre Nehru affirme alors : « Il est évident que devant le grave danger qui nous menace, nous devons recevoir une aide de l'étranger, mais les pays qui nous donnent des armes reconnaissent notre politique de non-alignement, même l'Union soviétique qui nous aide comme les autres. Je pense que le non-alignement est une bonne politique pour nous et pour le monde entier car si nous sommes engagés dans une guerre, je ne veux pas qu'elle dégénère en un conflit mondial. » Il conclue en pariant sur l'enlisement du conflit : « Je ne peux dire combien durera cette guerre mais il faut que le peuple se prépare à une longue épreuve [...]. Ce qui est sûr, c'est que nous ne pouvons pas nous soumettre. Nous devons donc nous préparer à une guerre de longue durée. »

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