Dans une interview au magazine "Elle" publiée le 1er juillet, Emmanuel Macron évoque le crop top, une t-shirt plébiscité par les adolescentes qui dévoile le nombril. Pour lui, pas question de le porter dans les établissements scolaires : "A l’école, je suis plutôt "tenue décente exigée”, aussi bien pour les filles que pour les garçons." En septembre dernier, deux ministres de son gouvernement avaient soutenu les lycéennes et défendaient leur droit à s’habiller comme elles le souhaitent, Marlène Schiappa et Elisabeth Moreno, qui avaient d'ailleurs rapidement été recadrées par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. Nous ne sommes pas loin des débats qui enflammaient les cours des lycées dans les année 60. A l'époque, les jupes courtes, pour les filles et le blue-jean, pour les garçons, suscitaient l’opprobre des professeurs.
"Les proviseurs ont eu peur de l'influence du blue-jean "
En 1960, ce qui opposait les adultes et les lycéens, c'était donc leurs tenues. Le 17 décembre 1960, le magazine "L'avenir est à vous" consacrait justement ce débat. A l'époque, on faisait surtout la chasse à la mini-jupe, ce qui faisait bien rire cette lycéenne : "L'année dernière, j'avais une directrice qui nous faisait monter sur l'estrade et avec une règle mesurait minutieusement la longueur de notre jupe au-dessous du genou...". Autre point noir des établissements, les jeans, ce jeune garçon avait son explication sur cette interdiction du pantalon en vogue chez les jeunes : "Les proviseurs ont eu peur de l'influence du blue-jean dans les films de la nouvelle vague, donc ça a été interdit... Ils aiment tout ce qui est très classique..."
Classique, voilà qui ne déplaisait pas au ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer qui, lors d'un déplacement le lundi 14 septembre 2020, prônait "une position d’équilibre et de bon sens" et conseillait le port d'une tenue "républicaine" : "Il suffit de s’habiller normalement et tout ira bien". En septembre 2020, un mouvement féministe avait émergé sur les réseaux sociaux avec les mots-dièses #lundi14septembre et #liberationdu14, appelant les lycéennes à défier la "tenue correct exigée" dans certains établissements et à s’habiller comme elles le souhaitaient afin dénoncer les règlements intérieurs jugés sexistes. Années 60 - années 2020, même combat...
Florence Dartois
Pour aller plus loin :
Dans la même émission, le directeur d'un établissement dressait le panorama des interdictions vestimentaires ou plutôt de la "promotion" des vêtements adéquats : "Interdire, c'est beaucoup dire... Nous avons demandé aux élèves de venir en tenue fonctionnelle...". Mais selon la lycéenne, les interdictions prenaient des allures d'inventaire à la Prévert : "Sont interdits, les cheveux dans le dos, les cheveux décolorés, le maquillage, les lunettes fumées, le sac à main, les pantalons, les collants de couleur, les talons hauts..."
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