Produit par l’INA, « Garçons sensibles » de Sébastien Lifshitz est une œuvre poétique et politique, pleine d'émotion. C'est aussi le regard d’un auteur sur les archives de l’Institut. Le réalisateur d’Adolescentes et de Petite Fille s’est plongé dans les images pour proposer une histoire de la représentation des homosexuels dans le discours médiatique. Sans commentaire et exclusivement composé d’archives montées chronologiquement, le film présenté dans le cadre de l’exposition Masculinités aux dernières Rencontres de la photographie d’Arles, ne laisse pas insensible.
Jusqu’à la fin des années 60, l’homosexualité a été absente de toute représentation et même de toute évocation à la télévision française. On parle d’hommes « distingués » dans les spectacles de music-hall. L’homosexuel y est caricaturé. On le moque dans les cabarets comme une bête de foire et de perversion. De grandes icônes du spectacle comme le couple Jean Cocteau / Jean Marais ou Charles Trenet font cependant exception dans des apparitions très normalisées soulignant au passage le rôle de la culture dans le mouvement d’émancipation et le changement des mœurs.
Emission médicale, l'homosexualité, 1973
Emission médicale, l'homosexualité, 1973
Au fur et à mesure, le film se fait plus sociétal. L’homosexualité arrive dans les médias et les magazines d’informations. A partir de la fin des années 60, la société se transforme à deux vitesses. Tandis que les homosexuels s’émancipent et se livrent à l’antenne sans tabou, une part la société demeure réactionnaire. On s’interroge sur la mode, la religion, sur tout ce qui peut faire identité, sur la question de l’existence de la marge dans la norme. Puis vient le temps du politique avec l’élection d’Harvey Milk à la mairie de San Francisco et l’élection de François Mitterrand en 1981 qui dépénalise définitivement l'homosexualité. Au fil des années, le regard de la télévision sur l’homosexualité et le discours changent, c'est ce que montre "Garçons sensibles".
« Garçons sensibles » de Sébastien Lifshitz à voir au Festival Chéries chéris, mercredi 24 novembre au MK2 Beaubourg à Paris à 20h20.
Une production INA
Avec le soutien des Rencontres d’Arles et de Sézane
Produit et diffusé dans le cadre l’exposition « Masculinités » des Rencontres d’Arles 2021