Bien connue des apprentis cinéastes, l’école de cinéma Kourtrajmé portée par les cinéastes Toumani Sangaré et Ladj Ly, le réalisateur des Misérables, a ouvert le 19 janvier 2022 un nouvel établissement à Dakar au Sénégal. Financé par l’Agence française de développement (AFD) qui soutient la dynamique de l’audiovisuel et du cinéma au Sénégal, le projet vise à contribuer au développement des infrastructures techniques, de formation, au renforcement des capacités et à la professionnalisation des acteurs.
Ainsi, l’école Kourtrajmé Dakar propose deux premiers cursus de formation en « Scénario » et « Réalisation », deux formations aux métiers de l’audiovisuel et du cinéma entièrement gratuites et ouvertes sans condition de diplôme. Au total, l’école doit accueillir environ 40 élèves par an (soit 20 élèves par promotion).
Fort de son expertise en formation et de son expérience avec la classe alpha (la classe d’orientation et de pré-qualification aux métiers de l’audiovisuel et des médias numériques, destinée aux 17 – 25 ans, sans condition de diplôme, crée en 2019), l’INA accompagne le projet pour un partenariat de 3 ans.
Dans un premier temps, l’INA va apporter son conseil en ingénierie pédagogique pour la création et la mise en place des formations et leur certification ainsi que la formation de formateurs sénégalais afin de pérenniser la transmission des savoirs.
Une première mission de formation INA a suivi les formateurs à distance et accompagné le lancement de la première promotion 2022 en Ecriture. Une autre mission se rendra à Dakar en mai pour la promotion Réalisation. Un suivi à distance est prévu sur les 3 années pour les formateurs.
Trois questions à Jean-Claude Mocik, ingénieur pédagogique à l’INA, en charge d’accompagner l’école Kourtrajmé Dakar
Quel est votre rôle dans ce projet ?
Mon rôle a d’abord été de comprendre leurs attentes et leurs besoins en matière de pédagogie pour bâtir un projet avec l’équipe de Dakar car les publics de l’école Kourtrajmé sont tout à fait spécifiques et particuliers. Il faut noter que la promotion « Scénario » est paritaire. Il y a autant de femmes que d’hommes. C’est très intéressant car c’est extrêmement rare.
Dans quels domaines accompagnez-vous l'école ?
J’apporte de la méthodologie, de la pédagogie sur l’accueil, sur le suivi des étudiants et je porte un regard de co-construction sur leur scénario pédagogique qui couvre les 21 semaines de formation. Par exemple, je leur ai proposé de partir du corpus des étudiants, de ce qui nourrissait les étudiants pour les amener à des mécanismes dramaturgiques, plutôt que d’imposer des briques d’apprentissage. L’objectif est que le groupe progresse et qu'il soit de qualité. Nous nous appuyons pour cela sur le potentiel et les fragilités des participants. Lorsque l’on forme des scénaristes c’est une question récurrente : est-ce que l’on cultive l’audace, l’originalité ou bien est-ce que l’on apprend les gestes nécessaires pour intégrer des structures conventionnelles ? Pour finir, nous avons évoqué ensemble les principes d’évaluation et de validations des acquis
Comment se passe l'ouverture ?
Je n’ai malheureusement pas pu me déplacer en raison de l’épidémie de Covid 19, ce qui est particulièrement contraignant car je n’ai pas rencontré les étudiants. Par conséquent, nous avons réalisés 8 séances de travail à distance. Je me rendrai sur place dans quelques semaines pour suivre le projet et poursuivre cette formation avec l’équipe « Réalisation ».