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«Il y a une maturité des séries françaises»

«Il y a une maturité des séries françaises»

Constance Jamet est la journaliste spécialiste des séries au «Figaro». Elle fait le point sur le secteur à l'occasion de Séries Mania 2023.

Propos recueillis par Julien Boudisseau - Publié le 23.03.2023

Audrey Fleurot dans «HPI». Crédits : ITINÉRAIRE PRODUCTION / SEPTEMBRE PRODUCTION / TF1.

INA - Quels sont les ingrédients d'une bonne série ?
Constance Jamet - Outre le bon scénario et la bonne mise en scène, je pense qu'il faut une narration basée sur les personnages et l'émotion, sans que l'ensemble soit formaté. Par exemple : «HPI» est un succès car le ton est très neuf pour une comédie policière et le personnage incarné par Audrey Fleurot, Morgane Alvaro, est unique en son genre. Il faut donc qu'un projet ait une âme, un ancrage, de la sincérité, ou alors que le projet vienne personnellement des auteurs.

On a de bons auteurs de séries en France ?
Oui, de plus en plus, et je trouve que la jeune génération est bonne. Par exemple, le réalisateur du «Bureau des légendes», Eric Rochant, a encouragé une jeune génération à faire leur propre série. Ainsi, une scénariste de la série, Camille de Castelnau, s'est inspirée de sa propre histoire avec sa nièce pour écrire pour Disney + «Tout va bien».

Comme se porte la série française ?
Un important rattrapage a été fait et qui est de très bonne qualité. Maintenant à Séries Mania, il y a une série ou deux, qui sont françaises et qui sont en compétition officielle. Ce n'était pas le cas dans les premières éditions. Il y a une maturité des séries françaises, qui est sans doute accélérée par l'émergence des plateformes. Cela a créé un appel d'air, qui a permis à de jeunes auteurs de faire des projets. Le rôle de Canal +, Arte et OCS est également clé dans cette bonne séquence.

Depuis quand est-ce ainsi ?
Pour moi, le retour en force de la série française, c'est la période entre «Engrenage », «Un village français» et «Les revenants».

Est-ce que la série a remplacé le téléfilm ?
Oui. À la fin des années 80 et au début des années 90, c'était l'apogée du téléfilm. Et désormais, la série a repris le dessus, même s'il existe encore une production de téléfilms. Mais la série est un objet pratique pour les diffuseurs, ça prend une case entière sur plusieurs semaines. Par exemple, la série «Les experts» a longtemps remplacé le film du dimanche soir sur TF1. Une série, c'est pratique, c'est 3 à 4 semaines de diffusion, et c'est facile à exporter. «HPI» par exemple a été racheté pour en faire un remake par les Américains.

Arrive-t-on à une saturation de l'offre ?
Il y a beaucoup de plateformes et on ne peut pas s'abonner à tout. Il y a beaucoup de séries qui sont annulées après deux ou trois saisons, ce qui fait que les téléspectateurs sont un peu découragés, car ils attendent à ce que les séries soient conclues. Des séries étaient construites sur une arche de plusieurs saisons, et elles s'arrêtent brutalement. Une des raisons à cela, c'est aussi l'explosion de la mini série qui avec 8 épisodes sont bouclées. La mini série, c'est parfait, c'est un engagement limité dans le temps, avec la possibilité de recruter des acteurs de cinéma, qui viennent pour 4-5 mois et après ils repartent au cinéma.

Avec quel œil regardez-vous une série ?
Au début, je suis avec un œil journalistique, et puis quand je trouve cela extra, j'oublie l'œil de journaliste et là, c'est le graal.

Est-ce que vous passez les génériques ?
Non, j'aime bien les génériques, surtout quand c'est de la belle musique.

Quelle est votre série préférée, et pourquoi ?
C'est impossible de répondre. Mais «X-Files» était mon premier coup de cœur. C'est la première fois que j'étais complètement accroc. Je passais mon temps sur les forums pour savoir ce qui allait se passer. J'adore cette série, il n'y a pas plus romantique et tordu à la fois.