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Comment vont se dérouler les enregistrements sur la mémoire du 13 novembre 2015

Comment vont se dérouler les enregistrements sur la mémoire du 13 novembre 2015

Alors que le procès des attentats de Paris et Saint-Denis a débuté, l’INA accueille pendant trois mois les équipes du CNRS pour les entretiens du Programme 13-Novembre. Des centaines de volontaires vont témoigner.

Par Julien Boudisseau - Publié le 07.09.2021

Un studio d'enregistrement des entretiens du Programme 13-Novembre. Crédits : INA / JUSTINE BABUT

Le Programme 13-Novembre est une étude scientifique menée avec le concours du CNRS et de l’INSERM pour recueillir, enregistrer et sauvegarder la mémoire des survivants des attentats du 13 novembre 2015, ainsi que celle des policiers, militaires, pompiers ou médecins qui sont intervenus. Les habitants des quartiers visés et des personnes à la périphérie de Paris et de trois villes de France éloignées témoignent également. Sous l’égide de l’historien et directeur de recherche au CNRS Denis Peschanski et du chercheur neuropsychologue Francis Eustache, l’idée est d’interroger 1000 personnes à quatre reprises sur 10 ans. L’objectif : que ces volontaires, victimes des attentats ou non, racontent leur 13 novembre 2015.

Deux premières périodes d’entretiens sur les quatre prévues ont déjà eu lieu, en 2016 et 2018. La troisième débute le 13 septembre, à l’INA. En effet, l’Institut est le partenaire audiovisuel de ce programme, avec l’ECPAD, l'établissement audiovisuel qui dépend du ministère de la Défense. Ce dernier s’occupe principalement des entretiens en province ou des moyens mobiles. “Nous étions déjà en lien avec l’INA sur un autre projet lié à la mémoire, donc quand nous avons sollicité son PDG Laurent Vallet, on a tout de suite obtenu le feu vert”, explique Denis Peschanski. La mission de l’INA est d’assurer la captation des entretiens (des centaines à chaque phase), leur nettoyage et formatage puis de les déposer et de les conserver sur les serveurs. Ces données, et notamment leur retranscription en texte, peuvent être accessibles aux chercheurs dans le strict respect des règles de confidentialité. “La force du projet n’est pas banale, c’est un projet moteur, c’est un travail d’organisation et de logistique.” explique Anne Louis, chargée de production à l’INA.

Un des trois plateaux de tournage. Crédits : INA / JUSTINE BABUT
Un des trois plateaux de tournage. Crédits : INA / JUSTINE BABUT

Trois plateaux de tournage ont en effet été aménagés dans les locaux de l’INA à Bry-sur-Marne, ainsi que trois bureaux pour accueillir les chercheurs. Un système de navette a été mis en place entre Paris et Bry pour accompagner les volontaires. Une salle de maquillage a également été installée. “Lors de la phase 1 en 2016, on partait de rien, on ne savait même pas si les volontaires, souvent des victimes des attentats, allaient venir. Et on s’est rendu compte quand ils étaient là que les maquilleuses apportaient par exemple un côté humain très important, au-delà de l’aspect technique”, poursuit Anne Louis.

Chaque témoin est accueilli par un membre de l’équipe logistique puis conduit dans la salle d’attente et au maquillage. Il s’installe ensuite sur le plateau sur un simple chaise. Face à lui se trouve le chercheur, un cadreur et un preneur de son sont également présents. L’entretien peut débuter. La première question est toujours la même : “Pouvez-vous me raconter votre 13 novembre 2015 ?”. Le temps est libre, la parole aussi.

Ces captations à l’INA se déroulent simultanément sur 3 plateaux de tournage, sur une période de 13 semaines à raison de 6 jours ouvrés par semaine et par studio, soit un équivalent de 225 journées de tournage. “C’est une expérience humaine forte”, conclut Anne Louis.