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Germaine Tillion ; la perte de sa mère

Germaine Tillion ; la perte de sa mère

L'histoire en direct - 04.04.1988 - 03:26 - audio

Germaine TILLION, ancienne déportée à Ravensbrück : évoque (avec beaucoup de difficultés) les conditions de la mort de sa mère et comment était effectué le "tri" et l'enlèvement des femmes destinée s au gazage : - Journaliste : Vous avez perdu votre mère à quel moment ? - Germaine Tillion : Exactement le 2 mars 45. Il se trouve que j?étais à ce moment-là très malade et je ne tenais pas debout. Ce qui fait que lorsqu?on a su qu?il allait y avoir un appel spécial dans le camp, tout un groupe de prisonnières de plusieurs nationalités a essayé en particulier de me sauver. Alors, j?ai donc été cachée par un groupe de Tchèques qui m?ont cachée ??? (32?51). Et, c?est à la fin de cette journée-là quand la nuit est tombée que deux de mes camarades sont arrivées et ouvert la fenêtre, et ont dit à la fenêtre que ma mère avait été enlevée pendant l?appel de ce jour-là. Alors, à ce moment-là? j?ai pensé, nous pensions qu?elle avait été emmenée à ce petit camp qui était un camp d?extermination à côté de Ravensbrück, qui s?appelait le Juden Lager ou bien on l?appelait aussi? je ne peux plus trouver mes mots, excusez-moi? Et alors, à ce moment-là nous ne savions pas encore que la chambre à gaz fonctionnait. C?est dans les trois jours qui ont suivi que nous l?avons su. Les femmes qu?on enlevait à Ravensbrück, on faisait des sélections à Ravensbrück depuis le début de janvier et les femmes qui étaient prises, soit parce qu?elles avaient l?air âgé, soit parce qu?elles avaient l?air malade, soit pour n?importe quelle raison ou n?importe quelle fantaisie des SS, étaient enlevées et emmenées dans ce petit camp qui était à dix minutes de marche de Ravensbrück. Dans les blocks de malades, les femmes étaient enlevées, arrachées de leur lit et jetées dans les camions. Voyez-vous, regardez, voici le camp de Ravensbrück, voici le mur, voici la porte et ici où étaient les blocks de malades. Ils prenaient les malades dans les blocks qui étaient là, les jetaient dans des camions, le camion sortait par cette porte, tournait ici comme ça et arrivait à l?emplacement des fours crématoires ici. On pouvait suivre à l?oreille le tracé du camion. on voyait les femmes partir, nous ne les avons pas vues gazées bien entendu, mais en quelque sorte nous les avons entendues.

Producteur / co-producteur Radio France
Générique Réalisateur : Christine Bernard Sugy Producteur : Patrice Gélinet Présentateur : Patrice Gélinet Participant : Germaine Tillion
Descripteur(s) 1939-1945, camp de concentration, déportation, guerre mondiale

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