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Philippe Charlier, l'Indiana Jones des cimetières

Philippe Charlier, l'Indiana Jones des cimetières

France 5 diffuse ce jeudi deux documentaires consacrés aux recherches de Philippe Charlier. Au programme ce jeudi : Marat, Robespierre et Descartes... Légiste et anthropologue, il applique les méthodes de la police scientifique pour enquêter sur les morts illustres du passé. 


Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.03.2018 - Mis à jour le 17.02.2021
 
France 5 diffuse ce jeudi deux documentaires consacrés aux recherches de Philippe Charlier. Au programme ce jeudi : Marat, Robespierre et Descartes... Légiste et anthropologue, il applique les méthodes de la police scientifique pour enquêter sur les morts illustres du passé. Suivons-le dans ses enquêtes.

D'Agnès Sorel, en passant par Jeanne D'arc, Henri IV ou Robespierre, aucun monarque ou personnage historique célèbre ne peut lui dissimuler ses secrets... Découvrons quelques enquêtes menées par ce légiste pas comme les autres. Son aire de jeu favorite… les catacombes ! Un parfait terrain d'enquête pour comprendre la vie des Parisiens depuis 500 ans. En extase devant un empilement de "nonosses", c'est avec une certaine gloutonnerie que Philippe Charlier nous fait visiter les lieux.

"Des gros, des petits, des déformés, des stables… C'est comme si on était dans le métro à l'heure de pointe !"…

Une excitation toute scientifique est perceptible dans sa voix : "Ce crâne-là est vraiment intéressant. On a des signes de lèpre au niveau du nez et du maxillaire, avec l'os au niveau des dents qui est en train de se résorber et des dents qui sont en partie tombées… C'est toujours intéressant de confirmer ces diagnostics-là avec des analyses complémentaires".

Suivons celui qu'on surnomme "le médecin des morts" dans quelques-unes de ses enquêtes scientifiques les plus fracassantes…

Agnès Sorel empoisonnée?

En 2004, Philippe Charlier déterre un "cold case" vieux de cinq siècles ! Celui d'Agnès Sorel, la maîtresse d'Henri VII au XVe siècle. Après avoir donné trois enfants au roi, elle serait morte brusquement d'un mal de ventre inexplicable. Il s'agit de découvrir si elle a été empoisonnée. L'exhumation des restes d'Agnès Sorel est réalisée à Loches pour déterminer les causes de sa mort. Un os "spongieux" contenant de l'ADN est prélevé avec précaution.

Avril 2005. Les résultats tant attendus tombent enfin. A partir du crâne, de dents et de cheveux, le fin limier a mis en lumière l'origine de la mort précoce de la concubine royale. La favorite du roi a péri d'une intoxication massive au mercure. Après six mois d'analyses, Philippe Charlier confirme la thèse de l'empoisonnement. Le mercure était administré à l'époque pour soigner certains maux intestinaux. Accident ou meurtre ? Le mystère reste entier. Mais le scientifique n'en reste pas là… il redonne un visage à la plus belle femme de son époque… "Avec l'ensemble de ces éléments, on va reconstituer le visage d'Agnès Sorel. Pas seulement la peau, comme on le fait couramment en médecine légale. Mais également tous les téguments : poils, cheveux, implantation des sourcils… Grâce au microscope, on va également déterminer la couleur précise de sa peau et peut-être même la couleur de ses yeux, si on a la chance qu'ils soient suffisamment bien conservés."

Conformément à ses dernières volontés de 1450, la belle est enterrée officiellement à la collégiale Saint-Ours-de-Loche.

Les os d'une pucelle célèbre ?

L'année suivante, en 2006, le médecin et anthropologue se lance dans une nouvelle aventure, celle d'analyser génétiquement les restes présumés de la bergère de Domrémy, brûlée vive en 1431 à Rouen... la célèbre Jeanne d'Arc. Ces fragments étaient conservés depuis 1875 au musée de Chinon dans un bocal. Alors que la légende raconte que les cendres de Jeanne auraient été dispersées dans la Seine. L'équipe part du postulat qu'un admirateur aurait conservé des reliques dans ce bocal. Bluff ou scoop ? Les avis sont partagés… Ainsi Jean Cluzel, de l'Académie des Sciences Morales et Politiques, déclare non sans une pointe d'ironie : "Il y a des supercheries qui vont de siècle en siècle sans s'éteindre…"

Avril 2007. Six mois de recherches, 18 scientifiques et l'utilisation de techniques de pointe, comme celle du carbone 14 seront nécessaires pour percer le mystère Jeanne D'arc et la conclusion de leurs analyses sont plutôt déconcertantes...

En septembre 2007, Philippe Gougler rencontre Philippe Charlier dans son laboratoire pour étudier avec lui la façon dont il fait parler les ossements.

Quand Henri IV n'en fait qu'à sa tête…

Plus fort que les experts Miami… En 2010, grâce aux techniques nouvelles d'analyse, une vingtaine de scientifiques, dont Philippe Charlier, authentifient la tête d'Henri IV, plus quatre siècles après son assassinat par Ravaillac. Elle était conservée depuis 1955 dans le pavillon d'un retraité normand ! Elle avait disparue pendant la Révolution, au moment de la destruction des tombeaux des rois à la basilique de Saint Denis... … "Superposition crânienne, portrait-robot, scanner facial font finir par faire parler les restes du roi." En février 2013. La science parle grâce à l'ADN et le visage du "bon roi" est reconstitué en 3D.

En 2013, le généticien Jean-Jacques Cassiman, professeur à l'université de Louvain en Belgique, présente de nouvelles expertises, après avoir analysé l'ADN de trois descendants actuels du roi de France et conteste les résultats présentés en 2010 par Philippe Charlier.

Les momies de Randazzo en Sicile

Le médecin légiste de l'histoire "fait parler les morts" dans une exposition organisée à Esquelbecq sur des momies, celles de Randazzo en Sicile. Par leur étude, "on comprend la cause de leur mort, comment leurs momies étaient préparées et conservées et surtout ça met en évidence que des momies il n'y en a pas qu'en Egypte ou au Pérou, il y en avait partout et notamment en Europe." Il décrit ensuite les méthodes d'embaumement, toutes les informations recueillies sur l'état de santé de la population sicilienne au 17/18e siècle. Il évoque ensuite son métier de médecin légiste et l'emploi d'une même méthodologie sur des corps actuels ou des restes archéologiques.

Le cœur de Richard Cœur de Lion

Après la tête d'Henri IV, en 2013, c'est au tour de du cœur de Richard Cœur de Lion de passer sous les instruments des scientifiques. Embaumé il y a plus de 800 ans, il dévoile à son tour ses secrets. D'abord, il a été conservé dans de la myrrhe, de la menthe, du mercure et surtout de l'encens… une vraie surprise pour notre fin limier de Garches :"Il date du 12e siècle et l'usage de l'encens est quelque chose d'exceptionnel ... Avec l'encens, les embaumeurs ont voulu purifier le cœur du monarque".

L'autopsie virtuelle de Francisco Pizarro

En 2015, Marianne Théoleyre reçoit Philippe Charlier qui a réalisé une autopsie virtuelle du corps de Francisco Pizarro et déterminé la cause de la mort de ce conquistador qui a vaincu l'empereur inca Atahualpa.

Pour aller plus loin

Le musée du Quai Branly présente une exposition L'inca et le conquistador, qui retrace l'histoire au XVIème siècle de la rencontre de 2 mondes, à travers les portraits croisés de l'empereur Atahualpa et de l'espagnol Francisco Pizarro. (vidéo, 2015)

L'historien Philippe Charlier est l'invité d'Elise Lucet pour son livre Les secrets des grands crimes de l'Histoire paru chez la Librairie Vuibert. (vidéo, 30 mars 2012)

La reconstitution du visage de Robespierre. Grâce au masque moulé après sa décapitation en 1794 l'équipe de Philippe Froesch vient de reconstituer le visage de Robespierre et d'identifier les pathologies dont il souffrait avant sa décapitation. (Vidéo, 2013)

Florence Dartois


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