Aller au contenu principal
Le procès Papon

Le procès Papon

Le 2 avril 1998 , Maurice Papon est condamné à une peine de dix ans de réclusion criminelle, d'interdiction des droits civiques, civils et de famille pour complicité de crimes contre l'humanité par la cour d'assises. Son procès, médiatique et historique, avait débuté en 1997, après 17 ans de bataille judiciaire.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.04.2011 - Mis à jour le 29.03.2018
Portrait Maurice PAPON - 1999 - 02:26 - vidéo
 

Le 8 mars 1983, Maurice Papon est inculpé de crime contre l'humanité par le juge Jean-Claude Nicod. En 1998, il est condamné pour avoir organisé la déportation de Juifs bordelais pendant l’Occupation, en tant que secrétaire général de la préfecture de Gironde. Son procès, médiatique et historique, avait débuté en 1997, après 17 ans de bataille judiciaire.

Préfet, maire, député puis ministre. Maurice Papon a connu les plus grands honneurs de la République. Mais le 6 Mai 1981, la parution d’un article dans "Le Canard enchaîné" va mettre un terme à la carrière politique du haut fonctionnaire.

"Quand un ministre de Giscard faisait déporter des juifs". L’article, signé Nicolas Brimo, va faire l’objet d’une bombe entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1981. Alors ministre du budget de Valéry Giscard d’Estaing, Maurice Papon se voit accuser d’avoir joué un rôle dans la déportation de juifs bordelais entre 1942 et 1944.

Fils de notable, Maurice Papon est né en 1910 en Seine-et-Marne. A 32 ans, il est déjà secrétaire général de la préfecture de Gironde. En 1942, alors que se produit la rafle du Vel D’hiv en région parisienne, 171 personnes font partie du premier convoi depuis Bordeaux jusqu’au camp de Drancy. Maurice Papon dirige alors le "Service des questions juives" pour lequel il a délégation de signature. Pendant 40 ans, son crime restera impuni.

Lors de l’après-guerre, il occupera diverses fonctions : préfet de Corse, secrétaire général de la préfecture de police, secrétaire général du protectorat du Maroc.

En 1961, en pleine guerre d’Algérie, le FLN commet plusieurs attentats contre des policiers français. Maurice Papon, préfet de police de Paris, prévient alors : "Pour un coup porté, nous en porterons dix". Le 17 octobre au soir, entre 20 000 et 30 000 Algériens manifestent pacifiquement sur Paris. Mais les policiers, sous les ordres de Maurice Papon, répriment violemment. Plusieurs dizaines de civils trouveront la mort ce jour-là.

Malgré cet évènement tragique, le haut fonctionnaire reste fier de ses hommes lorsqu’il quitte son poste en 1968 : "J’ai pu constamment m’appuyer sur les hommes de cœur et de courage que vous êtes."

Gaulliste convaincu, il sera Ministre du Budget en 1981 lorsque l’affaire retentira.

En 1981, Maurice Papon est démasqué. "Le Canard enchaîné" publie deux documents signés de la main du ministre pendant la Seconde Guerre mondiale. Le premier ordonne la réunion de gendarmes afin d’escorter un convoi de juifs vers Drancy. Le second demande la confiscation des biens d’un immeuble où des juifs résident.

En 1983, quand un journaliste lui demande de confirmer la véracité des faits, l’intéressé nie en bloc : "C’est faux. Et ce n’était d’ailleurs pas dans mes fonctions que de signer les ordres d’acheminement des prisonniers vers Drancy. Je n’avais aucun pouvoir de police.»

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.