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1974, quand les Aubergines nous mettaient des prunes…

1974, quand les Aubergines nous mettaient des prunes…

Contractuelle. Un métier que l'on regretterait presque, maintenant que les "prunes" sont distribuées par des prestataires privés ou par des caméras de surveillance... Découvrons comment la police formait ses "Aubergines en 1974…


Par la rédaction de l'INA - Publié le 17.10.2018 - Mis à jour le 17.10.2018
la formation des contractuelles - 1974 - 06:53 - vidéo
 
Contractuelle. Un métier que l'on regretterait presque, maintenant que les "prunes" sont distribuées par des prestataires privés ou par des caméras de surveillance qui peuvent verbaliser à distance. Découvrons comment la police formait ses "Aubergines" en 1974…

Auxiliaire féminine de police, fliquette à parcmètres mais aussi Aubergines ou Pervenches… sous ces appellations parfois bucoliques, dues à couleur de leurs uniformes, se cache un métier désormais disparu, celui de contractuelle.

Derrière cette fonction, considérée dans les années 60, comme un travail pour les mères de famille se cachait en réalité, une activité policière essentielle et non dénuée de risques… Agressions physiques et verbales n'étaient pas rares, voire du harcèlement sexuel ! Une question abordée ici avec humour...

"Qu'est-ce que vous faites si un automobiliste vous fait la cour? A cette question, une demoiselle répond du tac au tac "Pendant le service, c'est interdit !".

Esprit d’équipe, grande disponibilité, bonne condition physique. Aimer être à l’extérieur de tout temps, et disposer d’une grande faculté d’adaptation face aux multiples situations rencontrées. Voilà les qualités essentielles et les compétences requises qu’il fallait pour devenir agent de surveillance de la voie publique.

Leur seule arme : du sang-froid, un simple carnet à souche et un stylo. Les "Aubergines" devaient rester imperturbables face au contrevenant. On avait beau les supplier, argumenter, ou encore les insulter ou les menacer. Rien n’y faisait. Elles verbalisaient.

Derrière ce calme… il y avait une formation. En effet, la police ne lâchait jamais les représentantes de la loi sur les trottoirs des rues encombrées de voitures, sans leur assurer une formation préalable.

Glissons-nous dans une salle de cours en 1974 et découvrons l'apprentissage du métier de contractuelle...

L'art de verbaliser...

Devant un auditoire de jeunes femmes concentrées, un policier décrit le B.a.-ba du job : la rédaction de la contravention : "Puisque vous aurez au cours de votre service d'en dresser de nombreuses". Il les met notamment en garde contre les "entourloupettes des usagers", et les incitent à toujours noter consciencieusement l'heure administrative de la verbalisation.

"Mais qu'est-ce qui vous a attiré dans cette voie demande le journaliste ? L'idée d'exercer une puissance ?"

Une élève répond qu'elle aime "travailler dans le public et au grand air". Une autre, que les horaires lui permettent de concilier vie professionnelle et vie familiale.

Quand à cette autre jeune femme, au visage empreint de douceur, elle affirme avec le sourire, qu'elle ne sera pas sévère et ne battra pas "le record des papillons." Le journaliste irone "Dieu vous entende !"

Dompter l'horodateur...

Vient ensuite la présentation de l'horodateur. Le policier leur signale qu'elles doivent octroyer un laps de 10 minutes, après la fin du temps réglementaire, pour dresser la contravention. A l'époque, 4 francs (0,61 euros) suffisent à payer deux heures de stationnement.

L'officier les sensibilise ensuite au fait que ces machines sont néanmoins sujettes à des déprédations régulières (chewing-gums collés, trombones coincés).

Au service du citoyen

"Je serai injuriée en pensant que je rends quand même service à quelqu'un".

Les futures représentantes de la loi débattent également autour du thème de la non-acceptation de la contravention par l'automobiliste en tort. Un vrai problème métaphysique : "Je ne comprends pas pourquoi les personnes qui commettent une infraction ne veulent pas accepter qu'on établisse une contravention?".

Une autre élève explique stoïque que leur travail est d'intérêt général, ce qui est mal compris : "On reçoit les injures, on reçoit tout, mais pour moi, la base de la contravention c'est rendre service à quelqu'un d'autre… On n'a pas à accepter si on est accepté ou pas. On est là pour rendre un service… Je resterai calme!"

En 1977, les "Aubergines" devenaient des "Pervenches" grâce à leur nouvel uniforme bleu ciel. La télé allait même leur consacrer une série TV intitulée Marie Pervenche, où Danièle Evenou incarnait une gentille Pervenche qui voulait aider son prochain. Grâce à la petite lucarne les contractuelles entraient ainsi dans l'inconscient collectif des Français. Les sociétés privées et les caméras embarquées à bord de voitures nous feront-elles regretter "la belle époque" où des fleurs bleues sillonnaient l'asphalte pour le bien de la collectivité ? L'avenir le dira.


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